Paris: Les Jeux olympiques 2024 dans la capitale? Pour eux, c’est un grand «non»
SOCIETE•Ce week-end, la mairie de Paris propose différentes manifestations pour célébrer la « Journée olympique ». Un événement placé sous le signe de la candidature de la capitale pour les Jeux de 2024. Les anti-JO aussi s’organisent…Romain Lescurieux avec N.C
L'essentiel
- Ce week-end, les 23 et 24 juin, Paris va célébrer la « Journée olympique »
- Des anti-JO prévoient des actions pour dénoncer cette « propagande »
- Le CIO (Comité international olympique) rend son verdict le 13 septembre prochain à Lima (Pérou)
Paris fait les yeux doux au CIO. Ce week-end, les 23 et 24 juin, le centre de la capitale va se transformer « en un gigantesque terrain de sport pour célébrer la Journée olympique », annonce la mairie de Paris, précisant que « cet événement d’une ampleur inédite sera placé sous le signe de la candidature de Paris 2024 ». « Ces deux jours démontreront une nouvelle fois à quel point Paris est prêt pour partager son amour de la pratique sportive et son enthousiasme à l’idée de pouvoir accueillir les Jeux en 2024 », se réjouit la maire de Paris, Anne Hidalgo.
Au programme : Une piste d’athlétisme flottante sur la Seine entre le pont Alexandre-III et le pont des Invalides, une traversée en kayak menée par Tony Estanguet, co-président de Paris 2024, ou encore un grand rassemblement aux Invalides en présence de coureurs, cavaliers et cyclistes. Alors que le CIO (Comité international olympique) doit rendre son verdict le 13 septembre prochain à Lima (Pérou), et que Paris semble en (très ?) bonne voie pour être désigné pays organisateur – un siècle exactement après ses derniers Jeux –, les Français, les Parisiens et Franciliens veulent-ils vraiment tous des Jeux olympiques en 2024 chez eux ?
« Je suis absolument contre »
De nombreux internautes ont répondu à notre appel : Pour ou contre l’organisation des Jeux olympiques 2024 dans la capitale ? Si certains sont favorables à l’organisation des JO dans sept ans à Paris, évoquant « un moment de fête dont nous avons besoin en les temps actuels » ou encore « une bonne chose pour le tourisme, la modernisation des transports et la croissance », d’autres s’y opposent.
« Je suis absolument contre la tenue des JO à Paris en 2024. L’afflux de touristes qui s’ensuivrait apporterait énormément de nuisances, notamment du bruit à toute heure et une augmentation des déchets », affirme Melissa, étudiante. « Je suis contre à 100 % car dans l’état où sont les finances en France et surtout pour la ville de Paris nous n’avons pas les moyens d’organiser un tel événement », note un autre internaute de 20 Minutes.
Même constat pour Claudine : « Tout le monde sait que les pays organisateurs en sortent systématiquement avec un déficit abyssal et que les emplois créés sont sans avenir, les équipements inadaptés et inutilisables, car surdimensionnés, trop éloignés et trop spécifiques ». Dans ce sens, certains ont décidé de s’organiser pour lutter contre la tenue des Jeux olympiques et d’inscrire leur action « dans le long terme ».
Des « actions » prévues par les anti-JO ce week-end
« Ce n’est pas normal qu’une décision aussi importante soit prise sans aucune consultation », introduit Frédéric Viale, membre de « Non aux JO 2024 à Paris ». Créé début 2017, ce collectif qui réunit 150 personnes prévoit des « actions » ce week-end pour s’opposer à « la propagande » et à ce « sport spectacle qui va coûter des milliards d’euros ». « Tous les Jeux olympiques se sont révélés ruineux pour les villes candidates. Rio a par exemple enregistré 247 % de dépassement budgétaire », explique-t-il. « Pour le moment on alerte la population mais nous ne sommes pas là pour être gentils », ajoute Frédéric Viale. Le collectif a lancé une pétition qui a récolté plus de 20.000 signatures.
« Nous, citoyens et citoyennes, n’acceptons pas que la candidature de Paris aux JO 2024 ait été prise sans nous. Non aux jeux de l’argent, du béton et des sponsors. Nous continuerons donc nos actions même après la décision du CIO », notent ceux qui exigent toujours un référendum.
Lors d’un déjeuner de presse à la mairie de Paris, le 15 juin dernier, Anne Hidalgo a réagi à cette demande. « Je suis dubitative. Bien souvent, les gens ne répondent pas à la question posée. Il y a le risque que l’enjeu soit détourné sur une autre question. On dit : “Les Jeux, ça coûter cher et ça ne sert à rien.” Si c’était le cas, je n’en voudrais pas. Moi je suis persuadée que ça va servir à notre ville. Et pour convaincre ceux qui ne le pensent pas, il faut un peu plus qu’une question à laquelle on répond par oui ou par non », avait-elle déclaré. Malgré tout, des élus parisiens continuent le combat.
« Aujourd’hui, l’idée est que cet événement soit le moins impactant possible »
Il y a plusieurs années déjà, Danielle Simonnet conseillère de Paris et coordinatrice du Parti de Gauche,avait lancé une pétition pour s’opposer à candidature de Paris. Aujourd’hui, elle ne compte pas désarmer. Le groupe écologiste de Paris (GEP), non plus. Davantage « critiques » que « véritables opposants » les Verts regrettent encore l’absence de consultation mais s’adaptent désormais. « Nous constatons que le projet est bien avancé et il est possible que Paris obtiennent les Jeux. Aujourd’hui, l’idée est que cet événement soit le moins impactant possible sur le plan environnemental, budgétaire et économique », explique David Belliard, co-président du groupe.
Selon lui, les moyens d’action restent « faibles » mais il reste toutefois un levier. « Actuellement, c’est davantage le CIO qui a besoin de Paris, car de moins en moins de villes veulent organiser cet événement. Utilisons cette situation, et demandons que tout dépassement de budget soit pris en charge par le CIO. »