Seine-Saint-Denis : Une patiente morte en couches… Six mois de sursis requis pour deux médecins
SOCIETE•Décédée d’une hémorragie à l’hôpital de Montfermeil, une jeune femme de 29 ans venait d’accoucher d’une petite fille âgée aujourd’hui de 5 ans …20 Minutes avec AFP
La procureure a pointé un « cumul de fautes graves ». Vendredi à Bobigny, six mois de prison avec sursis ont été requis contre deux médecins en service le soir où une jeune femme de 29 ans est décédée d’une hémorragie après son accouchement à l’hôpital de Montfermeil ( Seine-Saint-Denis). La procureure a requis 2.000 euros d’amende chacun contre l’anesthésiste et l’obstétricien, jugés pour « homicide involontaire ».
La patiente était morte d’une hémorragie interne, quelques heures après l’accouchement par césarienne de son deuxième enfant, une petite fille aujourd’hui âgée de cinq ans.
Le transfert en réanimation en question
Il est reproché aux deux médecins de n’avoir transféré que « très tardivement » en réanimation la patiente qui présentait des symptômes pouvant laisser penser à une hémorragie et de ne pas avoir diligenté tous les examens nécessaires à temps.
L’ambiance était « électrique » ce soir-là a rappelé la procureure. En cause notamment la « mésentente » qui règne entre l’anesthésiste et les sages-femmes. Ces dernières parlent de « mépris », d'« invectives » de la part de la médecin. A la barre, le compagnon de la patiente, raconte même qu’une « dispute » éclate entre les sages-femmes et l’anesthésiste. Resté au chevet de sa compagne, c’est lui qui finira par « courir » à la recherche de la sage-femme, inquiet de son état.
La sage-femme constate le « teint cireux, les cernes » de la patiente. Elle appelle l’obstétricien qui préconise des antibiotiques et un transfert en réanimation. Mais il se range finalement à l’avis de l’anesthésiste, qui suspend le transfert. A l’audience, jupe rouge et veste bleue classiques, cette dernière est apparue sûre d’elle, maintenant avoir observé une amélioration « spectaculaire » de l’état de la patiente.
Peu après, le compagnon de la jeune femme, a dit sa « honte » de voir « tout le monde se rejeter la faute » et sa « déception » face à cette série de manquements qu’il ne s’imaginait pas possible dans un « hôpital en France ». L’établissement, où plus de 2.000 naissances ont lieu chaque jour, était poursuivi notamment pour ne pas avoir correctement organisé la surveillance post-opératoire des patients. Le soir des faits, il n’y avait pas d’infirmière en salle de réveil.
Le tribunal de Bobigny a également requis 20.000 euros d’amende contre l’hôpital de Montfermeil poursuivi en tant que personne morale. La décision est attendue le 30 juin.