#2050«En 2050, Paris restera la plus belle ville du monde»

Villes du futur: «En 2050, Paris restera la plus belle ville du monde», affirme l'architecte suisse Jacques Herzog

#2050A l’occasion des Journées nationales de l’architecture les 13, 14 et 15 octobre, « 20 Minutes » a décidé de se projeter en 2050. Entre science-fiction et perspectives réalistes, à quoi ressembleront nos villes dans 33 ans ?….
Floréal Hernandez

Propos recueillis par Floréal Hernandez

L'essentiel

  • En compagnie de Pierre de Meuron, Jacques Herzog a créé l’agence d’architecture Herzog & de Meuron à qui l’on doit notamment la Philharmonie de l'Elbe à Hambourg, l'Allianz Arena à Munich ou le stade Matmut Atlantique à Bordeaux.
  • L’agence suisse a reçu le prix Pritzker en 2001.
  • Pour 20 Minutes, Jacques Herzog a accepté de donner sa vision de Paris en 2050.

Nid d’oiseau à Pékin, Tate Modern à Londres, tour Triangle à Paris (15e)… Le duo suisse Jacques Herzog et Pierre de Meuron est à l’origine de ces œuvres architecturales qui ne laissent pas indifférents leurs contemporains (et marqueront aussi les générations futures). L’idée de se projeter dans Paris en 2050 comme 20 Minutes l’a imaginé a séduit Jacques Herzog.

L’architecte bâlois a pris le temps par téléphone d’imaginer le futur de la capitale. Un futur qu’il espère bien voir : « 2050, c’est très proche, je n’aurai que 100 ans ! (rire) »

Jacques Herzog, aujourd’hui de nombreux projets de grandes tours doivent se réaliser à Paris d’ici le début des années 2020. Pensez-vous qu’en 2050 Paris sera une ville toute en verticalité ?

Déjà, Paris restera la plus belle ville du monde (sourire). Car c’est la plus précise, la plus homogène. Elle est bien pensée depuis le début. Elle a toujours su maintenir un certain nombre de règles claires. Ce qui la rend belle. Et cela va rester.

La verticalité peut être introduite à Paris mais elle devra suivre ces règles. Aujourd’hui, elle se concentre en dehors du centre de Paris, autour du boulevard périphérique. Ce qui est d’ailleurs le cas de la tour Triangle. Les tours définiront encore mieux la forme de Paris entouré de son boulevard périphérique. Oui, il y aura plus de verticalité à Paris mais en suivant une ligne claire.

>> Conférence de Jacques Herzog au Pavillon de l’Arsenal en octobre 2014 sur le tour Triangle

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La verticalité n’est pas qu’en hauteur, c’est aussi le sous-sol. La ville de Paris pourrait-elle s’intéresser aux espaces souterrains ?

Vous pensez à Montréal, non ? Je n’exclus pas cette possibilité. Ça dépend de nombreux facteurs. Mais je ne crois pas que les êtres humains trouvent plaisir dans les zones artificielles, souterraines. C’est intéressant dans un film de science-fiction mais pas dans la réalité. Les humains apprécient le plaisir physique de l’air, de l’eau, des parcs. A Bâle, la ville change quand on commence à pouvoir nager dans le Rhin. C’est d’une beauté incroyable. Paris a la Seine, un élément naturel pour lequel la ville fera les efforts pour le garder.

Comment voyez-vous les transports dans Paris ? Un thème d’actualité puisque ce matin, on a appris que la capitale veut « la fin des moteurs diesel à Paris en 2024 et à essence en 2030 », selon la maire Anne Hidalgo.

On ne peut pas définir pour toutes les villes. L’espace utilisé aujourd’hui pour les véhicules, on aura encore besoin de ce volume pour les transports. Les rues ne seront pas replantées avec des arbres. On ne va pas révolutionner la ville. Mais, il est sûr que le transport privé avec une bagnole devant son garage va diminuer de plus en plus. Il faut voir comment le transport privé va se maintenir en centre-ville.

Si les rues ne sont pas remplacées par des allées d’arbres, la nature investira-t-elle Paris en 2050 ?

Il y aura plus de nature. Je suis sûr qu’il y aura plus de toitures avec des espaces verts. Sur les toits, les terrasses, on combinera la beauté de la nature avec l’utile pour la production de nourriture, pour avoir de l’air frais. Il y aura une amélioration des réseaux de parcs et d’allées. Aujourd’hui, ce sont des éléments statiques, ils deviendront plus dynamiques.

Et comment voyez-vous le métier d’architecte en 2050 ?

Le métier de l’architecte est basé sur un paradoxe : l’architecture offre aux gens un lieu de détente, calme, privé, protégé, mais aussi le dynamisme de la vie aujourd’hui. Cet élément statique et sensuel, presque archaïque de l’architecture sera dynamisé par la digitalisation. Paris a des monuments qui définissent un lieu spécifique – par exemple la cathédrale Notre-Dame, la tour Eiffel, le centre Pompidou… – des objets physiques ancrés dans leur territoire. Ils vont rester là. Le futur, le moderne va se définir dans une relation où il y aura ce paradoxe et cette parallélité entre ce monde physique et un monde digital.