PETITS SERVICESLulu dans ma rue, la conciergerie sociale s’étend à tout Paris

Lulu dans ma rue : Les petits services de la conciergerie s’étendent à tout Paris

PETITS SERVICESRecréer une vie de quartier et assurer à des Parisiens serviables des compléments de revenus. Voilà l’idée de départ de la conciergerie Lulu dans ma rue, parti d'un kiosque à journaux du Marais en avril 2015...
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Peu à peu, les « Lulu dans ma rue » tissent leur toile dans lParis. Ces concierges d’un nouveau genre promènent vos animaux, livrent vos courses, gèrent vos clés, vous déménagent un meuble encombrant, retouchent vos vêtements, gardent vos enfants… Bref, ils peuvent très certainement vous enlever une épine du pied.

Cinq nouveaux kiosques et une couverture de tout Paris

La communauté est partie d’un ancien kiosque à journaux sur la place Saint-Paul, dans le Marais en avril 2015. Un an et demi plus tard, aidés par la ville de Paris, les « Lulus » viennent d’investir le kiosque de la rue Levis à Villiers (17e). « Suivront, dans les prochaines semaines, les kiosques de la rue Daguerre (14e), de la place du Commerce (15e), de la place Gambetta (20e) et, nous l’espérons bientôt, un autre encore dans le 18e », liste Charles-Edouard Vincent, à l’origine du projet.

Mais peu importe les kiosques au final. « Ce sont des vitrines importantes, poursuit l’entrepreneur parisien. Mais il y a des Lulus dans tout Paris aujourd’hui. Ils interviennent dans tous les arrondissements, que nous y ayons un kiosque ou non. »

Démocratiser les conciergeries

Les Lulus sont 115 aujourd’hui. Charles-Edouard Vincent visent les 200 très vite, 1.000 à terme. En avril 2015, il avait démarré avec une quinzaine, dans l’idée de dépoussiérer le concept des conciergeries. De ne plus les réserver aux personnes fortunées et en faire même une pierre angulaire de la vie de quartier. Les prix sont ainsi modiques : de 5 à 20 euros les 30 minutes suivant le service, des sommes à diviser par deux après déduction des impôts.

Les six premiers mois, Lulu dans ma rue tâtait le terrain, cherchant à savoir s’il répondait à un besoin. Aujourd’hui, Charles-Edouard Vincent ne doute plus : « En un an et demi, nous avons répondu à 13.000 demandes rien que sur le Marais, précise-t-il. Avec quatre « blockbusters » : le bricolage, le ménage et les repassages, la quête de gros bras, typiquement pour descendre un carton à la cave, et pour finir l’aide informatique. »

« Coudre des hamacs pour chat »

Mais les Lulu ont dû aussi répondre à des demandes des plus insolites. « Jusqu’à coudre des hamacs pour chat », lance Emma Virey, salariée de Lulu dans ma rue. Elle prend aussi l’exemple d’une Lulu arrivée dans la communauté pour promener des animaux et qui « s’est retrouvées à donner des cours d’Italien, sa langue natale, pour plusieurs habitants de son quartier ».

Pourquoi pas après tout. C’est l’un des objectifs que dit poursuivre depuis le début Charles-Edouard Vincent : créer de l’activité économique et de l’emploi dans un secteur miné par le travail au noir. Dans ses lulus, il y a de tous les profils, insistent-ils. Des étudiants, des retraités, des gens en reconversion qui cherchent tous des compléments de revenus. Mais aussi des personnes en difficultés sociales (titulaires du RSA notamment) pour lesquelles « Lulu dans ma rue » apporte un soutien renforcé et touche une subvention de la mairie.

Le même modèle qu’Uber ?

Tous ces lulu sont des autoentrepreneurs. D’une certaine façon, l’entreprise de Charles-Edouard Vincent ne met qu’en relation des concierges avec des clients en prenant au passage une commission de 18 % sur les transactions. Le modèle n’est pas sans rappeler celui d’Uber, souvent décrié.

Charles-Edouard Vincent, qui a lancé par le passé le chantier d’insertion Emmaüs Défi, rejette la comparaison. Il reconnaît juste utiliser les mêmes outils du numérique que la firme californienne. « Tout dépend ensuite de l’usage qu’on en fait, précise-t-il. Lulu dans ma rue est avant tout un projet social. » Charles-Edouard Vincent a alors des garde-fous pour ne pas dévier de sa route : « Le projet Lulu dans ma rue est porté par une association qui est au conseil d’administration de l’entreprise. Elle a un tiers des voix. »