VIDEO. Paris: Que va-t-il se passer après l'évacuation du camp de migrants du Millénaire?
SOCIETE•Alors que les forces de l’ordre ont évacué ce mercredi le plus gros campement de migrants de Paris, quelle va être la stratégie de la Ville et de l’Etat, ces prochains jours face à la crise migratoire ?…Romain Lescurieux
L'essentiel
- Après des semaines de bras de fer, la mairie de Paris et l’Etat ont procédé ce mercredi matin à l’évacuation des 1.500 migrants du campement du Millénaire (XIXe).
- Avenir des migrants, autres campements, demande d’un nouveau centre d’accueil, etc., 20 Minutes fait le point.
Le campement du Millénaire situé dans le XIXe arrondissement a été évacué ce mercredi matin. Mille cent dix-sept migrants – dont 64 vulnérables (femmes isolées, couples, familles, mineurs isolés) – se sont vus proposer une solution d’hébergement temporaire, annonce la préfecture de police de Paris. Menée conjointement par l’Etat et la mairie de Paris, cette opération était la 35e de ce type à Paris depuis 2015. Alors que de nouvelles évacuations sont à venir très prochainement dans la capitale sur deux autres « points de fixation », 20 Minutes fait le point sur les enjeux des prochains jours.
Que vont devenir les migrants du Millénaire ?
Mille cent dix-sept personnes issues du campement du Millénaire ont été mises à l’abri ce mercredi dans près de 24 structures d’accueil – principalement des gymnases – à Paris et en Ile-de-France. Dans ces hébergements temporaires, ils pourront rester plusieurs jours, le temps de se reposer, de voir un médecin et d’être pris en charge. Leur situation administrative sera également examinée, afin de savoir de quelle réglementation, de quel statut, ils relèvent. Car il y a parmi eux, aussi bien des primo-arrivants demandeurs d’asile, que des « dublinés ». A terme, les premiers pourront alors être orientés dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) ou un centre d’accueil et d’orientation (CAO) afin d’obtenir le statut de réfugiés. Pour les seconds en revanche, la situation est plus complexe.
Que vont donc devenir ces « dublinés » ?
Les « dublinés » sont les migrants qui, en vertu du règlement Dublin de l’Union européenne, doivent faire leur demande d’asile dans le premier pays européen où ils ont été contrôlés. Ce mercredi, ces personnes ont aussi été mises à l’abri. Il n’y a pas eu de « tri dans la rue », comme le souhaitait la mairie de Paris. Néanmoins, ils restent sous la menace d’un renvoi dans le pays où ils ont laissé leurs empreintes ou d’un retour dans les rues parisiennes.
Quid des deux autres campements parisiens ?
Les autorités ont annoncé ce mercredi l’évacuation imminente des deux autres gros campements installés à Paris : le long du canal Saint-Martin ou vivent quelque 800 migrants – surtout des Afghans – et Porte de la Chapelle qui concentre près 400 personnes. « Les autres campements seront évacués dès que possible et si possible la semaine prochaine », a assuré le préfet de la région Ile-de-France Michel Cadot, présent sur le Millénaire. Ces trois campements concentraient en tout près de 2.700 personnes.
Comment éviter de nouveaux campements dans la capitale ?
« Le rôle de la Ville de Paris sera essentiel, car si les campements se reconstituent, cette 35e opération n’aura servi à rien », avait prévenu Gérard Collomb, une semaine avant l’évacuation. Mais concrètement comment éviter la reconstitution de nouveaux campements ? « On ne va pas faire de Paris, une ville grillagée où même les Parisiens ne pourront plus se promener sur les avenues sous prétexte que des migrants pourraient s’y installer », répond Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris en charge notamment de l’accueil des réfugiés, qui prône davantage d’ouvertures de lieux d’accueil ou le retour de la « bulle » humanitaire.
Vers la création d’un nouveau centre de premier accueil ?
« Si un dispositif calibré de préaccueil n’existe pas sur l’ensemble du territoire ce type de phénomène va recommencer », a prévenu Pierre Henry directeur général de l’ONG France terre d'asile, présent sur place ce mercredi. En mars, le centre de premier accueil des migrants a fermé Porte de la Chapelle. Un second pourrait-il bientôt ouvrir à Paris ? C’est en tout cas le souhait de la maire de Paris. « C’est la seule option possible si l’on veut éviter les campements de rue. J’attends les réponses de l’Etat en ce sens, mais Paris a toujours pris sa part et plus que sa part dans cette crise migratoire », a déclaré la maire de Paris, Anne Hidalgo. Selon Dominique Versini, « l’Etat a le droit de ne pas vouloir ce dispositif d’un centre humanitaire mais par contre l’Etat a le devoir de mettre en place un dispositif assez solide pour accueillir tous ceux qui arrivent au jour le jour, et voir leur situation examinée et éviter ainsi les campements de rue ».