Paris: Sous les logements sociaux... des gymnases
EQUIPEMENT SPORTIF•Rue Pierre-Dupont (10e), un gymnase a vu le jour au sous-sol d’un nouvel immeuble de 69 logements sociaux. La ville de Paris veut multiplier ce type d'opération dans l'avenir…Fabrice Pouliquen
«On pourra jouer au basket, au volley, au badminton et plein d’autres sports », énumère Jean-François Martins, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé des sports. Le fait est assez rare pour être souligné, mais le 10e arrondissement, particulièrement dense et qui ne dispose que de 3,3 équipements sportifs pour 10.000 habitants [l’un des plus faibles ratios de Paris], a un nouveau gymnase.
Un gymnase de 544 m² sous 69 logements
Pour s’y rendre, direction larue Pierre-Dupont, entre le canal Saint-Martin et la gare de l’Est. Mais de la rue, on ne voit pas grand-chose. Ce nouvel équipement niche au sous-sol d’un nouvel immeuble HLM de 69 logements inauguré lundi soir.
ICF Habitat La Sablière, le bailleur social, y a dégagé la place pour construire un gymnase de 544 m² avec une hauteur de plafond de 7,5 mètres, mais aussi une salle de danse et des vestiaires. Ce nouveau complexe doit servir d’exemple. Jean-François Martins dit en tout cas vouloir multiplier les opérations HLM combinant équipements sportifs et logements. L’élu en fait même l’une des actions consolidant le dossier de candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024.
Pas possible partout
Et puis c’est aussi moins cher. Construit par ICF Habitat La Sablière, le gymnase a été racheté dans la foulée par la ville de Paris. « Avec à la clé une économie réalisée sur les coûts de construction, précise Jean-François Martins. Un complexe sportif de ce type, avec deux salles, nous aurait coûté 10 millions d’euros si nous l’avions construit tout seul. Là, on l’a pour 5,5 millions d’euros. »
Il n’y a pour l’instant aucun contrat entre la ville de Paris et les bailleurs sociaux imposant la construction d’équipements sportifs à toute nouvelle opération HLM sur la capitale. « Juste un engagement moral », précise Jean-François Martins qui dit les bailleurs sociaux favorables à l’idée.
Mais peut-on le faire tout le temps et partout ? « Non, répond d’emblée Serge Contat, directeur général de la RIVP (Régie immobilière de la ville de Paris). Une partie de notre parc parisien, la moitié environ, est constituée de petits immeubles de 15-20 logements insérés dans le tissu dense parisien. Ce sera difficile d’y intégrer des équipements sportifs. » Mais il y aurait des opportunités à saisir sur l’autre moitié du parc, constituée de grandes opérations immobilières qui atteignent parfois les 1.000 logements.
Des parkings sous-exploités à reconvertir
Là il y a potentiellement des espaces disponibles à reconvertir. Serge Contat évoque notamment les parkings en sous-sol de plusieurs immeubles de la RIVP dans l’Est parisien. « Ils ont été construits avec les normes de l’époque qui était d’une voiture et demie par famille. On est aujourd’hui bien plus proche de 0,5 voiture par logement. »
Les réflexions ont déjà commencé. « Nous en sommes encore à l’étude de faisabilité, poursuit Serge Contat. Mais l’idée est de transformer un de ces parkings sous-utilisés en salle de pratique pour la boxe et les arts martiaux dans un quartier où justement l’équipement fait défaut. » les pieds d’immeubles aussi peuvent offrir quelques opportunités. « Quai de Moselle (19e), où nous avons un immeuble voisin d’un terrain de foot qu’a fait construire la Fondation PSG, nous sommes en passe de convertir des locaux en rez-de-chaussée, là encore sous-utilisés, en vestiaires et en locaux pour le soutien scolaire et l’organisation de réunion », indique Serge Contat.
Une dizaine d’équipements sportifs d’ici la fin de l’année ?
Jean-François Martins a d’autres exemples dans ses cartons. « A Batignolles par exemple, dans la ZAC de l’ex-village olympique, précise-t-il. Un immeuble avec un gymnase en sous-sol est actuellement en construction et devrait voir le jour en 2017. » L’adjoint aux sports ambitionne de réaliser une dizaine d’équipements sportifs d’ici la fin de la mandature dans les sous-sols et rez-de-chaussée d’HLM. « Des gymnases, mais aussi des salles de danse, des dojos, dont on manque cruellement à Paris, des salles d’escrimes… »