SOCIETELa mairie de Paris va compter les sans-abri de la capitale

Paris: La mairie va compter les sans-abri de la capitale à l’occasion d’une Nuit de la Solidarité

SOCIETEDans la nuit de jeudi à vendredi, un décompte anonyme des personnes en situation de rue va s’opérer à Paris…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

L'essentiel

  • La mairie de Paris va compter le nombre de sans-abri dans la capitale, à l'occasion d'une Nuit de la Solidarité.
  • Quels sont les contours de cette initiative qui s’opère une fois par an à New-York, Bruxelles ou encore à Athènes?

Combien sont-ils ? À l’occasion d’une Nuit de la Solidarité, jeudi soir, la mairie de Paris et ses partenaires (RATP, SNCF, AP-HP) vont procéder à un « décompte des personnes en situation de rue » sur l’ensemble de la capitale. Alors que Julien Denormandie, le secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires assurait que la région ne comptait « que 50 hommes isolés dormant dans la rue », la mairie de Paris – qui assure ne pas vouloir rentrer dans une « querelle de chiffres » – veut établir « une photographie du nombre de sans-abri ».

Méthodologie, finalité… Quels sont les contours de cette initiative qui s’opère une fois par an à New York, Bruxelles ou encore à Athènes ?

« Ce n’est pas une maraude »

Plus de 350 équipes seront ainsi constituées, conduites par un chef d’équipe professionnel du social, accompagné de 2 à 5 bénévoles. Soit près de 2.000 personnes, dont 1.700 bénévoles, selon la Ville. Chaque équipe sera déployée sur un secteur parisien prédéfini et selon un itinéraire précis. Et ce, de 22h à 1h, après un moment de formation au sein de l’Hôtel de ville. « Ce n’est pas une maraude dans le but d’une action sociale. C’est vraiment un comptage systématique des personnes », rappelle Dominique Versini, adjointe à la solidarité d'Anne Hidalgo. « Si la personne dort, on ne la réveille pas », précise-t-elle. Si non, les bénévoles réaliseront leur enquête.

En effet, les équipes seront munies d’un questionnaire et poseront des questions – après avoir expliqué l’opération – aux sans-abri, à la condition qu’ils acceptent la démarche. Notamment : « Où pensez-vous passer la nuit ? », « Depuis combien de temps êtes-vous dans cette situation ? » ou encore « Appelez-vous le 115 ? ». Il sera demandé aussi l’âge, le sexe mais pas la nationalité, précise la mairie. De leur côté, la SNCF, la RATP et l’AP-HP décompteront les personnes sans logement, ayant trouvé refuge dans leurs couloirs. Les bois de Vincennes et Boulogne ne seront pas quadrillés car les chiffres sont déjà connus par les associations. Enfin, les parkings ne seront pas visités, car privés.

« Mieux adapter notre dispositif »

Le but d’une telle opération ? « Mieux adapter le dispositif pour eux, mesurer les besoins et mieux connaître les profils des publics et leur évolution. Et pour ça, nous avons besoin de les rencontrer. Notamment, pour savoir précisément quel est leur problème », détaille Dominique Versini. L’ensemble des données collectées seront ensuite analysées sous la responsabilité d’un Comité scientifique de chercheurs et de membres d’observatoires (notamment celui du Samu Social).

Trois ans après, la signature du pacte parisien de lutte contre la grande exclusion, « les résultats de cette enquête constitueront également l’occasion d’un bilan partagé des actions entreprises et des nouvelles mesures à développer collectivement pour prévenir et lutter contre la grande exclusion », note la mairie de Paris. A noter que l’Etat via le préfet d’Ile-de-France, qui assistait au comité de pilotage de l’opération, ne prend plus part à l’opération. « Je pense à cause des querelles de chiffres qui ne sont vraiment pas intéressantes », a regretté Dominique Versini.