GRAND FROIDComment les migrants font face au froid glacial à Paris

Vague de froid: «J’ai les mains gelées»... Comment les migrants font face au froid glacial à Paris

GRAND FROIDCette semaine, la France est touchée par une nouvelle vague de froid, et les migrants qui vivent dans la rue sont très peu équipés pour affronter les températures...
Des centaines de migrants vivent dans des tentes au bord du canal Saint-Martin.
Des centaines de migrants vivent dans des tentes au bord du canal Saint-Martin. - Laurence Geai/SIPA
Emma Ferrand

Emma Ferrand

Les dents claquent, les doigts sont rouges et les lèvres gercées. Ce lundi matin, Paris s’est réveillé avec des températures négatives. Et, pour ceux qui vivent dans la rue, c’est un vrai cauchemar.

Depuis un an, une centaine de tentes occupées par des migrants se sont amassées au bord du canal Saint-Martin, à hauteur du quai de Valmy dans le 10e arrondissement de Paris, à proximité du centre d’accueil des demandeurs d’asile du boulevard de La Villette. Et en cette semaine particulièrement froide, ils scrutent le moindre rayon de soleil qui pourrait les réchauffer un minimum. « On vient nous donner des habits parfois, mais ces derniers jours nous n’avons rien reçu. J’ai les mains gelées, je souffle dessus mais ça ne change rien », explique Safi, 21 ans, qui dit venir d’Afghanistan. « Je suis malade, je vais chercher de l’aide pour pouvoir avoir des médicaments et essayer de me soigner », ajoute-t-il.

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Boissons chaudes, vêtements et sac de couchage

Certains ne dorment plus et sont épuisés par les efforts qu’effectue leur corps. Les associations leur viennent en aide en effectuant des maraudes. Des boissons chaudes et repas sont proposés, mais également (et autant que possible) des « vêtements qui permettent de se protéger du froid, des kits d’hygiène et des sacs de couchage », affirme Emmaüs. Mais si les dons sont nombreux, ils ne sont pas tous utiles, comme le constate Anne-Marie Bredin, bénévole au collectif Solidarité Migrants Wilson, à la porte de la Chapelle (18e arrondissement) : « Les gens font le vide dans leurs armoires et donnent des chaussures d’été, qui ne tiennent pas chaud. Les migrants manquent de bonnets et de gants, et les vêtements pour homme ne sont pas assez nombreux. Mais le point positif, c’est qu’ils ont presque tous un manteau. »

Chaque jour, des centaines de passants croisent le chemin de ces réfugiés, et nombreux sont ceux qui ne les voient plus. « Je ne sais pas si des associations viennent les aider », confie le serveur d’un bar à proximité. « Je ne connais pas de voisin qui leur apporte quoi que ce soit, il n’y a pas de solidarité entre les habitants », admet une riveraine. Le barman du café du coin, La Pointe Lafayette, dit accepter régulièrement ces personnes de la rue en « leur offrant un café gratuit ou en leur permettant l’accès aux toilettes. »

Plus de 2 000 places ouvertes depuis le retour du plan « grand froid »

Depuis mercredi dernier, le plan « grand froid » a fait son retour en Ile-de-France. La préfecture de la région a ouvert 2 458 nouvelles places dans les centres d’hébergement, dont 1 693 sont disponibles à Paris intra-muros, totalisant un nombre de 6 408 places en Ile-de-France. Mais par quel moyen ces migrants sont-ils au courant de ces nouveaux hébergements ? « Il y a des maraudes organisées par le Samu social et les associations, et elles sont plus nombreuses pendant les vagues de grand froid. Les personnes qui ont besoin d’être logées doivent appeler le 115 et elles seront dirigées vers un centre pouvant les accueillir », indique la préfecture d’Ile-de-France. À condition d’avoir un téléphone, du crédit et de la batterie, ou de croiser le chemin d’une âme charitable.

Pour la municipalité, le « plan hivernal n’est pas destiné à un public en particulier », que l’on soit français ou demandeur d’asile. « La situation des campements n’est pas acceptable, c’est pourquoi nous accueillons également des réfugiés. J’ai vu arriver des hommes épuisés par le choc climatique. L’enjeu pour nous est de ne pas les laisser à la rue », explique Bruno Morel, directeur général d’ Emmaüs Solidarité. L’association a lancé une collecte de vêtements dans les mairies des 1er, 3e, 9e, 10e, 12e, 18 et 19e arrondissements de la capitale.