LOCATION TOURISTIQUEDes riverains ne veulent pas d’hôtel clandestin dans leur immeuble

Paris: Des riverains se mobilisent contre la transformation de leur immeuble en hôtel clandestin

LOCATION TOURISTIQUEVous avez peut-être déjà reçu leurs tracts dans votre boîte aux lettres. Le collectif Padhocmi dénonce les nuisances dans les immeubles engendrées par les locations courtes durées du type Airbnb…
Le collectif Padhocmi a été lancé il y a quelques semaines par David Hassan, un propriétaire parisien excédé par les passages intempestifs de touristes dans son immeuble.
Le collectif Padhocmi a été lancé il y a quelques semaines par David Hassan, un propriétaire parisien excédé par les passages intempestifs de touristes dans son immeuble.  -  Jacques Brinon/AP/SIPA
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

«On croule sous les appels », commence par préciser Xavier* pour expliquer les difficultés à le joindre ces derniers jours. Lui comme d’ailleurs les autres membres de l’association Padhocmi.

Derrière cet étrange acronyme se cache l’association « Pas d’hôtel clandestin dans mon immeuble » (Padhocmi).Le collectif a été lancé il y a quelques semaines par David Hassan, un propriétaire parisien excédé par les passages intempestifs de touristes dans son immeuble. « Il y a 8 appartements dans son immeuble. Six ont peu à peu été dédiés par leurs propriétaires à de la location touristique de courte durée via des sites Internet comme Airbnb », rapporte Xavier.

Des voisins qui changent tous les jours

Avec les désagréments que cela engendre. Des voisins qui changent tous les jours « et qui, surtout, sont en vacances et donc veulent profiter de la vie, poursuit Xavier. Sans trop se soucier du bruit, ni des parties communes de l’immeuble. On peut le comprendre. Mais forcément, ceux qui vivent là toute l’année n’en peuvent plus. »

Alors David Hassan se met à regarder autour de lui en quête d’autres propriétaires ou locataires parisiens désabusés. Le collectif grossit rapidement au rythme des tractages dans les boîtes aux lettres des quartiers touristiques de la capitale. 2.000 prospectus ont été distribués sur l’île Saint-Louis, puis 50.000 autres dans les 9e et 10e arrondissements. « Et nous irons bientôt dans le Marais », complète Xavier.

L'association a distribué 2.000 de ces prospectus sur l’île Saint-Louis, et 50.000 autres dans les 9e et 10e arrondissements.
L'association a distribué 2.000 de ces prospectus sur l’île Saint-Louis, et 50.000 autres dans les 9e et 10e arrondissements. - Capture d'écran / Padhocmi

Un colloque si 1.000 membres atteints

Padhocmi atteint les 400 membres aujourd’hui et envisage d’organiser un colloque une fois les 1.000 adhérents atteints. Un cap qui devrait être facilement atteint à écouter Ian Brossat, adjoint d’Anne Hidalgo chargé du logement. « Nous recevons régulièrement à la mairie de Paris des plaintes de riverains à ce sujet, indique-t-il. C’est l’un des deux problèmes que soulève le fort développement à Paris des meublés touristiques illégaux. Non seulement, Paris perd des surfaces de logements alors que les Parisiens peinent déjà à se loger. Mais se posent aussi ces problèmes de nuisances. »

Padhocmi ne dit pas tant viser Airbnb ou ses concurrents. Ni les Parisiens qui louent occasionnellement leur bien sûr ces sites. « Nous pointons surtout du doigt ces propriétaires peu scrupuleux qui louent toute l’année des appartements qu’ils n’habitent jamais, sans sensibiliser leurs locataires aux règles de vie dans l’immeuble », peste Xavier.

« C’est aujourd’hui le Far West »

Combien sont-ils ? Ce n’est pas la majorité des loueurs, insiste-t-on à Airbnb qui recense aujourd’hui 70.000 logements proposés à la location sur Paris. « En moyenne en France, et c’est vrai aussi à Paris, un utilisateur Airbnb loue 26 nuits par an », indique Sarah Roy, porte-parole de la start-up.

Ian Brossat ne tient pas les mêmes comptes. L’élu parle « d’environ 40.000 meublés touristiques loués toute l’année à Paris. Ils ne sont pas tous sur Airbnb. Il y a d’autres plateformes. » Et dans cette catégorie, « c’est le Far West aujourd’hui », déplore l’adjoint au logement. Louer son logement plus de quatre mois nécessite d’obtenir au préalable une autorisation en mairie. « Nous venons de publier la liste des propriétaires qui ont fait une telle demande à Paris. Il y en a que 130 à ce jour, précise Ian Brossat. Les autres nous échappent donc. »

Bientôt un permis de louer ?

Ian Brossat ne dit pas pour autant vouloir aller aussi loin que Berlin où, depuis le 1er mai, il n’est plus possible que de louer une pièce de son appartement via les portails spécialisés comme Airbnb. « Nous allons toutefois renforcer nos actions pour mieux encadrer ces locations de meublés touristiques, prévient Ian Brossat. Nous avons déjà une équipe de 25 inspecteurs chargés de traquer les meublés touristiques illégaux. Nous espérons aussi que la loi République numérique, en discussion ce moment, nous permette d’instituerun permis de louer, à obtenir en mairie, pour tous ceux qui veulent louer leur logement en meublé touristique. »

*Le prénom a été changé.