Ile-de-France: 95 litres d’eau par personne sont perdus chaque année à cause des fuites
ENVIRONNEMENT•FluksAqua, réseau d’entraide entre professionnels de l’eau, publie ce jeudi une étude dévoilée en exclusivité par « 20 Minutes » sur les fuites d’eau en Ile-de-France…Romain Lescurieux
Ça coule. Chaque année, près de 700 milliards de litres d’eau potable - l’équivalent de plus de 270.000 piscines olympiques - se perdent quelque part en France au fil des 850.000 kilomètres de canalisations desservant les foyers, selon une étude de FluksAqua, réseau d’entraide entre professionnels de l’eau, dévoilée ce jeudi en exclusivité par 20 Minutes.
De l’eau égarée donc, aussi bien issue ou en direction des toilettes, des douches, des baignoires ou encore des différents robinets d’un ménage. Et l’Ile-de-France n’est pas en reste dans ce vaste écoulement. Mais demeure toutefoisun des meilleurs élèves de l’hexagone avec des chiffres au-dessus de la moyenne nationale (voir infographie ci-dessous).
« Le zéro fuite n’existe pas »
Chaque année, un consommateur francilien gaspille 95 litres d’eau. Un chiffre faible qui représente plutôt, « le gain moyen qui sera fait quand tous les services d’eau potable de l’Ile de France se seront mis en conformité avec la réglementation du Grenelle 2 de l’environnement », explique Olivier le Marois, Président de FluksAqua. A titre de comparaison, les Alpes de Haute Provence sont ceux qui ont le plus à gagner avec 14.000 litres d’eau perdus par an et par consommateur. Alors, 95 litres en Ile-de-France, « ce n’est rien », s’exclame Olivier le Marois. D’autant que « le consommateur n’y est pour rien et le « zéro fuite » n’existe pas, tempère-t-il, car dans tout système de transport et de distribution il y a des pertes. C’est mécanique ».
Le réseau de distribution d’eau en Ile-de-France représente aujourd’hui plus de 8.400 kilomètres, soit la distance entre Paris et Mexico. Et plusieurs facteurs font que l’eau y est bien gérée avec le moins d’écoulement possible, note FluksAqua, qui s’est basé sur les données publiques du Système d’Information sur les Services Public d’Eau et d’Assainissement (Sispea) pour élaborer son étude sous forme d’une infographie dynamique. « Le taux de rendement du réseau approche les 90 % », souligne de son côté Philippe Knusmann, directeur général des services du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif).
« Le réseau d’eau parisien est unique »
« Plus la densité démographique est forte, comme en Ile-de-France, moins il y a de canalisations par abonné et donc moins il y a de fuites », détaille Olivier le Marois détaille Olivier le Marois. Si les souterrains de l’Ile-de-France sont souvent « encombrés et denses », pointe le Sedif, la ville de Paris jouit, elle, d’un réseau unique en son genre. « Le réseau souterrain est visitable. Donc on voit directement d’où provient la fuite et les agents peuvent intervenir. C’est unique en France et dans le monde », note le président de FluksAqua, avant de rappeler l’objectif d’une telle étude.
« Nous souhaitons voir ce qu’on pourrait gagner chaque année », affirme-t-il. Et ce, davantage sur le plan environnemental que sur celui de l’économie. « Au niveau du consommateur, ça ne ferait que quelques euros sur sa facture. Mais surtout, plus l’eau se perd, plus on pompe la nappe phréatique. Et ces ressources ne sont pas infinies », dit-il, en évoquant différents moyens pour éviter ce gaspillage. Notamment la mise en place d’écouteurs sur les réseaux « pour localiser où est la fuite et ne pas attendre trois mois avant de la réparer ».
De son côté, le Sedif poursuit son programme d’amélioration. « 88 kilomètres de canalisations sont renouvelées chaque année depuis 2015 et jusqu’en 2020 », détaille Philippe Knusmann. Le coût : 400 millions d’euros.