Yvelines: Arbres tronçonnés, millions dépensés, trajet contesté... Polémique autour du tram-train à Saint-Germain-en-Laye
ENVIRONNEMENT•À Saint-Germain-en-Laye, l’ouverture d’une liaison entre deux gares avec un tram-train soulève de vives polémiques…Camille Anger
«C’est la seule ligne de RER où nous pouvons arriver au pied de la forêt », s’exclame Dominique*, une bénévole d’Ensemble pour l’environnement de Saint-Germain-en-Laye et de sa région (EPESG). Elle fait partie des quelque trois mille opposants à la mise en place de « la virgule », une liaison en tram-train prévue pour relier les deux gares de Saint-Germain-en-Laye d’ici 2020: celles de Saint Germain Grande Ceinture et du RER A, distantes par la route de 2,1 km, soit dix minutes en voiture.
« Pour un Grand Paris des transports »
Le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), la RATP, la SNCF, la région, le département et l’État ont prévu la création de cette « virgule » et la prolongation d’une ligne existante : celle de Saint Germain Grande Ceinture vers Noisy-le-Roi. Ils l’ont nommée le Grand tram 13 Express dite la Tangentielle ouest (TGO). La « virgule » comprendra un arrêt au Camp des loges, près du centre d’entraînement actuel du PSG.
Le TGO s’inscrit dans « la même philosophie que celle du Grand Paris Express », souligne le Stif, « pour faciliter les déplacements de banlieue à banlieue ».
Marche avant toute vers l’urbanisation ?
Les tronçonneuses ont commencé à sévir. Plus de 1.000 arbres ont déjà été abattus, « des chênes en majorité », s’indigne Julien Lacaze, vice-président de la Société pour la protection des paysages et l’esthétique de la France (SPPEF). Un échange de parcelles entre les domaines de Rambouillet et de Saint-Germain-en-Laye a été décidé pour compenser la perte de 2,5 ha de forêt. « Mais la pression immobilière entre ces deux secteurs est bien différente », pointe du doigt le vice-président de la SPPEF.
Pour une bonne gestion de l’argent public
Au-delà du « massacre de la forêt domaniale », comme l’évoque Julien Lacaze, Dominique au sein de l’EPESG dénonce « un projet coûteux malmené ». Les dépenses prévues pour cette virgule, soit environ 140 millions d’euros estimés, représente, selon elle, un « gâchis d’argent public ». Elle s’interroge sur l’intérêt de faire passer une ligne de tram-train en forêt plutôt que d’envisager un système de transport en commun en centre-ville. « Pourquoi n’avons-nous pas développé un système de bus électriques ou de navettes autonomes pour relier les deux gares », s’interroge-t-elle.
Gérer un important flux de voyageurs
L’Association des Usagers du RER A - ADURERA a relayé sur sa page Facebook la pétition en ligne contre la « virgule » et dénonce un projet obsolète.
Toutefois, depuis « plusieurs dizaines d’années, tout le monde souhaite un accès à Poissy et Cergy sans faire des détours par le RER et la solution est là enfin. C’est un projet ambitieux et coûteux mais nécessaire au bon vivre de notre commune », a commenté un internaute sur cette pétition.
Selon le Stif, « il faut gérer un flux important de passagers ». Leur estimation prévoit une fréquentation de la Tangentielle ouest de « 21.000 voyageurs par jour ». Leur calcul s’appuie sur « le trafic actuel, la densité des habitations, le bassin économique, les habitudes de transports et d’autres projets éventuels ».
Au sein de l’EPESG, une des membres voit mal comment la ligne TGO, peu fréquentée, pourrait le devenir « même avec un prolongement vers Achères ». Car « le train, souligne Dominique, circule quasi-vide entre Saint-Germain-Grande-Ceinture et Noisy-Le-Roi ».
Trouver « une vraie alternative à la voiture »
Pour le Stif, de passer par le centre-ville oblige à repenser une desserte prenant en compte l’étroitesse des rues et un fort trafic aux heures de pointe. « Si les voyageurs devaient descendre de la ligne TGO pour attendre une navette ou un bus et se rendre jusqu’à la gare, le trajet serait moins rapide et moins confortable. Le syndicat a choisi « une alternative à la voiture ». À mi-chemin entre le tramway et le train, il défend « un mode de transport écologique ». Électrique et silencieux, le tram-train pourrait attirer « environ 15 % des utilisateurs de la voiture ».
Les défenseurs de l’environnement restent sur le qui-vive car une infrastructure devrait protéger le passage du « tram qui reste un train », comme l’a évoqué un membre de l’EPESG. « La pose de grillages peut perturber la vie des animaux en forêt ».
Si le projet rapproche les parisiens de la forêt, il reste selon les opposants à trouver une solution plus en adéquation avec la ville et le patrimoine naturel.
* Le prénom a été modifié.