SOCIAL«600 personnes par jour ne peuvent pas être prises en charge»

Hébergement d’urgence à Paris: «600 personnes par jour ne peuvent pas être prises en charge»

SOCIALAvec la chute des températures en région parisienne et une situation déjà tendue dans la prise en charge des personnes les plus vulnérables, le Samu Social de Paris s’alarme et la mairie ouvre un centre...
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

L'essentiel

  • Paris connaît à partir d’aujourd’hui sa première vague de froid liée à la période hivernale.
  • Selon le SAMU Social, 20 % des familles qui appellent le 115 se voient actuellement offrir une proposition le soir même. Elles étaient 80 % il y a deux ans.
  • La mairie de Paris annonce l’ouverture ce jeudi d’un nouveau centre d’hébergement d’urgence dans le XIIe arrondissement.

Un dispositif saturé avant même la vague de froid. Alors que la France va connaître dans les jours à venir « une petite séquence hivernale » avec des températures parfois inférieures de trois à cinq degrés aux normales saisonnières et des risques de neige notamment à Paris, a informé mardi Météo-France, la situation des personnes vulnérables dans la capitale inquiète. Le Samu Social de Paris revient sur une situation d’urgence déjà bien réelle.

20 % des familles qui appellent ont une place le soir même

Eric Pliez, président du Samu Social de Paris déplore auprès de 20 Minutes un « contexte plus tendu que jamais ». « Au niveau des demandes non pourvues, c’est-à-dire les personnes pour qui on ne peut pas répondre depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sont plus de 600 par jour. C’est énorme. Et il y a notamment des familles avec des enfants. Par exemple, ce lundi, 190 familles, soit 250 personnes – dont la moitié d’enfants – n’ont pas pu être prises en charge », ajoute-t-il.

Selon le Samu Social, 20 % des familles qui appellent le 115 se voient actuellement offrir une proposition le soir même. Elles étaient 80 % il y a deux ans, à la même époque. Par ailleurs, les hôtels parisiens qui servent pour de l’hébergement d’urgence à Paris intra-muros sont déjà pleins. « Nous gérons 600 hôtels jusqu’au bout de l’Ile-de-France. A Paris, c’est déjà saturé », enchérit Eric Pliez. Alors, quelles solutions ces prochains mois pour les personnes en situation de précarité et sans domicile fixe ?

Des places ouvertes au « compte-gouttes »

« Avec l’hiver, nous aurons des renforts en termes d’écoute et de maraudes mais s’il n’y a pas de places en face, ça ne suffit pas », déplore Eric Pliez. Mille places pérennes pour la saison hivernale sont prévues dans la capitale. « Le problème c’est qu’elles ouvriront au compte-gouttes. Aujourd’hui, 250 sont ouvertes mais nous estimons qu’il y en aura moins de 500 fin décembre. Si le froid s’affirme comme la météo l’annonce, on ne pourra pas loger tout le monde », commente Eric Pliez. Enfin, 600 places dans des gymnases ou encore des salles paroissiales peuvent être mis à disposition en cas de très grand froid. Pourquoi un tel engorgement ?

« Ça se passe au niveau de l’État. Nous n’avons pas d’autorisation pour engager des dépenses et il y a une pression budgétaire qui fait que les moyens suffisants ne sont pas là », déplore-t-il. Aujourd’hui, le Samu Social demande que les 1.000 places soient activées le plus vite possible. De son côté la mairie de Paris annonce l’ouverture ce jeudi d’un nouveau centre d’hébergement d’urgence d’une capacité de 90 places, dédié aux femmes et aux familles sans-abri, situé rue de Prague, dans le XIIe arrondissement.

La Ville de Paris vient d'annoncer l'ouverture rue de Prague (XIIe) d'un centre d’hébergement d’urgence d’une capacité de 90 places, dédié aux femmes et aux familles sans-abri.
La Ville de Paris vient d'annoncer l'ouverture rue de Prague (XIIe) d'un centre d’hébergement d’urgence d’une capacité de 90 places, dédié aux femmes et aux familles sans-abri. - Maps4News

« Nous avons un devoir collectif »

« C’est un fait : les capacités d’hébergement d’urgence en Ile-de-France sont insuffisantes. Les associations font tout ce qu’elles peuvent, mais manquent de places et de moyens. Actuellement, quatre familles sur cinq qui contactent le Samu Social restent sans solution. Nous avons un devoir collectif : celui de venir en aide à ces citoyens en grande difficulté qui, sans notre solidarité, ne pourront pas se loger cet hiver », alerte Anne Hidalgo. Dans le même temps, la ville de Paris continue de chercher activement d’autres sites à mettre à disposition dans la période hivernale.

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« La première étape, c’est de recenser les bâtiments mobilisables. J’appelle tous les acteurs parisiens susceptibles de mettre gratuitement un site à disposition à se signaler auprès de la Ville de Paris. Nos services prendront à leur charge l’évaluation technique et l’estimation des travaux nécessaires, pour soumettre au plus vite ces lieux à l’Etat », ajoute Anne Hidalgo. Dominique Versini et Ian Brossat, adjoints à la maire, sont chargés de coordonner cette mobilisation parisienne.