Paris: Grève des moniteurs d’auto-écoles car «la sécurité routière est bafouée»
REPORTAGE•Mardi, contre l’uberisation de leur métier, les moniteurs d’auto-écoles ont mené à Paris une opération escargot sur le périphérique vers le Champ-de-Mars…Camille Anger
Le mouvement contre l’uberisation de leur métier est national. Ce mardi, à 8 heures, les moniteurs d’auto-écoles ont bloqué les portes d’Auteuil, de Bagnolet, de Clignancourt et de Bercy en protestation contre l’uberisation de leur métier. Le secrétaire général de l’Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite (Unidec) Jean-Pierre Lemonnier refuse tout pronostic sur le nombre de manifestants. « Comme avec les élections », déclare-t-il. Une vingtaine de véhicules stationne Porte d’Auteuil. Les manifestants et syndicats, dont le Conseil national des professionnels de l’automobile (CNPA), convergent vers la Place Joffre, dans le 7e arrondissement de Paris. Un mouvement qui se déroule également à Toulouse, Lyon, Marseille et Nantes.
Le secrétaire de l’Unidec évoque « une sécurité routière bafouée du fait de prestations d’auto-écoles low-cost ». Début avril, le syndicat a demandé à Matthias Fekl de modifier le dossier d’inscription au permis. En l’absence de réponse ferme de la part du ministre de l’Intérieur, les responsables d’auto-école ont lancé cette grève
« Uberisation de la sécurité routière »
« La dématérialisation du dossier d’inscription n’est pas anodine », pointe Jean-Pierre Lemonnier. L’Unédic réclame plus d’encadrements et propose que cette démarche gratuite se fasse « dans toutes les écoles de conduite agréées mais également sur les bornes disponibles dans les mairies et utilisées pour les cartes d’identité ou les passeports ». Selon eux, s’inscrire au permis via son ordinateur personnel a entraîné des déviances. « La dématérialisation des dossiers d’inscription non contrôlée, c’est la porte ouverte aux plateformes digitales », déclare ce syndicat.
Jean-Pierre Lemonnier exerce depuis 25 ans le métier de moniteur d’auto-école. A Melun, il emploie 8 personnes. Il songe à en licencier deux. « Les plateformes et la présence de moniteurs indépendants sans agréments créent de la concurrence déloyale. Des procédures de licenciements économiques peuvent en résulter. » Un phénomène qui concerne 10.000 entreprises de formation à la conduite en Ile-de-France. Pour Clément, 40 ans, responsable d’une auto-école dans la région, « les embauches en CDI baissent et depuis 2 ans, les recrutements sont moins nombreux ». Cependant, « les nouveaux formés restent encore assurés d’avoir un boulot », tempère-t-il.
Parmi les professionnels présents à la porte d’Auteuil, une idée perdure : faire baisser le nombre de tués sur les routes. « Est-ce qu’un permis moins cher via les plateformes peut assurer la sécurité routière ? », s’interroge Christine, monitrice à Reims.