Paris: Manif de poussettes, piétons, cyclistes... Ils défendent la piétonnisation des voies sur berge et se font entendre
CIRCULATION•Le 21 février, le tribunal administratif a annulé la piétonnisation des voies sur berge à Paris. Une décision qui a réjoui les automobilistes mais qu’eux regrettent. Samedi, des milliers de personnes vont se mobiliser pour garder les voies sur berge piétonnes…Floréal Hernandez
L'essentiel
- Depuis 2016, 3,3 km de la voie Georges-Pompidou sur la rive droite de la Seine ont été fermés à la circulation des véhicules motorisés.
- Une décision prise par la maire de Paris, Anne Hidalgo, mais qui vient d’être annulée par le tribunal administratif.
- Une pétition a recueilli en moins d’une semaine plus de 27.000 signatures favorables à la piétonnisation des voies sur berge.
- Une manifestation est organisée samedi pour conserver les voies sur berge piétonnes.
La piétonnisation des voies sur berges à Paris a beaucoup fait réagir les automobilistes. Les politiques se sont aussi emparés du sujet. La décision du tribunal administratif, le 21 février, d’annuler la piétonnisation des 3,3 km de la voie Georges-Pompidou a encore relancé le débat. Droite dans ses bottes, Anne Hidalgo, la maire de Paris, a annoncé lundi dans Libération son intention de prendre un arrêté «permanent» pour maintenir piétonnes les voies sur berge « dès cette semaine ».
L’édile a reçu le soutien de la ministre des Transports, Elisabeth Borne : « Le sens de l’histoire, c’est de réduire la place de la voiture. Remettre des voitures sur les voies sur berge, personne ne comprendrait. » Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux – également annoncé comme potentiel candidat LREM aux municipales à Paris –, acquiesce mais tacle sur RMC la « méthode retenue » par Anne Hidalgo : « Quand vous arrêtez la circulation sur un axe important au cœur de Paris, vous devez le faire en bonne intelligence. »
La présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a, elle, proposé sur France Inter un « scénario progressif qui transformerait cette autoroute urbaine en une rue avec une seule voie à 30 [km/h] et pendant deux ou trois ans de transition vers des véhicules plus propres ».
« Manifestation de poussettes, apnée générale »
Au milieu de tous ces avis politiques, émergent ceux de citoyens favorables à la piétonnisation des voies sur berge. Des voix rarement entendues, « c’est ce qui nous a décidés à nous mobiliser », explique Franck-Olivier Torro, co-président de Respire, association nationale pour la prévention et l'amélioration de la qualité de l'air.
Une pétition a été publiée sur change.org et a recueilli en une semaine 27.000 signatures. « La pétition de 2016 avait mis trois mois pour obtenir 25.000 soutiens », donne en comparaison Franck-Olivier Torro. Surpris à moitié par cette « forte mobilisation » sur Internet, ce dernier espère qu’elle se poursuivra samedi lors de la manifestation organisée pour défendre le parc des Rives de Seine, à 15 heures sur les quais. « On espère 3.000 à 5.000 personnes mais on aimerait 10.000. » Ce dernier chiffre devrait être douché par les prévisions de pluie. La mobilisation se veut festive avec « une manifestation de poussettes, une apnée géante, une fanfare, la présence de skateurs, de rollers, d’associations cyclistes, piétons… ».
L’asso Respire se réjouit des décisions d’Anne Hidalgo « de limiter la place de la voiture en ville, c’est le sens de l’histoire ». Dans L'Obs, l’économiste Frédéric Héran rappelait que « c’est la droite qui a osé rompre la première avec le tout-voiture ». Une rupture amorcée par Chirac à la fin des années 1970 avec « l’installation de potelets sur les trottoirs de la capitale » pour lutter contre le stationnement illégal puis poursuivie par Tibéri avec le premier plan vélo et « la construction de 180 kilomètres de pistes cyclables sur les grandes artères, et la multiplication des zones limitées à 30 km/h ».
Face au problème de la pollution et notamment au report d’une partie de celle-ci sur l’est de Paris (Pantin, Bagnolet…) depuis la piétonnisation des voies sur berge, Franck-Olivier Torro « encourage les maires des autres villes à prendre des arrêtés pour limiter la pollution. On ne veut pas de cette opposition bobos parisiens contre pauvres banlieusards. » Reste maintenant à définir une politique de déplacements en Ile-de-France. Franck-Olivier Torro en avance notamment une : « le développement des mobilités douces est un moyen de désengorger les transports en commun ». Et ce développement des mobilités douces passe notamment par des artères réservées à celles-ci comme les voies sur berge piétonnisées.