VIDEO. Présidentielle: Manif lycéenne «ni Le Pen, ni Macron», «il ne reste que la rue pour s’exprimer»
REPORTAGE•Après le blocage d’une vingtaine d’établissements, un millier de lycéens ont marché ce jeudi à Paris pour protester contre l’affiche du second tour de l’élection présidentielle…Romain Lescurieux
L'essentiel
- Près d’un millier de lycéens ont marché ce jeudi entre République et cours de Vincennes pour dire « Ni Le Pen, ni Macron »
- Une vingtaine de lycées se sont mobilisés. Certains avec des blocus et d’autres avec un sit-in « pacifique » sans ralliement à la manifestation
Nassés par la police devant le lycée Maurice-Ravel (20e), plusieurs centaines de lycéens attendent démunis, mais continuent de protester. « Je suis là pour dire non au FN et au fascisme. Je ne peux pas voter, il me reste donc que la rue pour m’exprimer », s’exclame Romain, âgé de 15 ans et élève au lycée Arago (12e). Non loin, Mel, 17 ans, au lycée Bachelard de Chelles (Seine-et-Marne), acquiesce. « Nous ne pouvons pas voter mais nous sommes quand même là pour donner notre opinion », abonde-t-elle.
Comme eux, environun millier de jeunes se sont rassemblés jeudi à Paris pour protester contre l’affiche du second tour de l’élection présidentielle et plus globalement pour s’opposer au Front national et à la présence de Marine Le Pen dans la dernière ligne droite. Une journée qui a commencé par différents blocus, avant de partir en manifestation « sauvage ».
« Si Marine Le Pen arrive au pouvoir, nous, on n’aura pas rien fait »
A 8h30, une vingtaine d’établissements parisiens étaient « diversement mobilisés », selon le rectorat, quelques-uns totalement et la plupart juste avec un barrage filtrant à l’entrée. Au lycée Voltaire dans le 11e, des poubelles ont été placées devant les portes de l’établissement. Les manifestants ont posé dessus des pancartes avec les mentions « Ni Marine, ni Macron, ni patrie, ni patron », « leurs élections, notre avenir ». D’autres lycées ont tenu, eux, à rester davantage « pacifiques » et principalement anti-FN.
Un sit-in rassemblant plus de 300 personnes a été organisé devant le lycée Buffon dans le 15e arrondissement. Elise, 16 ans, à l’initiative de ce mouvement, rappelle le principe de leur action. « Ce n’est pas un blocus. On ne veut pas résoudre la haine par la haine », explique-t-elle. Selon Lolita, également à la tête du mouvement, « c’est désolant de voir qu’en 2002 tout le monde est sorti dans la rue alors que là, il ne s’est rien passé. Si Marine Le Pen arrive au pouvoir, nous, on n’aura pas rien fait. »
Comme mardi, plusieurs élèves invitaient donc les automobilistes à klaxonner pour dire « non » au Front national mais l’arrivée des forces de l’ordre vers 10 heures a interrompu ce happening. Assis, les lycéens ont alors à plusieurs reprises chanté La Marseillaise et rappeler leur motivation. « Nous, on ne peut pas voter mais on a envie d’agir », rembobine Elise, précisant dans la foulée que son établissement ne prendra toutefois pas part à la manifestation « sauvage » du jour.
Jets de bouteilles contre gaz lacrymo
A l’appel de mouvements de lycéen et étudiants « antifascistes » et « anticapitalistes », des manifestants se sont en effet donné rendez-vous place de la République. Regroupés vers 11h, ils ont ensuite rejoint la place de la Bastille, taguant sur leur chemin des abris publicitaires avec le slogan « Ni Le Pen, ni Macron » ou incendiant des poubelles. Une agence bancaire a également été détériorée.
Puis, peu avant 12h, les forces de l’ordre ont essuyé des jets de bouteilles en verre. Elles ont riposté avec des gaz lacrymogènes. Après avoir contenu les lycéens, au niveau de l’avenue Daumesnil, les policiers ont ensuite « accompagné » les manifestants.
La marche a repris dans une ambiance plus détendu au son de « tout le monde déteste le FN », « la jeunesse emmerde le Front national » et « François Fillon rend l’argent », armés de pancarte mentionnant notamment « Ni Dieu, Ni Maître » ou encore « ni banquier, ni raciste ».
Après un passage place de la Nation, le groupe s’est dirigé cours de Vincennes où se situent deux établissements parisiens régulièrement en tête de la mobilisation lycéenne, Maurice-Ravel et Hélène-Boucher. L’entrée de ce dernier s’est retrouvée encerclée par les forces de l’ordre, tout comme les ultimes manifestants.
De son côté, Mel, reste déterminée. « On rejoindra la manifestation du 1er mai. Car nous restons mobilisés contre Marine Le Pen et Emmanuel Macron » qui ont selon elle, des « programmes inadmissibles ».