SOCIETELa mairie de Paris promeut l’eau du robinet dans les crèches

La mairie de Paris promeut la consommation d’eau du robinet dans les crèches, une bonne idée?

SOCIETECe mardi, dans une crèche municipale du XIIIe arrondissement, la mairie de Paris a lancé sa campagne de sensibilisation sur l’eau dans les crèches. Une association se montre sceptique...
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

L'essentiel

  • Cette campagne incite également les familles à faire boire de l'eau du robinet aux enfants dès qu'ils boivent au verre.
  • L’association Robin des Bois rappelle 75 % des crèches sont installées sur des terrains pollués.

«Paris, je bois déjà ton eau ». Ce mardi, la mairie de Paris a lancé, avec ce slogan, sa campagne de sensibilisation sur l’eau dans les crèches. « Cette campagne a pour objectif de promouvoir la consommation d’eau du robinet pour les enfants dans les établissements de la petite enfance, dès qu’ils sont en mesure de boire au verre et inciter les familles à pratiquer de même à la maison », annonce la ville.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Dans une crèche municipale du XIIIe arrondissement, Célia Blauel, présidente d’Eau de Paris et adjointe chargée de l’environnement, a rappelé les effets bénéfiques d’une telle mesure.

« Boire l’eau de Paris, c’est bon pour la santé »

« Nous avons fait un travail important sur la qualité de l’eau et nous incitons à la consommer. Car boire l’eau de Paris, c’est bon pour la santé, c’est plus économique et écologique », détaille celle qui veut faire « tomber les a priori » sur le sujet. Après une expérimentation menée en 2015, auprès de six établissements parisiens de la petite enfance, la ville de Paris veut désormais généraliser cette habitude à l’ensemble des crèches. Et ce, pour les enfants dès l’âge de six mois, comme l’autorise l’ARS (Agence Régionale de Santé). Mais où en est la qualité de l’eau dans la capitale ?

Hydrologues, agronomes, ingénieurs, biologistes, chimistes, fontainiers… l’eau de Paris bénéficie de « l’attention de nombreux experts qui veillent à sa qualité », assure la mairie. Eau de Paris effectue aussi des contrôles « en continue » doublés de prélèvements par les équipes du laboratoire « plusieurs fois par jour », à toutes les étapes de production, du captage jusqu’au robinet, selon l’entreprise publique. « Notre qualité d’eau est exemplaire. Les enfants, vecteurs de changement, peuvent la boire », répète Célia Blauel. De son côté, l’association de défense de l’environnement Robin des Bois, se montre plus sceptique.

75 % des crèches installées sur des terrains pollués, selon un rapport

« Oui, les enfants peuvent boire l’eau du robinet mais cela dépend des crèches. Il faut procéder au cas par cas. D’autant qu’il s’agit d’une population fragile », explique à 20 Minutes, Charlotte Nithart, porte-parole de l’association qui a publié récemment, un rapport intitulé « votre école est-elle toxique ? ». Soit un diagnostic d’établissements – de la crèche au lycée – « bâtis à l’aplomb, en contiguïté ou à proximité immédiate d’installations industrielles ou d’activités commerciales historiques susceptibles d’avoir durablement contaminé les sols et les eaux souterraines », note l’association. Celle-ci précise que cet inventaire résulte d’une campagne nationale déployée depuis 2012-2013 sous la responsabilité du ministère de l’Ecologie.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Au total, sur 40 crèches parisiennes passées au crible, 75% d’entre elles, sont installées sur des terrains pollués. En effet, 21 sont classées en catégorie B et doivent « faire l’objet d’une vigilance renforcée » et neuf sont classées en catégorie C, où « la présence de pollutions nécessite la mise en œuvre de mesures techniques de gestion, voire de mesures sanitaires », selon le rapport. « Cette pollution du sol peut venir dans les canalisations et se retrouver dans le robinet », alerte Charlotte Nithart. Depuis, deux crèches « C » ont été fermées et la mairie assure continuer cette prise en charge.

« Il y a une exigence totale »

« On ne prend aucun risque », réagit Sandrine Charnoz, conseillère déléguée chargée des questions relatives à la petite enfance à la mairie de Paris. Selon elle, des travaux ont d’ores et déjà été effectués ou encore des sites fermés pour permettre des recherches. « Ces neuf sites sont sous contrôle et le sujet pris à bras-le-corps pour que les enfants et le personnel ne soient pas exposés. Il y a une exigence totale », conclut-elle. L’association Robin des Bois déplore toutefois un manque d’information sur le sujet. « Ces diagnostics n’ont pas été mis en ligne par la mairie de Paris sur leur site. Ce manque de transparence est une grave erreur. »

La mairie de Paris prévoit dans les mois à venir des rencontres et conférences au Pavillon de l’eau pour les personnels de la petite enfance et des temps de rencontre avec les familles pour « diffuser de l’information et les encourager à consommer l’eau de Paris ». Dans cette crèche du XIIIe arrondissement, la directrice reste pour le moment catégorique. « Aucun parent ne montre une résistance sur le sujet. »