Mort de Johnny Hallyday: Goodies, quête et hostie… L'église de la Madeleine vit sa première messe «spéciale»
HOMMAGE•Un mois après les obsèques de Johnny Hallyday, l’église de la Madeleine est devenue le lieu de mémoire et de pèlerinage pour de nombreux fans. Une messe à son intention s’y est déroulée ce mardi…Romain Lescurieux
L'essentiel
- Le père Bruno Horaist a décidé de dédier chaque 9 du mois une messe en hommage à Johnny Hallyday.
- Un mois après le décès du chanteur, plus de cent personnes étaient présentes pour cette première messe.
Midi trente tapantes, les premières notes de Marie jouées à l’orgue résonnent dans la nef de la Madeleine (VIIIe arrondissement). Un mois après le décès de Johnny Hallyday et ses obsèques célébrées dans cette église devant des millions de téléspectateurs, une messe s’est déroulée ce mardi, en présence d’une centaine de personnes, croyantes ou non, mais surtout fans du rocker. Le père Bruno Horaist a en effet décidé de dédier chaque 9 du mois une messe à l’intention de Johnny Hallyday. Et ce, durant un an « pour permettre aux personnes de faire leur deuil ».
« On sent bien que vous avez été touchés au plus profond de vous »
« Nous sommes nombreux ce matin pour prier Johnny et tous ceux que nous aimons », introduit le curé, alors que les dernières personnes prennent place après avoir laissé un message sur le livre d’or installé à l’entrée. Celui-ci est « rempli d’amour », réagit d’ailleurs le père Bruno Horaist. C’est le cinquième qu’il ouvre. « On sent bien que vous avez été touchés au plus profond de vous. Cet amour qu’il vous a tant donné, il l’a puisé auprès de Dieu. Nous avons tous besoin d’amour, nous sommes assoiffés d’amour », reprend celui qui est à l’initiative de cette messe « spéciale », sans aucun lien avec la famille.
« Je sentais qu’il y avait tellement de personnes qui venaient dans l’église que j’ai trouvé dommage de leur proposer uniquement de signer un livre », explique-t-il à 20 Minutes. Les amen s’enchaînent, des signes de croix fusent, une histoire de Jésus et de brebis débute. Joël, 63 ans, sweat griffé « Smet », écoute religieusement. Mais ce « non croyant » est surtout venu de Tours spécialement pour l’occasion afin de se recueillir dans la « dernière demeure de Johnny ». A défaut d’un autre endroit.
« Saint-Barth, c’est un kidnapping »
« C’est le seul endroit où on peut se recueillir », lâche-t-il, en sanglots « On nous l’a enlevé. Saint-Barth, c’est un kidnapping. Sa terre à lui, c’est Paris », tente-t-il de poursuivre. Joël viendra peut-être tous les mois pour assister à cette messe. Car en attendant, de pouvoir « verser des larmes à Saint-Barth », la Madeleine est son lieu de mémoire. Même constat pour Christine. « Je n’ai pas pu venir pour les obsèques, je ne pense pas aller à Saint Barth, donc cette messe est idéale et la Madeleine sera notre lieu de recueillement et de pèlerinage. Même quand je passe devant je pense à lui », affirme cette femme de 62 ans.
« Tout le monde a besoin d’un lieu pour retrouver ceux qu’ils ont aimés », rembobine auprès de 20 Minutes le curé. « Il aurait été enterré au Père-Lachaise, les gens seraient allés au Père-Lachaise », assure celui qui ne boude toutefois pas son plaisir sur le récent engouement autour de son église et l’affluence qui l’accompagne.
La quête, « ça soulage »
Vers 12h45, les notes de Que Je T’aime retentissent et l’audience se secoue les poches pour la quête. Joël lâche 10 euros. « Ça soulage. Il faut faire n’importe quoi pour retrouver celui qu’on a perdu », dit-il. Puis, peu après 13 heures et le moment de l’hostie, une file d’attente se forme à l’accueil pour acheter une carte. Au recto : une photo des obsèques du 9 décembre, au verso la prière de Mère Teresa (lue le 9 décembre par l’actrice Sandrine Kiberlain). Impossible de connaître le montant total de la quête et des ventes de « produits dérivés », mais le père Bruno Horaist, un brin agacé, rappelle qu’il n’y a pas de quoi en profiter. « L’église n’est pas riche, il y a beaucoup de frais dans une église mais le prix de la quête ne couvrira pas les frais de fonctionnement de la Madeleine », assure-t-il.
Alex, 52 ans, distribue lui gratuitement, des badges à l’effigie de la rock star. « Je ne suis pas là pour me faire de l’argent. En fait, je ne sais pas comment lui dire merci mais je veux que les gens se souviennent, alors je distribue ces badges. En plus, si Johnny me voit faire ça, il sera content », explique cet Italien d’origine, en blouson en cuir, qui reviendra ici le 9 février prochain.