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Vivre à La Chapelle-Pajol à Paris, vraiment un problème pour les femmes?

Les femmes ont-elles vraiment des problèmes à vivre dans le quartier parisien de la Chapelle-Pajol?

MIXITÉLes avis des femmes qui habitent le quartier divergent...
Lucie Bras

Lucie Bras

L'essentiel

  • Un article du « Parisien » a expliqué que les femmes étaient chassées des rues dans le quartier de La Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris.
  • Sur place, si certaines femmes reconnaissent un quotidien difficile, elles sont aussi nombreuses à aimer ce quartier multiculturel.
  • Une pétition a été lancée à l’adresse du président de la République. La mairie de Paris a annoncé une série de mesures pour améliorer les conditions de vie dans le quartier.

Les femmes seraient chassées des rues dans le quartier de La Chapelle, à Paris, d’après un article du Parisien paru ce vendredi, et qui a été particulièrement commenté, en particulier sur les réseaux sociaux. Pour les habitantes de cette zone située dans le 18e arrondissement de Paris, il y a bien un problème, mais qui ne tient pas forcément à la question du genre.

Quand on se promène du côté du square de la Chapelle, dans le nord de Paris, les hommes sont omniprésents dans l’espace public. A deux pas de la très bobo Halle Pajol, ils occupent la rue Pajol et les alentours. Les femmes ne font que passer, dans les bars, les commerces du coin et la station de métro.

Rue Pajol, un petit groupe de femmes prend une pause. Christelle, Chanez, Naomi et Fatou vivent, travaillent dans ce coin-là et trouvent que le quartier a changé. « Quand je rentre tard à la maison le soir, mon mari m’attend avant de se coucher », raconte Fatou. « On ne va jamais aller s’asseoir dans le square par exemple », lance Naomi. « Quoi ? Qui va m’empêcher d’aller dans le parc ? » répond Fatou avec un air de défi. « Tu peux, mais est-ce que tu vas le faire ? », rétorque la première. « Je me suis fait voler mon portable il y a trois jours. Quand j’ai finalement réussi à le récupérer, le voleur m’a insultée et m’a traitée de "pute". C’est toujours le premier mot qui leur vient à la bouche », soupire Chanez. « C’est désagréable pour une femme de vivre ici », avance une autre.

Une guerre de territoires

Dans ce quartier cosmopolite, des camps de migrants ont été démantelés l’an dernier. Il reste des groupes d’hommes qui s’y rassemblent, venus d’Erythrée, du Soudan ou d’Egypte, notamment en fin de journée. Une présence qui dérange certains passants. Plus qu’une discrimination de femmes, c’est une guerre de territoires qui se joue au quotidien. « Le soir, vers 16h-17h, ils sont tous là et se massent sur les trottoirs. On n’a plus de place pour passer, personne ne se pousse, on est obligé de descendre sur la route à côté des voitures », raconte Sour, 64 ans, pharmacienne dans le quartier. « Et ils salissent la rue : dès 10 heures, ils crachent et pissent partout », lance-t-elle, excédée.

Si certaines femmes ont reconnu une partie de leur quotidien, d’autres ont été sidérées par le contenu de l’article. « Non, je n’ai jamais eu aucun problème, désolée pour votre article », sourit Mathilde qui travaille dans le quartier depuis 6 ans. « J’ai été choquée par ce reportage, j’ai même réagi sur Facebook pour le dire. Je n’ai jamais eu de problème ici », répond Amandine 41 ans. Avec ses deux enfants, elle n’a aucune crainte de vivre à proximité de La Chapelle. « On vit dans la mixité culturelle, mais je fais ce que je veux. Il ne faut pas dire que les femmes ne sortent plus, c’est faux », ajoute-t-elle, en concédant qu’elle est parfois dérangée par les hommes qui stationnent dans le quartier sans rien faire de leur journée.

Plus de contrôles de police

« Ce quartier est plus complexe que ça », nuance Claire, 25 ans. « C’est une ambiance multiculturelle électrique. Il y a des bars où l’on trouve beaucoup d’hommes mais aussi des bars de femmes soudanaises. C’est une question de culture », avance celle qui s’est fait des amis parmi ces hommes qui vivent dans la rue.

Une pétition a été mise en ligne par des femmes à l’adresse d’Emmanuel Macron, pour essayer de faire bouger les choses et exprimer un ras-le-bol. Contactée par 20 Minutes, la mairie de Paris reconnaît que le secteur Barbès-La Chapelle peut générer un sentiment d’insécurité chez les femmes. « On a accompagné un certain nombre d’initiatives en la matière », explique Colombe Brossel, adjointe d’Anne Hidalgo en charge de la sécurité. « Nous finançons des marches exploratoires pour améliorer les aménagements du quartier. Nous préparons également un courrier au nouveau ministre de l’Intérieur pour assurer que le dispositif policier mis en place par le préfet précédent sera maintenu ». Sur Twitter, la maire de Paris Anne Hidalgo a également promis une augmentation des contrôles policiers ainsi que des actions de prévention pour améliorer la vie des habitants du quartier au quotidien.

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