Vignettes antipollution: «On ne vous demande pas de vendre votre voiture, mais de vous déplacer autrement en semaine dans Paris»
INTERVIEW•Christophe Najdovski, adjoint d’Anne Hidalgo chargé des transports, répond aux questions de 20 Minutes avant l’entrée en vigueur, lundi, de nouvelles mesures de lutte contre la pollution automobile…Fabrice Pouliquen
Zone à circulation restreinte, vignettes Crit’air, circulation différenciée, véhicule non classé… Lundi marque l’entrée en vigueur à Paris de nouvelles mesures pour lutter contre la pollution automobile. Vous n’y comprenez rien ? Christophe Najdovski, adjoint (EELV) d’Anne Hidalgo chargé des transports, apporte quelques éclaircissements à 20 Minutes. Surtout, il affirme que ce n’est pas fini.
Qu’apporteront de plus ces vignettes Crit’air ?
Elles permettront déjà de cibler directement les véhicules les plus polluants lors des prochains pics de pollution. Mais ce n’est pas leur rôle premier : ces vignettes serviront aussi à réduire la pollution de fond, la pollution chronique. A partir de ce lundi, Paris devient une zone à circulation restreinte (ZCR). Seuls les véhicules qui disposeront d’une vignette pourront circuler dans Paris en semaine, de 8h à 20h. Les autres, les véhicules non classés car trop anciens [voir graphique], ne pourront plus le faire. On assainit ainsi le parc automobile francilien en retirant de la circulation parisienne les véhicules les plus polluants.
Cet été, vous aviez déjà annoncé que les véhicules non classés n’avaient plus droit de circuler la semaine à Paris de 8h à 20h…
C’est vrai. Simplement, nous étions jusque-là dans une phase de pédagogie. De nombreuses opérations de sensibilisation ont été menées depuis cet été par la police, place de la Nation ouplace de la Concorde pas plus tard que mardi dernier. Lundi, nous passons à la phase suivant. Les automobilistes qui circuleront à Paris au volant d’un véhicule non classé, en semaine entre 8h et 20h, recevront des amendes.
« Tant qu’il n’y aura pas de solutions de transports en commun fiables, qui nous permettent d’arriver à l’heure, les gens se tourneront vers leur voiture »… Voilà ce que nous disaient des automobilistes parisiens sensibilisés mardi place de la Concorde. Entendez-vous ce discours ?
Nous avons tout de même en Ile-de-France l’un des meilleurs systèmes de transport en commun au monde. Je ne sous-estime pas les difficultés auxquelles sont confrontés les usagers des transports. Je prends moi-même chaque jour le métro. Mais nous ne demandons pas aux gens de vendre leur voiture. Nous leur disons simplement : déplacez-vous autrement qu’avec un véhicule polluant en semaine de 8h à 20h à Paris. Aujourd’hui, il existe des alternatives à la voiture individuelle. Je ne parle pas seulement les transports en commun. Beaucoup de Parisiens aimeraient se déplacer à vélo, mais ils ne le font pas parce qu’ils ne sentent pas en sécurité. Nous y travaillons.
Valérie Pécresse a annoncé cette semaine la fin de la gratuité des transports en Ile-de-France en pic de pollution pour l’instauration d’un ticket à 3,80 € valable la journée… Fallait-il le faire ?
C’est un mauvais signal envoyé aux Franciliens. La première chose à faire était de demander à l’Etat de prendre en charge financièrement le coût que représente la gratuité des transports lors d’un pic de pollution. L’Etat est responsable de la lutte contre la pollution. C’est d’ailleurs l’Etat, via la préfecture de Police de Paris, qui déclenche les opérations de restriction de circulation.
Au 6 janvier, seulement 500.000 Franciliens avaient commandé leur vignette Crit’air. Ce chiffre vous inquiète-t-il ?
C’est à peu près 10 % des automobilistes franciliens. Il faudra continuer les opérations de communication pour que tous s’équipent. Je le rappelle, la vignette est obligatoire à compter de ce lundi. Certes, pour l’instant, ne pas l’avoir sur le pare-brise n’entraînera pas automatiquement une amende [sauf si vous roulez à bord d’un véhicule non classé]. Mais un décret ministériel est en préparation. Quand il passera, l’absence de vignettes sur le pare-brise donnera lieu à une amende.
L’été prochain, ce sont les voitures de la classe 5 qui n’auront plus droit de rouler entre 8h et 20h dans Paris en semaine… Vous confirmez ?
Oui, l’arrêté municipal a été pris. Cette catégorie 5 est composée des voitures diesel Euro 2 et Euro 3 [voir ci-dessous], c’est-à-dire celles immatriculés entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2000 inclus. Cette nouvelle phase est programmée pour le 1er juillet 2017. De mémoire, cette catégorie représente 3 % des véhicules circulant dans Paris, mais elle est à l’origine de 11 % des émissions de particules fines et 15 % des émissions d’oxyde d’azote.
Faut-il s’attendre à ce que les restrictions de circulation s’étendent à d’autres catégories de véhicules par la suite ?
Ce n’est pas encore décidé. Nous voulons aussi discuter de l’extension de la ZCR à l’échelle de la métropole du Grand Paris et non plus seulement à Paris intra-muros. Je ne veux donc pas préempter des décisions futures qui pourraient être prises avec d’autres communes du Grand Paris.