Salon de l'agriculture 2018: Tremblez Pérou et Bolivie, la France aussi cultive du quinoa
ALIMENTATION•En Ile-de-France, des agriculteurs s’essayent à la culture du quinoa. La demande est forte et les exploitations encore peu nombreuses en France…Mélanie Costa
L'essentiel
- Le quinoa est produit à 92 % par le Pérou et la Bolivie. Quelques agriculteurs français se lancent dans la culture de cette graine, dure à apprivoiser.
- A Château-Landon, en Seine-et-Marne, la ferme Fontaine a commencé à vendre du quinoa dans la région.
La consommation de quinoa explose en France. Les bobos (mais pas que) s’arrachent depuis quelques années cette graine sans gluten, originaire du Pérou et de Bolivie. Le quinoa made in France existe depuis 2012. C’est Jason Abbot, un américain, qui en est le pionnier. Son exploitation est essentiellement en Anjou ou dans le Maine-et-Loire. Quelques agriculteurs franciliens se sont également lancés dans la culture du quinoa, comme la ferme Fontaine, situé à Château-Landon, en Seine-et-Marne, à environ 95 kilomètres au sud de Paris.
Un nouveau marché à conquérir. C’est en 2014 que Cédric, co-gérant de la ferme Fontaine, a commencé à cultiver le quinoa. Grand consommateur de cette graine, il a choisi de s’essayer sur ce marché qui est « économiquement intéressant ». La demande de quinoa est de plus en plus forte en Ile-de-France et les exploitations encore rares.
Une exploitation difficile. « C’est un défi », confie Cédric. Arrivée récemment en France, cette nouvelle plante est difficile à cultiver. Les semences sont plantées fin mars et récoltés fin août. Le réglage est spécifique et exigeant. Les premières récoltes de Cédric n’étaient pas satisfaisantes en termes de quantité, mais depuis deux ans il arrive à obtenir « une récolte plus importante ». Il explique qu’une bonne récolte est d’environ une tonne de quinoa par hectare et c’est ce qu’il est parvenu à obtenir en 2017.
Peu de concurrents sur le marché français. En Ile-de-France, ils sont très peu à cultiver le quinoa. Cédric indique qu’ils ne sont que « deux, à sa connaissance ». Cependant, de plus en plus d’agriculteurs « font des essais sans en vendre pour le moment ». En France, c’est « l’Anjou qui domine dans la culture du quinoa ». La majorité du quinoa consommé dans le pays est importée du Pérou et de Bolivie, mais le marché français s’initie également à son exploitation. Les syndicats agricoles et les chambres de l’agriculture ne possèdent pas de chiffre concernant les exploitations de quinoa, la graine restant en marge de l' agriculture française.
aUne graine qui coûte cher. La semence est particulièrement chère et bien plus coûteuse que celle du blé. Il faut compter 250 euros par hectare pour la semence de quinoa contre 100 euros pour le blé. « J’achète des graines sans saponine [une enveloppe de savon qui les recouvre], ce qui me fait payer une taxe en plus », précise l’agriculteur. Il nous indique également que 50 % des graines de quinoa cultivées sont des déchets et qu’il faut donc les trier. « Le prix du triage est de 50 centimes le kilogramme. » La graine de quinoa est donc coûteuse pour les agriculteurs, mais reste intéressante face à une demande qui ne cesse d’augmenter.
Ventes bio et locales. La ferme Fontaine fait partie de la coopérative bio d'Ile-de-France qui lui permet de distribuer ses produits principalement dans le réseau Biocoop. Elle se charge de fournir les magasins parisiens, tandis que la ferme s’occupe de livrer les épiceries indépendantes de banlieue. Elle s’inscrit donc dans un marché hyperlocal et bio.