IMMOBILIERKremlin-Bicêtre: Des habitants obligés de vendre leur maison

Kremlin-Bicêtre: Des habitants obligés de vendre leur maison pour laisser place à un écoquartier

IMMOBILIERPrès de soixante habitants du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) reçoivent actuellement des lettres de l’établissement public foncier d’Ile-de-France (EPF). L’organisme souhaite acquérir leurs biens immobiliers…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

Portes murées, fenêtres condamnées, portail enchaîné. Depuis quelques mois, la rue de la Réunion et ses alentours, au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), se vide de ses habitants. La raison : une future opération immobilière d’écoquartier dans le secteur, tout près de la station de métro « Kremlin-Bicêtre Hôpital » - dans le prolongement de la ligne 14 – qui verra le jour en 2027. « Et nous, nous serons où d’ici là ? En tout cas, aujourd’hui, nous sommes pris à la gorge », s’exclame Daniel, 71 ans, devant l’entrée de sa maison.

Le 17 janvier dernier, cet habitant a reçu une énième lettre del’établissement public foncier d’Ile-de-France (EPF) concernant l’acquisition de son pavillon et de son terrain. « Je ne suis pas contre le futur projet immobilier, mais ils ne peuvent pas prendre nos biens pour une bouchée de pain », ajoute-t-il.

« Ils proposent de racheter les biens entre 30 et 20 % moins chers »

En 2015, un nouveau PLU (Plan local d’urbanisme) est approuvé par le conseil municipal pour dessiner le « Kremlin-Bicêtre Horizon 2030 ». Mandaté par la mairie, l’établissement public foncier d’Ile-de-France (EPF) est alors missionné pour acquérir les terrains du secteur se situant près de l’hôpital. A quel prix ? C’est tout le problème pour certains des soixante propriétaires à se retrouver sous la contrainte de vendre leur bien immobilier à ce seul et même opérateur.

« Ils font ce qu’ils veulent et ils proposent de racheter les biens entre 30 et 20 % moins chers que le prix du marché », explique Daniel. Lui, possède depuis plus de vingt ans ce pavillon estimé « aux alentours de 450,000 euros pour 90 mètres carrés ». Mais la lettre d’acquisition de l’EPF que 20 Minutes a pu consulter mentionne 390.000 euros. « Je veux bien vendre mais au prix juste », reprend Léon, 76 ans, un autre voisin. A ses côtés, Sylvie, attend, elle, la fameuse lettre de l’EPF.

« Je suis concernée mais je n’ai encore rien reçu. J’aimerais pourtant savoir quand nous allons être mangés », dit-elle. Ces riverains comptent saisir prochainement un juge de l’expropriation. Contacté, Jean-Marc Nicolle, le maire (MRC) du Kremlin-Bicêtre tient à recadrer la situation.

« Nous n’y allons pas au bulldozer »

« Il y a dans ce secteur des biens entretenus mais globalement c’est un quartier assez dégradé et en état de délabrement. D’où ce projet de réaménagement », affirme l’élu. « Mais nous n’y allons pas au bulldozer. Nous ne sommes pas dans la précipitation », précise-t-il. Jean-Marc Nicolle dit ne pas souhaiter aller jusqu’à « une procédure d’expropriation ». « Nous ne mettons pas les gens dehors, il y a des discussions et notamment des propositions de logements à prix maîtrisés », conclut-il.

Mais Daniel, lui, regrette le manque de dialogue avec la mairie et surtout de perspectives. « Je me suis endetté pour mon pavillon, ce n’est pas pour finir mes jours en regardant l’autoroute depuis leur écoquartier », note celui qui n’entend donc rien lâcher.