REPORTAGEComment les maraudes sociales de la RATP prennent en charge les sans-abri

Vague de froid: Comment les maraudes sociales de la RATP prennent en charge les sans-abri du métro

REPORTAGEDepuis 1994, des employés de la RATP effectuent des maraudes sociales. Les sans-abri sont dirigés dans des centres comme l’accueil de jour de la porte de Charenton…
Mélanie Costa

Mélanie Costa

L'essentiel

  • Cinq équipes se relaient chaque jour pour effectuer des maraudes sur l’ensemble du réseau.
  • L’accueil de jour de la porte de Charenton accueille 40 personnes de 7 h à 23 h. Les sans-abri ont la possibilité de prendre une douche, de manger et de faire des activités.

Il est 10 h ce lundi quand l’équipe de Houria se lance dans le dernier tour de la station du métro Nation. Habillés d’une veste beige qui permet de les identifier, les trois agents de la RATP ont commencé leur maraude vers 4 h 45.

« Il faut qu’on vérifie si elle est encore là ce matin », suggère Houria à son équipe. La personne qu’elle évoque est une sans-abri plutôt âgée qui souffre d’un problème psychiatrique et qui peut parfois devenir violente. « On a contacté un psychiatre pour qu’il vienne s’en charger, mais on vient toujours vérifier qu’elle va bien », affirme l’agent. Depuis 1994, des employés de la RATP sont chargés d’effectuer des maraudes sur le réseau, afin d’orienter les sans-abri vers des structures d’accueil adaptées. En pleine vague de froid, accompagner les sans-abri dans des lieux sûrs et chauffés est une mission plus que jamais essentielle.

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« Djamel, tu veux venir avec nous aujourd’hui ? Tu n’as pas beaucoup dormi, ça se voit. Tu veux venir te reposer ? » lance une agent à un SDF qu’elle connaît bien. « C’est un grand exclu », explique-t-elle. Djamel vit dans le métro depuis plusieurs années et l’équipe tente de maintenir un lien social avec lui. Il se rend régulièrement à l’accueil de jour de la porte de Charenton, un espace consacré aux personnes sans-abri présentes sur le réseau RATP. Ce matin, il refuse et se rendort, assis sur un siège peu confortable de la station de RER.

Agrippé à son sac, un nouveau sans-abri de la station suit l’équipe. Sylvain, âgé de 50 ans, a perdu son emploi en 2002 et vit désormais dans la rue. C’est une petite victoire pour les agents. « Les sans-abri qui vivent dans le métro n’ont plus de repère spatio-temporel. Certains s’isolent et passent en phase de clochardisation », explique un agent. Sylvain, lui, accepte de monter dans le bus pour boire un café chaud. Demain, il est possible qu’il aille jusqu’au centre.

Un sans-abri à l'accueil de jour de Porte de Charenton
Un sans-abri à l'accueil de jour de Porte de Charenton - M.COSTA/20 Minutes

L’accueil de jour de Charenton accueille 40 personnes entre 7 h et 23 h

Le bus de la RATP démarre vers 11 h avec pour destination l’accueil de jour de la porte de Charenton. Une quinzaine de personnes sont installées, certains se connaissent et échangent quelques mots. Le café commence à manquer. Le froid amène plus de sans-abri à demander de l’aide et à se réfugier dans le bus quelques minutes pour boire une boisson chaude. Installé au fond du bus, Eric est âgé de 44 ans. Depuis octobre 2017, cet ancien boulanger-pâtissier à la recherche d’un emploi, est à la rue. C’est un autre sans-abri qui l’a dirigé vers les agents de la RATP.

Espace salle à manger de l'accueil de jour de Porte de Charenton
Espace salle à manger de l'accueil de jour de Porte de Charenton - M.COSTA/20 Minutes

L’accueil de jour de Charenton, totalement financé par la RATP, accueille chaque jour, de 7 h à 23 h, 40 personnes. 90 % des sans-abri accueillis sont des hommes. Chaleureux, le centre s’apparente à un appartement. Dès leur arrivée, certains hommes s’installent devant la télévision, tandis que d’autres partagent une partie de baby-foot. Philippe, lui, s’est installé à un bureau et parcourt un dictionnaire en prenant studieusement des notes. Il est à la rue depuis deux ans et vient régulièrement dans la structure. Depuis six mois, il s’est fixé l’objectif d’apprendre l’anglais. Chaque personne est libre de choisir ou non de faire les activités proposées par la structure, comme des tournois de football ou de pétanque. Bruno Morel, directeur dénéral d’’Emmaus Solidarité, explique que l’association a également organisé son premier séjour l’année dernière. Les sans-abri qui le souhaitaient ont pu séjourner quelques jours en Normandie, pour se sortir un peu de leur quotidien.

Certains sans-abri n’ont pas d’endroit où dormir

L’heure de rejoindre la salle à manger a sonné. Au menu du jour, beignets de calamar, feuilletés au chèvre et pâtes au beurre. Les personnes accueillies ont la possibilité de rester au chaud et d’être nourries chaque jour dans le centre.

Cependant, certains n’auront pas de lieu où dormir le soir et retourneront sur les quais des métros. L’accueil de jour de la porte de Charenton propose pourtant un suivi à long terme pour les sans-abri, en les mettant en lien avec l’équipe médicale de l’association Aurore​, présente dans la structure. Les employés d’Emmaüs tentent également de trouver des centres d’hébergement aux sans-abri, mais le manque de place reste un problème central dans la prise en charge des sans-abri.

Dans le cadre du grand froid, la RATP a permis l’ouverture d’un gymnase à Porte de Choisy. Du 23 février au 5 mars, il devient alors un centre d’hébergement d’urgence et permet d’accueillir 90 sans-abri.