Paris: Des voitures (électriques) vont circuler pour mesurer la pollution de l'air
ENVIRONNEMENT•Un dispositif inédit – Pollutrack – pour mesurer la pollution de l’air est lancé en région parisienne…Camille Anger
L'essentiel
- Un nouveau capteur de particules fines améliore le calcul déjà mené par Airparif
- Grâce aux capteurs mobiles, une cartographie sera publiée en temps réel pour connaître les taux de particules fines présents dans divers lieux de la capitale
- Le grand public aura accès à ces données à la fin de l’année 2017
Ces capteurs de pollution se fondent dans le paysage urbain. Une soixantaine de boîtiers bleus, posés sur le toit des voitures du groupe Enedis, permettent de mesurer le taux de particules fines dans l’air en Ile-de-France. D’ici l’été, 300 véhicules en seront dotés. « Les mini-stations complètent le système actuel mis en place par Airparif », introduit son directeur Frédéric Bouvier. Ce dispositif – Pollutrack – permettra, à terme, de mieux cibler les lieux de pollution.
Un relevé de la qualité de l’air en temps réel
Jusqu’alors, six millions de datas sont traitées toutes les heures grâce à « une quinzaine de capteurs placés dans différents lieux de la capitale » : Beaubourg, Porte Dorée, Porte d’Auteuil… Selon Airparif, association chargée de surveiller la qualité de l’air, « les plus gros points de relevés coûtent 200.000 euros ». A contrario, les prix des nouveaux capteurs recouverts de plastique s’échelonnent de 350 à 500 euros.
Avant la fin de l’année, le grand public aura accès à une nouvelle cartographie pour connaître en temps réel le taux de particules en suspension dans la région. Airparif continuera de comparer les taux des particules de 2,5 et de 10 microns de diamètre (PM 2,5 et PM 10) par rapport aux valeurs réglementaires, comme elle le réalise avec l’application Itiner’Air. Mais cet outil deviendra plus précis grâce aux capteurs mobiles qui transmettront des données toutes les 20 secondes au serveur d’Airparif à l’aide de la 3G.
Intégrés à la flotte du fournisseur d’électricité Enedis, « les nouveaux capteurs fonctionnent 24 heures/24 ». Alexandre a déjà eu l’occasion de rouler à bord d’un véhicule électrique doté du boîtier bleu. Cet agent qui circule dans Paris a vélo sait déjà qu’une fois mise en place, il se servira de la cartographie. « J’adapterai mon circuit en fonction des indices de pollution transmis », indique-t-il.
aPour protéger les enfants
La création du dispositif Pollutrack revient à Planet Watch 24. « Le but de cette démarche, c’est de faire sortir le diesel de Paris. Le gasoil devrait être réservé aux longs trajets », explique Philippe Poincelet, chef des opérations en Europe du think tank chargé de soutenir des projets écologiques pour la mairie de Paris. « Nous avons un rôle de leader et envie que nos enfants respirent », assume Anne Hidalgo. L’expérimentation de ces capteurs constitue « une première mondiale ». Elle est suivie de près par des associations environnementales.
Olivier Blond, président de l’association Respir requiert les témoignages liés à la pollution de l’air, notamment ceux des habitants proches du périphérique. Au cours d’une intervention dans une classe de 25 élèves à Pantin, il a découvert que « le quart des élèves se déclaraient asthmatiques ». A ses yeux, les habitants du nord-est de Paris incarnent « des victimes absolues ».
Ces inflammations des voies respiratoires sont bien imputables à la présence des particules fines selon Bruno Housset, professeur pneumologue et président de la Fondation du souffle. Il ressent « l’urgence de considérer les pics de pollution mais aussi la sommation de ces effets tout au long de la vie car cela peut jouer sur la santé des enfants à naître ». Environ 6.500 personnes par an meurent de la pollution sur le territoire du Grand Paris.