Ile-de-France: Pour lutter contre la fraude, des contrôleurs en civil arrivent dans le Transilien
TRANSPORTS•Le Transilien SNCF a décidé de déployer des équipes de contrôleurs en civil sur son réseau. « 20 Minutes » les a suivis sur la ligne « pilote » Paris-Meaux…Romain Lescurieux
L'essentiel
- Chaque année la fraude sur le réseau Transilien coûte 63 millions d’euros à la SNCF
- Pour endiguer le phénomène, le Transilien SNCF a décidé de déployer des équipes de contrôleurs en civil
En tee-shirt, jean et baskets, il débarque soudain au milieu de la rame et enfile son brassard vert fluo siglé « contrôle SNCF ». « Mesdames, Messieurs, bonjour, vérification des titres de transport, s’il vous plaît », lance ce contrôleur en civil, qui est loin d’être seul. Ce jour-là, dans ce train dela ligne P (Paris-Meaux) du Transilien SNCF, six contrôleurs en tenue sont accompagnés par six autres agents, habillés, eux, comme des voyageurs « lambda ». Une nouveauté.
Pour lutter contre la fraude, l’entreprise ferroviaire a en effet décidé de déployer sur son réseau des équipes de contrôleurs en civil. Le tronçon Paris-Meaux fait actuellement office de ligne « pilote ». Si la RATP opère ce système depuis une dizaine d’années, le Transilien se lance aujourd’hui avec cette même finalité : « C’est une nouvelle formule pour répondre à la problématique de la fraude. L’opération civile crée une incertitude pour les fraudeurs, tout en rassurant les usagers qui payent leur titre de transport », analyse Kais Chibouni, dirigeant d’unité de proximité opérationnelle au sein de SNCF Transilien.
« Créer la surprise sans piéger »
« Vous restez bien en binôme, dans la mesure du possible entre deux portes et on communique sur What’s App. Aussi, vous gardez bien le brassard tout le long de la régularisation », détaille dans la salle de briefing, quelques minutes avant la montée dans le train, Charles Manivil. Lui, est à la tête du dispositif. « L’idée est de créer la surprise sans piéger. Il y a volet répressif mais aussi pédagogique », rappelle-t-il avant d’embarquer avec ses agents qui cachent sous leur tee-shirt, une machine de contrôle et une radio. Au bout de quelques minutes, chacun est sa place, au milieu des usagers.
Une fois les portes du train fermées, les premières amendes tombent rapidement. 50 euros si elle est réglée immédiatement, 100 euros en différé. Et ceux - « les refoulants » - qui cherchent à partir discrètement en voyant les agents en tenus tombent aussi rapidement dans le filet des « civils ». Au final, l’ensemble des voyageurs, est contrôlé, et au total, après un aller-retour, Paris-Chelles, plus d’une trentaine de contraventions ont été dressées par l’intégralité de l’équipe. Pour Benjamin, 40 ans, contrôleur depuis quinze ans, le travail présente des différences, avec ou sans l’uniforme.
« Nous avons affaire à des clients qui d’habitude partent quand ils nous voient »
« Comme les autres agents, je me suis porté volontaire pour être en civil. Ce n’est pas le même aspect. Nous devons par exemple bien nous présenter et surtout nous avons affaire à des clients que nous n’avons pas. Ceux qui d’habitude partent quand ils nous voient. Mais globalement cela se passe bien », affirme celui qui va continuer à alterner entre les « deux façons » de travailler. « La tenue met la personne dans une posture, un rôle. Forcément, en civil, ça change un peu. Ils ont été formés. Ils doivent davantage travailler sur l’observation et le discours », reprend Charles.
Pour le moment, SNCF Transilien n’a pas d’objectif chiffré sur ce dispositif. « Il est encore beaucoup trop tôt pour dresser un bilan. Pour le moment, ça reste positif, il n’y a pas d’éclat de voix », se félicite Charles, qui rappelle l’importance du titre de transport. « C’est un contrat entre l’usager et l’entreprise ferroviaire qui prend en charge ». Chaque annéela fraude sur le réseau Transilien coûte 63 millions d’euros à la SNCF, qui a engagé un renforcement du plan de lutte antifraude en 2016. D’ici la rentrée, d’autres lignes connaîtront des opérations de contrôle en civil.