LOGEMENTEst-il prudent d'élargir l'encadrement des loyers à la couronne parisienne?

Encadrement des loyers: Est-il prudent d'élargir le dispositif à la couronne parisienne?

LOGEMENTPour l'instant en vigueur qu'à Paris, l'encadrement des loyers devrait s'appliquer à 412 communes d'Ile-de-France d'ici 2018. Pourtant, le dispositif n'a encore rien prouvé selon ses détracteurs...
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et des franges urbaines des Yvelines, de l’Essonne et de la Seine-et-Marne… L’encadrement des loyers, en vigueur à Paris depuis août 2015, change de braquet. Emmanuelle Cosse, ministre du logement, a annoncé ce jeudi l’extension de ce dispositif de la loi Alur à 412 communes d’ile-de-France regroupant près de 10 millions d’habitants.

« Redonner du pouvoir d’achat »

Ce n’est pas pour tout de suite, mais pour 2018, le temps que l’Olap (Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne) établisse les loyers de référence, quartier par quartier. Le principe restera ensuite le même : à la signature d’un nouveau bail ou lors d’un renouvellement, le loyer d’un logement ne pourra pas dépasser de 20 % ce loyer de référence.

Bonne nouvelle ? Coté locataire, oui forcément, l’encadrement des loyers ne peut pas faire de mal. Emmanuelle Cosse voit dans le dispositif le moyen de redonner « du pouvoir d’achats aux ménages ».

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Les professionnels de l’immobilier, eux, sont plus réservés. Didier Camandona, président de la Fnaim Grand Paris, est le moins tendre : « Cet encadrement des loyers n’était déjà pas une bonne nouvelle pour Paris. Alors l’étendre à la région francilienne… ». Thomas Lefebvre, directeur de la Recherche et développement chez meilleursagents.com, évoque plus « un élargissement précipité du dispositif sans avoir étudié ses réels impacts sur le marché immobilier parisien ».

Toujours des loyers à la hausse à Paris…

C’est que l’encadrement des loyers n’a pas (encore) permis de faire baisser les loyers à Paris. « Sur 2015, nos estimations tablent sur une hausse de 0,3 % des loyers dans l’agglomération parisienne l’an dernier et entre 0,4 et 05 % dans Paris intra-muros », indique Geneviève Prandi, directrice de l’Olap qui communiquera ses chiffres définitifs en juillet. C’est certes la plus faible hausse des loyers observée à Paris depuis 2001. « Mais qui ne doit rien à la loi Alur, estime Didier Camandona. Cette décélération avait été entamée avant. »

Passons. De toute façon, pour Ian Brossat, l’objectif premier de l’encadrement des loyers n’est pas tant de faire baisser la moyenne des loyers à Paris « mais de raboter les loyers les plus scandaleux ». Sur ce point, l’adjoint PCF d’Anne Hidalgo en charge du logement, voit du mieux à Paris. « En août 2015, 46 % des logements de la capitale étaient plus de 20 % au-dessus des loyers de références établis dans leur quartier. Ce chiffre est de 30 % aujourd’hui. »

Mais ces 30 % ont été atteints dès septembre. Depuis, ça ne baisse plus, constate-t-on à meilleursagents.com. « Surtout, il y a de fortes disparités d’un quartier à l’autre, note Thomas Lefebvre. Aux abords de la bibliothèque François-Mitterrand, 55 % des logements dépassent de 20 % leur loyer de référence. Près de Notre-Dame, on atteint même les 60 %. »

Moins de biens sur le marché locatif à long terme ?

L’encadrement des loyers serait donc encore peu respecté à Paris. La mesure aurait toutefois déjà un impact sur le comportement des propriétaires. « Beaucoup cherchent à vendre ou se tournent vers la location touristique de courte durée [type Airbnb], assure Didier Camandona. Or, si le nombre de biens à louer baisse, les locataires en payeront aussi les conséquences. »

Mais les chiffres manquent encore pour mesurer ce phénomène. « L’encadrement des loyers n’a pas conduit à un effondrement du marché immobilier comme le prédisaient ses détracteurs », note alors Ian Brossat. « Ces effets-là se mesurent sur le long terme, répond Thomas Lefebvre. Voilà pourquoi il aurait été prudent d’attendre avant d’élargir le dispositif à la couronne parisienne. »

Pour Geoffroy Didier, vice-président LR chargé du logement au conseil régional d’Ile-de-France, une solution plus simple encore serait de mettre un terme à l’encadrement des loyers et de mettre l’accent sur la construction de logements en Île-de-France. « C’est la seule façon de faire baisser les loyers. »