«Dérapage» financier, retards… Où en est le projet du Grand Paris Express?

Île-de-France: «Dérapage» financier, retards… Où en est le projet du Grand Paris Express?

TRANSPORTSLe Premier ministre, Édouard Philippe, doit rendre son arbitrage « durant la première quinzaine de février » sur ce projet gigantesque…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

L'essentiel

  • Le Premier ministre prévoit d’établir un nouveau calendrier sur des bases « réalistes ».
  • Alors que la Région Ile-de-France exige « le respect des engagements pris par l’État », des élus s’inquiètent.

Son sort fixé dans deux semaines ? Qualifié par la Cour des Comptes de « dérapage considérable » sur son coût, le Grand Paris Express - ce réseau de 200 kilomètres et 68 gares - a du plomb dans l’aile. Vendredi, Edouard Philippe a reçu des élus franciliens à l’occasion d’une consultation sur ce futur métro, coincé entre l’inquiétude de certains édiles et le préfet d’Ile-de-France, qui a proposé de retarder la construction de certaines lignes pour faire face à des contraintes techniques et à l’envolée du coût du projet. Alors, quid de ce chantier titanesque ?

Quel avenir pour le Grand Paris Express ?

Il sortira de terre. Mais très certainement avec du retard. « Quand j’ai le sentiment qu’un projet est mal parti, il m’arrive de prendre des décisions parfois contestées, et de l’arrêter. Je veux être clair : on n’est pas là pour ça. On est là pour essayer de faire en sorte que justement ce projet aboutisse », a insisté le Premier ministre, qui prévoit d’établir un nouveau calendrier sur des bases « réalistes » et doit rendre son arbitrage « durant la première quinzaine de février ». De son côté, la Région Île-de-France exige « le respect des engagements pris par l’État ».

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« L’Etat et la Société du Grand Paris ont pris des engagements vis-à-vis de la région, des départements et des villes à de nombreuses reprises sur un calendrier d’arrivée de nombreuses lignes dès 2024. Ces annonces ont suscité beaucoup d’espoirs chez les nombreux Franciliens concernés », indique la région qui précise que « le non-respect de la parole donnée sur la réalisation de certains tronçons ou sur les délais de construction serait un coup dur pour l’Île-de-France et les millions de Franciliens concernés ».

Que dit la Cour des Comptes ?

En 2010, le coût de ce super-métro a été évalué à 19 milliards d’euros. Trois ans plus tard, en 2013, le montant était réévalué à 22,63 milliards d’euros. Aujourd’hui, la Cour des Comptes note dans son rapport rendu public récemment, que les « coûts prévisionnels (…) n’ont cessé de dériver ». « Depuis la fixation d’un objectif de coût par le gouvernement en 2013, celui-ci n’a cessé d’être réévalué pour un dérapage estimé aujourd’hui à près de 13 milliards d’euros », a déclaré Didier Migaud, président de la Cour des Comptes, devant la commission des finances de l’Assemblée nationale qui l’auditionnait.

Pour quel coût à l’arrivée ?

« Les évaluations initiales étaient fragiles […], et les provisions pour aléas et imprévus qu’elles intégraient étaient très inférieures à ce qui est recommandé pour des travaux de cette nature », écrivent la Cour des Comptes. Finalement, le coût du Grand Paris Express s’élèverait à 35,08 milliards d’euros, voire 38,48 milliards en ajoutant les « contributions financières » de la Société du Grand Paris (SGP), l’établissement public en charge du projet, à d’autres projets franciliens.

Objectif Jeux olympiques 2024 ?

Les Jeux olympiques sont en ligne de mire dans ce chantier mais l’événement est aussi la cause d’un dépassement de budget, alors que le projet prévoyait initialement une mise en service échelonnée entre 2020 et 2030 », a précisé Didier Migaud. « Le réalisme de ce nouveau calendrier […] apparaît très discutable. Il pose la question de la capacité d’absorption du marché européen des travaux publics […] et d’un possible renchérissement des prestations », a-t-il notamment souligné.

Quelles sont les craintes ?

L'abandon annoncé par Edouard Philippe de la candidature de la France à l’Exposition universelle 2025, prévue près de Saclay, a encore accru les inquiétudes d’élus locaux sur un possible abandon de l’objectif initial de 2024 sur la ligne 18 au sud de Paris. « Le site de Paris-Saclay ne doit pas pâtir de ce renoncement et il est maintenant temps que l’Etat confirme son engagement à réaliser la ligne 18 du Grand Paris Express d’ici 2024 pour ne pas obérer le développement de ce poumon de l’innovation et de l’excellence », a réagi le conseil départemental de l’Essonne.

Autres lignes menacées de retard : la ligne 16 en Seine-Saint-Denis, qui doit notamment désenclaver les communes de Montfermeil et Clichy-sous-Bois, ou encore la ligne 17 devant relier Le Bourget à Roissy.