VIDEO. Paris: Le dispositif anti-SDF relayé sur les réseaux sociaux, retiré par la mairie
SOCIETE•Un dispositif anti-SDF découvert rue de Meaux dans le XIXe arrondissement a suscité l'indignation sur Twitter. La mairie qui rejette la faute sur l'ancienne mandature l'a retiré...R.L.
Un tweet qui a fait son effet. Alors qu’Emmanuel Macron avait promis cet été qu’il n’y aurait « d’ici à la fin de l’année (…) plus personne dans les rues », Christian Page, un sans-abri parisien très actif sur Twitter a publié le 25 décembre une photo de barrières installées dans la rue de Meaux (XIXe arrondissement). Et plus précisément sur des « grilles d’air chaud où parfois se posaient les SDF », note-t-il.
Le cliché de ce dispositif anti-SDF a été relayé de nombreuses fois, suscitant l’indignation des internautes.
« Une enquête a été menée »
Contactée par franceinfo, la mairie de Paris affirme découvrir le dispositif mis en cause et a pris la décision de les retirer prochainement. « La pose de ces grilles a été portée à notre connaissance via les réseaux sociaux, explique la mairie. « Dès que nous en avons eu connaissance, Anne Hidalgo a demandé leur retrait sans délais ». « Cela devrait être fait dans les jours à venir », indique ce mercredi, une porte-parole de la ville à 20 Minutes. Finalement, un internaute a publié une photo en fin de matinée, montrant que les barrières avaient été démontées.
Auparavent, la mairie affirmait que ce dispositif avait été installé lors de l’ancienne mandature. « Une enquête a été menée et ces barrières ont été installées il y a 7 ans, avant le mandat d’Anne Hidalgo », indique le compte Twitter de « Paris J’écoute ». Mais les versions sur l’origine de ce dispositif divergent encore.
« Aucune émission de chaleur à cet endroit »
Le maire socialiste du XIXe arrondissement, François Dagnaud, a indiqué sur les réseaux sociaux que les barrières avaient été mises il y a plusieurs années pour assurer l’accès à « une bouche CPCU » - la Compagnie parisienne de chauffage urbain. « En fonctionnement normal, aucune émission de chaleur à cet endroit », assure l’élu.
« Il s’est avéré que ces barrières ont été posées il y a 7 ans, "pour éviter les squats" (sic) », note toutefois le conseiller en communication de la maire de Paris, sur son compte Twitter personnel, rappelant que Paris ne recourt pas à ces dispositifs. « La Ville de Paris ne pratique pas les installations dites "anti-SDF". Cette photo est donc surprenante », ajoute-t-il. Même si dans la capitale, des entreprises privées n’hésitent pas à installer des piques devant des magasins ou encore des fausses plantes sur des trottoirs, depuis plusieurs années.
aLe « mobilier dissuasif » régulièrement critiqué par des associations
En mars, la RATP avait par exemple installé des bancs inclinés sur les quais de la ligne 5 à Stalingrad. Interrogé par 20 Minutes, un agent de la RATP de Stalingrad assurait que ce dispositif « n’était pas contre les SDF », mais « surtout anti-toxicos ». Dans le même temps, la RATP rappelait que « les espaces de la RATP ne sont pas adaptés à des séjours prolongés et le métro ne peut avoir vocation à devenir un lieu de vie et d’accueil des personnes sans domicile fixe, car rien n’est pensé comme tel ». Une démarche de « mobilier dissuasif » critiquée par des associations.
Que ce soit « contre les SDF » ou les « toxicos », cette installation est surtout « anti-humain », « anti-vie » et « fonctionnel pour personne » commentait auprès de 20 Minutes, Cécile Rocca, coordinatrice du collectif Les Morts de la Rue. Plus récemment, la Fondation Abbé-Pierre a également mené une opération coup de poing début décembre pour dénoncer ces aménagements urbains destinés à chasser les sans-abri, qui se retrouvent aussi chaque jour confrontés à une saturation de l’hébergement d’urgence dans la capitale.
Hébergement d’urgence saturé
Eric Pliez, président du Samu Social de Paris déplorait fin novembre auprès de 20 Minutes un « contexte plus tendu que jamais ». « Au niveau des demandes non pourvues, c’est-à-dire les personnes pour qui on ne peut pas répondre depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sont plus de 600 par jour ».
De son côté, l’association Droit au Logement (DAL) a manifesté ce lundi sous les fenêtres du ministère du Logement à Paris pour rappeler au président de la République sa promesse faite cet été qu’il n’y aurait « d’ici la fin de l’année (…) plus personne dans les rues ». J-5.