Paris: Ce jeudi soir, à Ménilmontant, c’est cuisine de rue
GASTRONOMIE•Le Food market de Belleville donne rendez-vous deux jeudis par mois à Menilmontant pour un marché-cantine qui concentre des cuisines du monde. Un concept nouveau pour Paris…Fabrice Pouliquen
Jeudi soir, vous concoctera de la viande fumée façon texane. vous fera découvrir le très british « scotch egg », un œuf mollet entouré de chairs à saucisses panés, tandis qu’ vous proposeront, un peu plus loin, de l’agneau mariné à la plancha venu tout droit du . Et si ça ne vous va pas, vous pourrez toujours opter pour les croque-monsieur du , les burgers du , les spécialités argentines d’ …
Avec des bancs et des tables pour manger sur place
Ce concentrée de cuisine du monde s’installera à Ménilmontant sur le terre-plein central du , comme c’est le cas deux jeudis par mois depuis juillet dernier. De 18h30 à 22h30, une vingtaine de restaurateurs se font face entre les métros Ménilmontant et Couronnes, tandis que des bancs et tables sont dressés aux extrémités pour manger sur place.
Tel est le concept du , premier marché-cantine régulier à Paris. Une première tentative avait été amorcée en juillet 2015, mais ce marché de cuisines de rue avait dû rapidement se mettre en veille pendant six mois. Le voilà de retour depuis cet été et ça marche : l’événement réunit entre 5.000 et 8.000 visiteurs à chaque édition.
Pas encore ancrée dans la culture parisienne ?
Derrière ce projet se cache Virginie Godard, une Parisienne trentenaire, amoureuse du 20e arrondissement qu’elle habite. L’idée lui est venue à Berlin, début 2014, en tombant sur un food-market dans le quartier populaire de. « Ça se passe dans une grande halle, raconte-t-elle. J’y ai trouvé, dans une ambiance bon enfant, des gens de tous styles, de tous âges, de tous genres. C'est ce qui m'a plu.»
Berlin n’est qu’un exemple. Virginie Godard a d’autres références. L’Asie, où la « cuisine de rue est un vrai style de vie », Sydney, New York, sans oublier Londres, « avec le dans l’est de la ville »…
Mais à Paris, rien ou pas grand-chose. « On s’est longtemps limités à des événements ponctuels, explique Virginie Godard. Des festivals comme le au Carreau du temple. Mais il n’y avait pas de marchés réguliers, peut-être parce que Paris a encore un peu moins cette culture de la Street food malgré l’essor récent des food trucks. »
Une charte éthique et pas de food trucks
Avec le Food Market, Virginie Godard ne cherche pas à copier-coller ce qui se fait à l’étranger mais au contraire à mettre son marché à la sauce parisienne. Voilà pourquoi elle ne s’est pas mise en quête d’un grand hangar désaffecté et couvert de graffitis qu’il n’est pas rare de trouver à Berlin. « Ce n’est pas dans l’ADN de Paris, estime-t-elle. En revanche, ce qu’on a de très beau ici et que peu de villes ont ailleurs, ce sont les marchés en pleine rue. C’est peut-être même plus facile d’accès pour les plus timides. Je ne suis pas sûr que ma mère aurait osé entrer au street-market de Kreuzberg. »
Pour le reste, Virginie Godard a rédigé une charte éthique qu’elle s’applique dans le choix des restaurateurs. « Tout doit être fait maison, les produits doivent être au maximum locaux et ne pas être issus de la grande distribution, même les boissons, et les plats ne doivent pas excéder les 10 euros, liste-t-elle. Le Food Market ne s’ouvre pas non plus aux food trucks. Non pas que Virginie ne les aime pas, « mais le food-truck s’adresse encore aujourd’hui qu’à une certaine catégorie de restaurateurs qui ont déjà l’assise financière pour s’acheter un camion et payer un stationnement dans la capitale. »
Donner sa place à d’autres
Le Food Market voulait donner sa place à d’autres. Comme à , l’école du chef étoilé Thierry Marx, ouverte dans le 20e, et qui réinsère des jeunes sans diplômes et au chômage en les formant aux métiers de la cuisine. Le Food Market devient alors pour ces étudiants l’occasion d’un exercice grandeur nature autour d’un plat street-food. Comme aussi , le local de l’étape puisque ce petit restaurant est situé sur le boulevard de Belleville. « Jeudi sera notre dixième participation, indique Bruno Duval, le cogérant, toujours autant emballé. Le quartier est déjà très animé, mais le Food Market apporte un plus. Il fait venir à Ménilmontant des touristes, des gens de tout Paris. Des bobos, on peut le dire. C’est une belle façon pour nous de se faire connaître. »