La plus grande vente d'objets de cinéma jamais organisée s'ouvre ce mercredi à Aubervilliers
ENCHERES•C’est la dernière séance pour la société Locatema qui procède, quatre jours durant, à la vente de près de 60.000 objets, meubles et autres accessoires de cinéma et de télévision…Julie Bossart
L'essentiel
- Des objets présents dans Le Grand blond avec une chaussure noire, La Famille Bélier ou Léon.
- Plus de six mois ont été nécessaires pour procéder à l’inventaire et à l’estimation des lots.
Cinéphiles et collectionneurs risquent de devenir marteau. A partir de ce mercredi, et jusqu’à samedi*, entre 50.000 et 60.000 objets, meubles et accessoires de la télévision et du cinéma français vont être dispersés à l’occasion d’enchères orchestrées par la maison Millon. « Aussi divers qu’insolites, ces objets offrent un formidable voyage à travers les styles et les époques, souligne l’établissement de vente. Derrière chaque lot se cache une histoire, une anecdote ou l’ombre d’une star. » Le dessus-de-lit en fourrure de Mireille Darc dans Le Grand blond avec une chaussure noire, le canapé en cuir de La Famille Bélier, les casseroles en cuivre d’Alexandre le bienheureux ou encore la cuisine en Formica jaune de Léon figurent effectivement parmi les pièces à acquérir. Un formidable patrimoine constitué au fil des décennies par Locatema.
Créée juste après la Seconde Guerre mondiale par deux sœurs passionnées de cinéma, cette société de location de décors, alors implantée Faubourg Saint-Antoine à Paris, a commencé par proposer des tissus et tapis aux productions cinématographiques de l’époque. « A cette époque, retrace la maison de vente, la grande majorité des films étaient tournés en studios, et en noir et blanc, et la qualité des fonds et des matériaux employés pour les décors étaient essentiels. » Marcel Carné fera notamment appel à Locatema, anciennement Etoffilm, pour Les Enfants du paradis. Des centaines de réalisateurs lui emboîteront le pas, à l’image de Claude Pinoteau pour La Gifle, Jalil Lespert pour son Yves Saint Laurent, Alexandre Arcady pour Le Grand pardon.
Après soixante-dix ans d’existence, Locatema a toutefois décidé de fermer définitivement ses portes. Contrainte de déménager une première fois en 2004 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la société avait dû, une deuxième fois, en 2014, quitter ses locaux, pour Aubervilliers cette fois-ci, et se séparer, déjà, d’une partie de ses stocks, rappelle l' Association française des directeurs de la photographie cinématographique (AFC). « Nous ne sommes pas propriétaires de notre entrepôt [promis à la démolition]. Les charges sont devenues très lourdes, tandis que les budgets des tournages sont de plus en plus serrés. Notre bilan comptable est devenu négatif, et aucun repreneur [de l’activité] ne s’est manifesté », justifie, et regrette, pour sa part, la directrice de Locatema, Dominique Crozier.
Exceptionnelle par son intérêt historique et son ampleur (plus de six mois ont été nécessaires pour procéder, entre autres, à l’inventaire et à l’estimation des lots), la vente l’est aussi par son cadre. Elle a en effet lieu dans les locaux même de la société, un entrepôt de 1.500 m2, d’ordinaire accessible aux seuls professionnels.
Comme dans toute caverne d’Ali Baba, le charme devrait opérer, facilité par des prix d’estimation démarrant à 10 euros. La maison Millon, qui s’est appuyée sur la valeur marchande et non historique des pièces, s’attend, elle, à des enchères records. En particulier pour l’ensemble de salon de La Vérité si je mens 2 !, qui emporte l’estimation la plus haute (500-800 euros).
* Vente Clap de fin Locatema, mercredi, jeudi, vendredi et samedi, de 10 h 30 à midi et de 14 heures à 18 heures, 45, avenue des Négociants, Aubervilliers.