PRESIDENTIELLES«La population française n’est pas désespérée au point de voter FN»

Seine-Saint-Denis: «La population française n’est pas désespérée au point de voter FN»

PRESIDENTIELLESLes étudiants rencontrés, près de l’université Paris 13 mercredi, sont déjà fixés pour le second tour des élections présidentielles…
Amandine, Khaoula et Kathleen, trois étudiantes de Paris 13 Université voteront au deuxième tour des élections présidentielles (Illustration).
Amandine, Khaoula et Kathleen, trois étudiantes de Paris 13 Université voteront au deuxième tour des élections présidentielles (Illustration). - C.ANGER
Camille Anger

Camille Anger

La double culture est dans leurs gènes. Au sein des 24.000 étudiants de l’université de Villetaneuse (Seine-Saint-Denis) à cinq jours des élections, on parle vote à venir, Marine Le Pen, Macron et racisme.

Barrer le FN

20 Minutes est allé à la rencontre d’une vingtaine d’étudiants autour de l’université Paris 13… Aucun n’a défendu la politique du FN.

Samia et Justine, « éduquées autour de valeurs contraires au FN », comptent bien voter dimanche. Leurs parents, d’origines portugaise ou algérienne, leurs instituteurs ou professeurs leur ont appris à « vivre ensemble et non pas dans la haine de l’autre », soutiennent-elles. Elles savent pour qui voter, comme Rémi. Etudiant de 23 ans, en économie gestion, il se méfie du discours « incohérent » de la candidate du Front national. « J’ai du mal à croire que Marine Le Pen, une fois élue, verse vraiment les 0.7 % du PIB aux pays en développement. » Ce mercredi soir, il a prévu de regarder le match de l’AS Monaco plutôt que le débat télévisé entre les deux candidats. « Ce sont juste deux personnes qui s’opposent, c’est contre-productif », défend-il. Des mesures liées à « la transition écologique ou à la répartition des richesses », promues par Jean-Luc Mélenchon, lui manquent. Même si « aucun des candidats au second tour ne l’a convaincu », il reste optimiste pour faire barrage au FN. « La population française n’est pas désespérée au point de voter FN », affirme-t-il.

Il n’a pas encore le droit de vote, mais Romain note tout de même « un discours devenu plus extrême. Ma mère est devenue plus crue quand elle parle politique ». L’élection présidentielle, il la suit de loin. Tout comme Mathieu et Philippe. Ces deux amis d’origines chilienne et vietnamienne affichent un certain je-m’en-foutisme par rapport aux élections. Mathieu voterait pour la première fois, pourtant. « Ce serait plutôt contre Marine Le Pen : elle vient de voler un discours ! » Mais déjà, au premier tour, il est resté chez lui. Dimanche prochain, la seule chose qui pourrait le pousser à se rendre aux urnes, ce serait « d’être accompagné », assure-t-il, mais « [ses] parents ne se déplacent pas non plus ».

Pas le choix

A 20 ans, un futur ingénieur s’attriste de « devoir voter pour le moins mauvais ». Choisir un président soulève en lui une question étrange. « C’est quoi le coup fourré ? » Si jamais Marine Le Pen gagnait les élections, « dans les cités, il faudrait s’attendre à une rébellion ». Dans le cas de Macron, « ça va juste être une déception ». « Un "Macron", c’est comme un "François Hollande" en plus petit, lui, ce n’est pas un président, c’est un banquier » avance ce partisan du Frexit.

Amin, 21 ans, étudiant en maths, est troublé par le résultat du premier tour et assume davantage son vote « pour contrer Marine Le Pen ». Cependant, Macron, s’il est élu, « ne va faire qu’augmenter les inégalités » déplore-t-il. En route vers la faculté, Hami marche vite. Il ne pourra pas regarder le débat de ce jeudi soir. « Je travaille », explique ce grand brun. Egalement étudiant en langues et civilisations étrangères, il ira voter dimanche. « Un bulletin blanc ou nul, c’est comme voter FN ! ». Aucun doute quant au candidat. « J’ai plus confiance en Macron intégré au système des banques qu’en quelqu’un qui traîne un fantôme du passé », poursuit le jeune homme.

Kathleen, Khaoula et Amandine passent des examens cette semaine. Toutes trois iront voter par défaut. « Je ne pensais pas voter pour Macron mais je n’ai plus le choix ! », assume la jeune femme voilée. A côté d’elle, deux amies aux cheveux rouge flamboyant, défendent des opinions contraires. L’une défend le vote blanc, l’autre est contre cette option.

>> Qui d'Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen correspond le mieux à vos idées ? Testez notre boussole ici dans sa version optimisée ou ci-dessous.

​​