«Paris est une fête»: L'équipe du film gagne son pari du financement participatif
cinéma•Les jeunes porteurs de ce film dont la réalisation bouscule les codes du cinéma français ont réussi à lever 91.000 euros en ligne...Julie Bossart
«Vous êtes extraordinaires. » Ce jeudi, sur les réseaux sociaux, l’équipe du film Paris est une fête jubilait. La campagne de crowdfunding lancée il y a deux mois à peine pour finir ce long-métrage d’Elisabeth Vogler a en effet explosé les compteurs.
« Au début, on espérait récolter 10.000 euros, se souvient Paul Saïsset, membre multicasquette du projet bousculant les codes du cinéma français. Aujourd’hui [ce jeudi], elle atteint 91.000 euros. Jamais on n’aurait imaginé tout ça. »
« Croire en l’avenir alors que la peur nous détermine »
« Tout ça », c’est d’abord l’idée un peu folle d’Elisabeth, Noémie, Paul, Olivier… une bande de potes vingtenaires qui a décidé de « tourner un film sur notre époque, de parler de notre génération, sans attendre la permission de personne, relate l’actrice Noémie Schmidt dans une vidéo postée sur Facebook vue à ce jour par plus 3,2 millions de personnes. Il y a trois ans, on a senti une tension qui s’emparait de Paris. On ne voulait pas attendre pour filmer, on voulait le faire dans l’urgence de ce qu’il se passait. Comme les gens étaient dans la rue, on s’est mis dans la foule avec une question en tête : "Est-ce qu’on peut encore croire en l’avenir alors que la peur nous détermine ?" »
Le scénario, lui, retrace « l’histoire d’une jeune femme, Ana, qui, prise dans le vertige d’une mort évitée de peu, s’éloigne de la réalité et du présent. Son couple se désagrège et Paris devient le miroir de sa tristesse. »
« Le réel a balayé la fiction »
« Tout ça », c’est aussi le pari, pour une équipe n’ayant aucun sou en poche (enfin, 4.000 euros), de chercher le plus petit dispositif possible pour se fondre dans la ville, en l’occurrence une caméra miniature. « Au lieu de reproduire la réalité, on a essayé de l’intégrer, poursuit la jeune actrice. Ça veut dire aussi qu’on a accepté de ne pas contrôler ce qu’il se passait autour de la caméra. Et on a cherché à être dans des endroits où il se passait des choses. Le réel a balayé la fiction. » En l’occurrence, la fête de la musique 2014, le 13-Novembre, les obsèques de Johnny…
« Tout ça », c’est enfin le tour de force d’avoir réussi à gagner le cœur des internautes, autant de spectateurs en puissance. « Jusqu’à présent, 2.360 personnes ont contribué à la cagnotte en ligne. Elles sont originaires pour la plupart d’Ile-de-France, mais il y en a aussi beaucoup qui vivent à l’étranger, en Côte d’Ivoire, en Colombie, au Québec… », énumère Paul Saïsset. Et, si l’on en croit les commentaires sur Facebook, toutes se réjouissent d’avoir participé à l’aventure. Surtout, toutes ont hâte de voir Paris est une fête sur les écrans.
Sur les écrans fin 2018 ?
« Actuellement, nous en sommes à la dernière version du montage, livre le jeune homme. Avec l’engouement rencontré sur les réseaux sociaux, on a d’autant plus de raisons de faire le meilleur film possible. » Prochaine étape, entamer la postproduction : « On veut une très belle image, mais aussi un très beau son. C’est important pour nous car, les conditions de tournage n’ont pas été faciles, comme lors de la fête de la musique où les sons fusaient de toutes parts. Il y a aussi le fait que le scénario n’est pas linéaire. On veut faire un film de sensations, qui permettent au spectateur de s’immerger dans l’histoire, de se laisser porter par elle. »
Ensuite, dans deux ou trois mois, l’équipe de Paris est une fête, rencontrera les différents distributeurs. Plusieurs se seraient déjà manifestés. Le film, lui, pourrait être « projeté sur grand écran d’ici à la fin de l’année », espère Paul Saïsset.