Piétonisation des voies sur Berges : La région Ile-de-France fait trois propositions
CIRCULATION•Estimant que la fermeture aux voitures de la berge rive droite n’entraine que des difficultés à Paris, Valérie Pécresse a planché sur trois scénarios alternatifs qu’elle a présentés ce jeudi…Fabrice Pouliquen
La guerre des chiffres et des enseignements qu’on en tire se poursuit au sujet de la piétonnisation des voies sur Berges effective depuis cet été. Il y a deux jours, la ville de Paris notait que le trafic se réduisait et que la pollution ne s'aggravait pas. Ce jeudi midi, le Comité d’évaluation régional de la fermeture des voies sur berge, crée par Valérie Pécresse et présidé par l e professeur Pierre Carli, médecin chef du Samu de Paris, remettait son troisième rapport sur le suivi et l’évaluation des impacts de la mesure sur la période de septembre à décembre.
« Reports de trafic et étalement des heures de pointe »
Les conclusions sont toutes autres. En s’appuyant notamment sur les chiffres d’Airparif (sur la qualité de l’air en Ile-de-France) et de Bruitparif (observatoire du bruit en Ile-de-France), le comité d’évaluation régionale observe «un impact négatif [de la piétonnisation des voies sur Berges] qui se confirme en centre-ville de Paris». Pierre Carli évoque des allongements de temps de parcours, une hausse du bruit et même des émissions de polluant sur les quais hauts et le boulevard Saint-Germain. « Sur les quais hauts, la circulation est difficile, constate Pierre Carli. Elle sature aux heures de pointe, le matin et le soir. Il y a de reports de circulation sur d’autres axes, mais aussi un étalement des heures de pointe. »
Trois scénarios « plus doux »
Mais cette fois-ci, au-delà du bilan, la région Ile-de-France fait des propositions. A la demande de Valérie Pécresse, l’IAU (Institut d’aménagement et d’urbanisme) a planché sur trois scénarios alternatifs à la piétonnisation actuelle des voies sur Berges. « Nous sommes aussi pour qu'il y ait moins de voitures dans Paris, assure la présidente de région. Mais nous voulons le faire de manière plus équilibrée, plus progressive, plus douce. »
Ces trois scénarios rétablissent ainsi tous la circulation automobile sur les quais bas. Le premier prévoit une voie classique pour assurer le transit de Concorde au port de l'Arsenal. « A la demande du préfet de police de Paris, une voie est déjà conservée sur les berges de Seine pour faciliter la circulation des véhicules de secours, rappelle Fouad Awada, directeur général de l’IAU Ile-de-France. Faut-il réserver cette voie aux seuls véhicules de secours ou peut-on également s’en servir pour délester les voies sur les quais hauts, ne serait-ce à certains moments de la journée ? »
Le deuxième scénario s'inscrit aussi dans cet état d’esprit. Il rétablirait une voie « apaisée » sur les quais bas sur laquelle les voitures circuleraient à 30 km/h, tout en conservant des couloirs, à côté, pour les vélos et les piétons. Le troisième scénario, lui, revient à l'ancienne configuration sur les quais bas. Il y rétablit les deux voies classiques de circulation avec un mince trottoir pour les piétons.
Repenser les quais hauts
Voilà pour les quais bas. Mais c’est surtout sur les quais hauts, juste au-dessus, que la région propose d’agir. Le projet de la ville de Paris, présenté en janvier, prévoit de conserver une à deux files pour les voitures sur ces quais hauts et de les encadrer par des couloirs dédiés aux transports en commun et aux vélos.
Les trois scénarios de l’IAU, eux, intègrent tous l’arrivée d’unbus à haut niveau de service (BHNS) et lui octroient un couloir de circulation. A côté, les scénarios 1 et 3 prévoient deux voies apaisées (vitesse maximum de 30km/h) mais aussi des trottoirs élargis et une piste cyclable à double sens. Le scénario 2, lui, ne prévoit pas de trottoirs élargis et ne garde qu'une piste cyclable à sens unique. Il rétablit aussi trois voies classiques pour les voitures.