Val-de-Marne: Des «détournements» de contrôles d'identité pour lutter contre l'immigration dénoncés par un policier
RAPPORT•Il a depuis quitté le service qu'il dénonce...20 Minutes avec AFP
Il dénonce. Un ancien brigadier du Val-de-Marne a rédigé un rapport qu’il a transmis fin août au parquet de Créteil, dans lequel il accuse sa hiérarchie de détourner des contrôles d’identité afin de mieux cibler, illégalement, les étrangers en situation irrégulière.
Le policier affirme dans son courrier que ces contrôles d’identité, normalement destinés à la seule recherche d’infractions pénales - par exemple les vols - sur réquisition du parquet, ont en fait pour objet « le contrôle de la régularité du séjour des étrangers », une infraction administrative.
Les policiers devraient normalement contrôler la régularité du séjour des étrangers uniquement si une infraction préalable a été constatée.
Les risques des hausses d’objectifs
Le fonctionnaire, qui a depuis quitté l’unité de lutte contre l’immigration irrégulière du Val-de-Marne, souligne notamment que les contrôles sont « effectués au minimum deux fois par semaine » et « systématiquement » dans les gares RER et métros. Des lieux où l'« on peut légitimement douter » que des infractions telles que les vols par effraction ou les vols de véhicules ont été commises, ajoute-t-il.
Son rapport relève également « les risques » liés à la hausse des objectifs de conduites au poste, portés selon lui de cinq à dix étrangers en séjour irrégulier à chaque opération. « Certains de mes collègues contrôlaient les identités de personnes choisies non pas aléatoirement mais en raison de critères laissant penser qu’elles étaient étrangères, notamment la couleur de leur peau », affirme ainsi le policier.
La préfecture de police n’a pas donné suite
Dénonçant « des instructions à caractère discriminatoire », le brigadier a aussi joint à son courrier un courriel de sa hiérarchie invitant les fonctionnaires à cibler les femmes pour « tenter de remplir (…) jusqu’à ce qu’il déborde » le centre de rétention administrative (CRA) pour femmes de Paris, sous-utilisé et menacé de fermeture.
Enfin, selon le fonctionnaire, pour améliorer les chiffres de reconduite à la frontière, des instructions ont été données visant à cibler les centres d’hébergement d’urgence pour y contrôler les étrangers qui ont déjà déposé une demande d’asile dans un autre pays de l’Union européenne et sont donc expulsables.
Sollicitée par l’AFP, la préfecture de police, à laquelle l’unité de lutte contre l’immigration irrégulière du Val-de-Marne est rattachée, n’a pas donné suite.