Paris: «Coup dur», «Courageux», «Titanic»… Les réactions à l’annonce de Julliard pleuvent
POLITIQUE•Bruno Julliard a annoncé sa décision à Mme Hidalgo lundi matin, déclinant sa proposition de devenir son directeur de campagne pour les municipales de 2020...R.L.
L'essentiel
- Je n’y crois plus. Je ne veux pas faire semblant », affirme-t-il dans une interview au Monde.
- Depuis, les réactions à l’annonce de l’ex-premier adjoint pleuvent. 20 Minutes fait le point.
Bruno Julliard, 37 ans, a démissionné. Il a annoncé sa décision à Anne Hidalgo ce lundi matin, déclinant sa proposition de devenir son directeur de campagne pour les municipales de 2020. « Je n’y crois plus. Je ne veux pas faire semblant », affirme-t-il dans une interview au Monde, où il attaque le bilan de la maire.
Cette dernière a pris « acte » de la « décision personnelle » de celui qui avait été son porte-parole en 2014, nommant à sa place Emmanuel Grégoire, déjà en charge du Budget. Christophe Girard, adjoint en charge des Ressources humaines, hérite de son côté de la Culture. Depuis, les réactions à l’annonce de l’ex-premier adjoint pleuvent. 20 Minutes fait le point.
Dans la majorité
Groupe écolo de Paris : « C’est un coup dur pour cette majorité », reconnaît David Belliard auprès de BFM Paris. « Ce n’est pas une surprise mais c’est un coup dur pour cette majorité et la maire de Paris », a-t-il ajouté.
L’adjoint en charge de l’Urbanisme Jean-Louis Missika avance, lui, des raisons d’ordre psychologique, pour expliquer la « violence » des propos de Bruno Julliard. « Il y a une sorte de spleen chez Bruno, un désenchantement de la politique. Il a une quarantaine d’années et s’interroge sur ce qu’il va faire », croit-il savoir. « J’ai eu Philippe Grangeon [un proche de la maire de Paris et d’Emmanuel Macron] il a le même sentiment que moi : c’est quelqu’un qui s’en va et qui arrête. Il a eu besoin de le justifier », confie-t-il à l’AFP.
Pour Ian Brossat, adjoint (PCF) au Logement, a twetté « la démission de Bruno Julliard est la suite logique de désaccords politiques. Il était contre la gratuité du Pass Navigo pour nos aînés, contre la régulation d’Airbnb, pensait que nous consacrions trop d’argent au logement social. C’est son droit, mais c’était devenu incompatible ».
« La démission de Bruno Julliard est une opération politicienne qui sert d’abord la droite. La majorité à Paris est définitivement trop à gauche pour lui », a réagi Nicolas Bonnet-Ouladj, président du groupe communistes-Front de Gauche au Conseil de Paris. « C’est une opération politicienne car dans ses critiques on retrouve celle d’En Marche et de la droite. Pour preuve Bruno Julliard fait part de ses désaccords sur nos choix budgétaires ambitieux pour le développement des services publics ou encore il critique la gratuité des transports pour les séniors et la régulation d’Airbnb. C’est son droit mais c’était devenu incompatible ».
Dans l’opposition de gauche
« Fiasco, crise et mercato au château d’Hidalgo », titre Danielle Simonnet, conseillère de Paris (France insoumise) dans un communiqué. « Méthodes antidémocratiques vis à vis de l’administration parisienne et des citoyen-ne-s, Autolib', Vélib', forcing en faveur de la publicité numérique, attaques contre les aides aux colonies de vacances, ouverture d’un débat malsain sur la création d’une police municipale armée : la liste est longue des fiascos et coups de girouette d’Anne Hidalgo sur des dossiers cruciaux ! A tel point qu’au sein même de sa majorité, cela finit par craquer. Par ses explications publiques, Bruno Julliard dit tout haut ce qui s’exprime depuis des mois dans les couloirs. Avec Hidalgo aussi, le « En même temps » et l’autoritarisme atteignent leurs limites ! »
Chez les Marcheurs
Chez le groupe PPCI (Parisiens Progressistes, Constructifs et Indépendants) on évoque « Le Titanic ». Par sa démission, Bruno Julliard dénonce ce que le groupe PPCI exprime depuis des mois, à savoir « une gestion inefficace » et autoritaire de Mme Hidalgo et de son cabinet. Les exemples sont multiples pour étayer ce propos : le marché de Noël, la grande roue, Autolib’, Velib’… Autant de sujets qui concernent de près le quotidien des Parisiens et pour lesquels il n’y a jamais eu de débat. Mme Hidalgo perd chaque jour un peu plus la confiance des Parisiens et désormais celle de ses plus proches soutiens aussi. »
Du côté de la droite
« Un désaveu pour Anne Hidalgo », selon le groupe LRI (Les Républicains et Indépendants) : « En démissionnant brutalement de ses fonctions, Bruno Julliard rejoint ce que les Républicains et Indépendants dénoncent depuis 4 ans : une gouvernance solitaire, une incapacité à écouter les lanceurs d’alertes que nous sommes, mais aussi et surtout des décisions incohérentes, inefficaces et coûteuses pour les Parisiens »
« Sur à peu près tous les sujets, Bruno Julliard confirme de l’intérieur tout que nous dénoncions de l’extérieur sur les errements de l’Hôtel de Ville. Cela renforce la responsabilité de tous ceux qui veulent que ça change à Paris », a tweeté le conseiller de Paris LRI Jean-Baptiste de Froment.
Et pour Gaspard Gantzer…
« Il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, il est le premier à franchir le Rubicon, mais peut-être que d’autres suivront, car il y a un vrai problème de méthode politique et de gestion opérationnelle », a de son côté déclaré au Figaro, l’ancien conseiller communication de Bertrand Delanoë, Gaspard Gantzer, qui pourrait lui-même se lancer prochainement à l’assaut de la mairie.