Les voitures ont leur périphérique… Pourquoi les vélos n’auraient pas leur voie express en plein Paris ? Paris en selle, une association de promotion de la bicyclette à Paris, la réclame en tout cas dans son projet « vélo-boulevard » déposé au budget participatif 2016.

L’idée est de créer deux larges bandes cyclables de 3 mètres de part et d’autres des grands boulevards qui ceinturent le cœur de Paris. « Saint-Germain, Henry IV, Beaumarchais, le boulevard du Temple, les Grands Boulevards, le boulevard des Italiens et la rue Royale », liste Charles Maguin, président de Paris en selle.

Le point noir des Grands Boulevards

Cette rocade vélo ferait 10 km et permettrait aux cyclistes de circuler rapidement entre Bastille, République, Opéra, Concorde, le quartier Saint-Germain et donc Bastille… pour boucler la boucle.

Le projet part d’un sondage lancé en décembre dernier par Paris en selle auprès de 242 cyclistes parisiens. « A la question où souhaiteriez-vous mettre en priorité un aménagement cyclable dans la capitale, ils ont répondu à 58 % sur les Grands Boulevards et à 35 % sur le boulevard Beaumarchais », indique Charles Maguin.

Des pistes cyclables existent pourtant sur ces voies. « Mais elles ne sont à aucun moment protégées des autres flux de circulation et, sur certaines portions, intégrées à la voie de bus, peste Charles Maguin. Des scooters l’empruntent fréquemment et des véhicules s’y arrêtent souvent en double file. »

Rogner sur les voitures et sur les places de stationnement

Le vélo-boulevard réglerait le problème. « Les cyclistes pourront se doubler sans risque. Surtout, ces deux bandes seraient séparées du reste de la voirie par un terre-plein central de 50 cm pour éviter que les voitures s’y aventurent. »

Reste à dégager de la place sur la voirie pour créer ce vélo-boulevard. Paris en selle propose de résoudre l’équation en rognant sur les places de stationnement et en supprimant une des deux voies allouées aujourd’hui aux voitures.

« Anticiper l’avenir »

Une bonne idée ? « C’est démesuré, répond Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 Millions d’automobilistes. C’est dommage, parce que nous ne sommes absolument pas contre le développement de pistes cyclables. Mais 3 mètres, ce n’est pas sérieux. Même à Copenhague, en pointe question vélo, il n’y a pas de pistes aussi large. »

« Il faut anticiper l’avenir, répond Alexis Fremeaux, président de Mieux se déplacer à bicyclette (MDB), une autre association de cyclistes parisiens. Aujourd’hui, à Paris, 5 % des déplacements se font à vélo et 10 % en voiture. Mais en 2020, l’objectif de la mairie est de faire passer le vélo à 15 % et ainsi dépasser les voitures. Pour franchir ce cap, il faut d’abord créer des voies cyclables de grande capacité, sécurisée et surtout continue. Aujourd’hui, à Paris, nous n’avons que des bouts de pistes à droite à gauche. »

Un coût sous-évalué ?

A la MDB pourtant, ce vélo-boulevard ne fait pas l’unanimité. « Où descendront les passagers du bus ?, se demande ainsi Christine Lambert, porte-parole de l’association. Sur le croquis de Paris en selle, ils descendent côté voiture. Et puis, Paris en selle estime le coût du vélo-boulevard à 2 millions d’euros. C’est sous-évalué. »

Charles Maguin fait amende honorable. « Il y a une erreur sur notre croquis. Nous sommes censés voir les véhicules de dos. Les passagers du bus descendront bien du côté trottoirs et il y aura des passages piétons sécurisés pour leur faire traverser la piste cyclable. Quant au budget, effectivement, l’opération devrait coûter plus 7 ou 8 millions. »

Une grande campagne de communication

Un montant qui amoindri les chances du vélo-boulevard d’être sélectionné dans les projets qui seront soumis au vote des Parisiens en septembre. D’autant plus que l’an dernier, le budget participatif avait déjà alloué 8 millions d’euros pour aménager des pistes cyclables dans Paris.

Pas de quoi décourager Paris en selle. L’association a prévu une grande campagne de communication autour de son nouveau projet. Cela commence dimanche à l’occasion de la piétonnisation des Champs Elysées.