REPORTAGEDes bénévoles enseignent le français en plein air à des migrants

Paris: Pour pallier «une politique défaillante», ils enseignent le français en plein air à des migrants

REPORTAGESous le soleil ou dans le vent, des bénévoles expliquent le français aux migrants à Stalingrad. Ces étrangers sont dans l’urgence d’apprendre la langue…
Camille Anger

Camille Anger

L'essentiel

  • Des cours de français destinés aux migrants se déroulent tous les jours de la semaine sauf le dimanche
  • C'est un moment de rencontres et d'apprentissage de la langue bien utile pour les étrangers en France

Un travail de titan mais surtout « dans l’urgence ». Celui d’enseigner le français aux migrants sur la Rotonde de la Villette. Aux abords du bassin, dans le 19e arrondissement de Paris, l’association Baam donne des cours en plein air depuis un an, tous les soirs de la semaine, sauf le dimanche.

Trois bénévoles écrivent sur des chevalets. Chacun d’eux lit et fait répéter des expressions à une trentaine de personnes. Aucune femme parmi les élèves. La plupart des hommes restent assis sur les marches des escaliers.

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« C’est à la survie »

Les arbres les protègent de l’ombre en été. Et du vent en hiver. « C’est à la survie », martèle les bénévoles. Pierre fait partie de ces courageux investis dans l’accueil des migrants. Un acte militant pour contrebalancer « une politique défaillante ». Cet infirmier à la retraite donne ainsi de son temps. Une mission qui risque de durer : « tant qu’il restera des migrants dans la rue ». Il fait comme il peut, avec ses moyens. « Mon seul diplôme, c’est le BEPC. »

Mercredi soir, le voilà parti à détailler un vocabulaire spécifique, celui de la maison. Pierre commence par la salle de bains. Les plus assidus tiennent dans leur main un cahier et notent tout, même la conjugaison des verbes. Ils reprennent le verbe « tirer » au présent, au passé composé et au futur proche. Puis, celui qui s’improvise professeur efface ses inscriptions sur le paperboard. Il passe à une autre pièce : la chambre.

Comment distinguer « la couette » de « la couverture », cerner la nuance entre « un tapis de bain » et « un tapis de sol » ? Abdoul, parti du Soudan en 2015, les traduit en arabe pour le groupe. A l’occasion, ce jeune homme de 26 ans aide les autres à comprendre le cours. Il aimerait pouvoir écrire en français. Un passage obligé pour accomplir les démarches administratives.

Une mission d’intégration

Salih, également arrivé en France en 2015. Ce réfugié d’origine afghane est plus âgé. Il a 40 ans. Ces cours de français lui ont déjà rendu service. « Après le démantèlement du campement de Stalingrad, nous nous sommes installés sur la place. Les cours existaient déjà à Pajol et nous en donnons aussi dans nos locaux. Cela fait partie de la mission d’intégration de l’association », explique Louise, jeune bénévole de 22 ans. Pas besoin de s’inscrire à l’avance pour suivre les leçons du Baam en extérieur, ni d’avoir une adresse. Certains quittent le groupe en cours de route tandis que d’autres raccrochent.

Pour Adam, Inam ou Ahmed c’est l’occasion de s’intégrer et d’approcher la société française. Dans le lot, certains sont très motivés. Louise assure en accompagner quelques-uns « depuis un an ». A la fin du cours, plusieurs élèves se regroupent autour d’elle. Pour trouver un emploi, une activité, de l’aide. Ou bien juste une présence.