#2050Villes du futur, à quoi ressemblera Paris en 2050?

Villes du futur: A quoi ressemblera Paris en 2050?

#2050A l'occasion des Journées nationales de l'architecture les 13, 14 et 15 octobre, «20 Minutes» a décidé de se projeter en 2050. Entre science-fiction et perspectives réalistes, à quoi ressembleront nos villes dans 33 ans?...
Floréal Hernandez

Floréal Hernandez

L'essentiel

  • Alors que de nombreux projets de tours doivent sortir de terre à Paris dans les cinq prochaines années, Paris en 2050 sera-t-elle une ville toute en verticalité ?
  • Certains se demandent si le sous-sol de Paris n’est pas le futur de la capitale.

La Tour Montparnasse rénovée en 2022. Dans le 13e arrondissement, lestours Duo de Jean Nouvel s’élèveront à 122 et 180 m. La tour Triangle également haute de 180 m porte de Versailles (15e). Le tribunal de grande instance sera bientôt dans sa tour de 160 m aux Batignoles. Le futur de Paris est-il tout en hauteur ?

Jean-Louis Missika, adjoint de la maire de Paris en charge notamment de l’urbanisme, de l’architecture et du projet Grand Paris n’est pas loin de monter dans les tours avant de répondre à la question. « Il y a des dessins de tours de très grande hauteur végétalisées pour le futur de Paris qui m’agacent », lance-t-il. Un architecte qualifie cette vision futuriste de « béni-oui-oui ». Ça tombe bien, 20 Minutes ne s’intéresse pas à cette projection, ça nous permet d’éviter le flot de critiques. Jean-Louis Missika reprend : « Dans Paris intra-muros, quel que soit le successeur d’Anne Hidalgo, les hautes tours seront placées avec parcimonie. Pour le Grand Paris, on ne peut pas exclure une nouvelle Défense à l’est, en parallèle de l’actuel quartier d’affaires à l’ouest. Mais la verticalité n’est pas l’unique solution. Haussmann a inventé la densité sans la verticalité. »

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Des grandes tours mais « de caractère parisien »

Choisi pour réaliser la rénovation de la Tour Montparnasse, les architectes de la Nouvelle AOM – Mathurin Hardel, Franklin Azzi, Cyril Le Bihan, Frédéric Chartier et Pascale Dalix –, parlent d’une même voix (mais l’un après l’autre). Et s’ils ont pris de la hauteur avec la Tour Montparnasse – un futur « petit quartier vertical » –, ils ne voient pas obligatoirement la verticalité s’imposer à Paris. « Ce sera une décision politique, annoncent-ils. Et la démographie va baisser avec la disparition des baby-boomers, pas sûr que la folie immobilière d’aujourd’hui continue. »

La Nouvelle AOM voit des tours plutôt en « deuxième, troisième, quatrième voire cinquième couronne sur des terrains encore à définir. Mais les immeubles de grande hauteur seront forcément à mettre là où sont les transports importants, notamment le Grand Paris Express ».

Sur son Tumblr Haussmanathan, Luis Fernandes pose des immeubles new yorkais en plein Paris. Des images drôles et poétiques. « Mes images sont faites pour interroger les gens, poser la question du langage architectural », explique-t-il. Paris aura-t-il de nombreuses tours aussi hautes voire plus que la Tour Montparnasse en 2050 ? « Pas du tout, affirme l’architecte qui vient de monter son agence. Mais j’espère des tours de 50 m, 60 m. Les très grandes, on n’en a pas besoin et il existe déjà un quartier privilégié pour les accueillir : La Défense. »

La Tour Eiffel en compagnie d'une tour de Manhattan, image réalisée par Luis Fernandes pour son Tumblr Haussmanhattan.
La Tour Eiffel en compagnie d'une tour de Manhattan, image réalisée par Luis Fernandes pour son Tumblr Haussmanhattan.  - Capture d'écran haussmanhattan.tumblr.com

Les tours moyennes de Luis Fernandes seraient « assez fines et imiteraient le caractère parisien. Si les tours ne fonctionnent pas à Paris, ce n’est pas uniquement à cause de leur taille mais aussi à cause de leur écriture architecturale. On ne les a pas adaptées à la ville. »

« Les sous-sols ? Ça reste un sujet de verticalité »

Dans le cadre de l’hackathon Haussmann 2.0, 48h pour imaginer Paris demain, Valentine Dupuyds, élève en Master 1 à l’Ensa Paris Malaquais, a eu l’occasion avec deux autres étudiants en archi d’imaginer le futur du quartier de l’île de la Cité. « On pouvait raser Notre-Dame si on souhaitait, ce que l’on n’a pas fait (sourire). » Leur projet était un pont habité et arboré – réalisé « sans prendre en compte les critères de faisabilité, de normes, etc. » – qui surplombait l’édifice. « On a tenté de répondre au problème de logement et on recréait un espace de végétation », détaille-t-elle. Si l’étudiante ne voit pas non plus Paris gagner en hauteur, elle soulève la question des sous-sols. « Comment les exploiter ? Je pense à Montréal avec ses centres commerciaux en sous-sol, ça laisserait de la place à la surface pour des logements qui ont besoin de lumière. »

Luis Fernandes voit la logique d’aller en sous-sol, « c’est la réponse naturelle quand on ne peut plus aller vers le haut », mais ce ne sont pas des espaces urbains qui l’attirent. Il ne participera donc probablement pas à l’échange Réinventer Paris II qui a pour thème « Les dessous de Paris », le 5 octobre au Pavillon de l’Arsenal.

« Les sous-sols ? Ça reste un sujet de verticalité », lance la Nouvelle AOM. Dans leur rénovation de la Tour Montparnasse – « qui a six niveaux en sous-sol sous exploités » –, les architectes ont prévu « quatre patios aux quatre angles pour chercher la lumière et valoriser ces espaces (crèche, salle de sport…). » Pour Jean-Louis Missika, en 2050, « on sera dans une société post-voitures. Cela va rendre une bonne partie des parkings obsolètes. Quelle reconversion ? », s’interroge-t-il.

Paris en 2050 ne se résumera pas seulement à la hauteur ou la verticalité. La mobilité ou la végétalisation seront aussi des éléments clefs de la future ville. Tout comme les matériaux de construction pour certains dépolluants. « La question du bois dans la construction va se poser, estime Raphaël Ménard, président du bureau d’études Elioth qui a collaboré au projet Nouvelle AOM de la Tour Montparnasse. Quel que soit l’édifice ou l’infrastructure, ce sera une façon saine de séquestrer le carbone. » En 2021, les deux premières tours en bois de 50 m de haut, 17 étages et 105 logements s’érigeront dans le ciel de Paris.