VIDEO. Des policiers «en colère» et «en deuil» interpellent Emmanuel Macron et Marine Le Pen
REPORTAGE•Six jours après la mort de Xavier Jugelé, plusieurs centaines de policiers ont marché entre Montparnasse et les Champs-Elysées pour demander « plus de moyens » et de « considération »…Romain Lescurieux
L'essentiel
- Plusieurs centaines de policiers ont participé à cette « marche de la colère policière »
- Celle-ci a commencé par une minute de silence suivie d’applaudissements en hommage à Xavier Jugelé.
«Nous allons démarrer cette marche de la colère policière par un long moment de recueillement pour notre camarade et pour tous ceux qui sont tombés sous les balles des terroristes depuis Charlie », déclare au micro, Yves Lefebvre, le secrétaire général d’Unité-SGP Police FO.
Ce mercredi, plusieurs centaines de policiers ont crié leur mécontentement de Montparnasse au 102 des Champs-Elysées, l’endroit où Xavier Jugelé, l’un des leurs, a été assassiné il y a six jours, de deux balles dans la tête.
aDerrière une banderole « policiers en deuil » et aux cris de « policiers attaqués, société en danger », « rythme infernal, besoin d’une vie sociale » ou encore « reconnaissance pour la police en France », ces agents venus de toute la France se sont réunis pour demander « plus de moyens », « de protection » et de « considération ». Une marche « apolitique » qui « devra être écoutée par celui ou celle qui remplacera François Hollande à L’Elysée », selon Yves Lefebvre. Et organisée bien avant les récents événements.
« Aujourd’hui, la police est fatiguée, surmenée »
« Cette manifestation a été pensée il y a deux mois pour interpeller les deux derniers candidats à l’élection présidentielle avec cette question : quelle police pour demain ? Quel avenir de la sécurité en France ? », expliqueDaniel Chomette, secrétaire général délégué du syndicat Unité-SGP Police FO. « Aujourd’hui, la police est fatiguée, surmenée. Ça ne peut pas durer. Depuis le début de l’année, quatorze policiers ont mis fin à leur jour », rappelle-t-il. Dans le cortège, Guy, 44 ans, n’hésite pas à rappeler ce mal-être au sein de la police.
« Nous sommes la cible des terroristes et défiés par une partie de la population. Aujourd’hui, on a plus que jamais besoin de respect de l’administration et de la France », explique ce policier venu de Nancy. « A côté de ça, nos conditions de travail se dégradent. Alors, comment assurer la sécurité des Français quand il est impossible d’assurer la nôtre », demande-t-il, en marchant aux côtés de ses collègues.
Parmi leurs mesures réclamées figurent notamment l’augmentation nette de 150 euros par mois du salaire des gardiens de la paix et la possibilité de « passer à un rythme de travail qui leur permet d’avoir un week-end sur deux, contre un sur six actuellement ». Et évidemment, dans les rangs, tous ont une pensée pour Xavier Jugelé.
« Je m’inquiète pour mon fils policier »
« Nous sommes aussi là pour lui. C’est un moment de colère et d’hommage », confie Manuela, 37 ans, agent de police chargé de l’investigation dans le 10e arrondissement. « Ça aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous », ajoute celle qui est accompagnée de ses enfants et de son conjoint, venu « soutenir ». « Ils font un métier difficile et pas respecté. On condamne toujours la police », s’insurge-t-il. Comme lui, d’autres citoyens ayant des policiers dans leurs familles, sont venus rappeler leur considération pour cette profession.
« Je suis là pour soutenir les policiers. Leur métier est à risque et ils ne sont pas assez reconnus », s’exclame Christine, 69 ans. Son fils est policier aux Mureaux (Yvelines) depuis cinq ans. « Je m’inquiète pour lui quand je vois tout ce qu’il se passe. J’y pense tous les jours », affirme-t-elle.
Après une minute de silence et un clapping près de la Tour Montparnasse, les centaines de policiers se sont élancés avec en fond sonore une playlist en hommage à Xavier Jugelé, commençant par We are The World. De là, ils ont marché jusqu’à la place Vauban (7e arrondissement). Puis, dans un silence voulu volontairement « assourdissant », ils ont rejoint le 102, avenue des Champs-Elysées pour déposer des fleurs.