« J'ai été frappé par l'état de stress de mes patients »
•Impossible d'avoir une idée de ce que peut représenter la nuisance sonore en Ile-de-France sans passer par Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). Avenue de Paris, la RN 6 charrie chaque jour un flot de plusieurs milliers de véhicules, poids lourds ...Mickaël Bosredon- ©2007 20 minutes
Impossible d'avoir une idée de ce que peut représenter la nuisance sonore en Ile-de-France sans passer par Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). Avenue de Paris, la RN 6 charrie chaque jour un flot de plusieurs milliers de véhicules, poids lourds compris. En parallèle, les trains et RER de la ligne D lui font écho. Un brouhaha ponctué toutes les deux minutes par le passage d'un avion allant se poser à Orly. L'enfer urbain.
Un enfer sur lequel la plupart des riverains et commerçants de l'avenue préfèrent fermer les yeux. « Cela fait quinze ans que je travaille ici, raconte ce gérant de bar-tabac. 8 h 30-19 h 30 tous les jours. On s'habitue. » Idem pour Fatoumata Guirassy, qui travaille dans une épicerie « onze heures par jour. On est concentré, on ne fait pas attention au bruit ». L'inverse n'est pas toujours vrai.
Rédouane Ghimouz, médecin généraliste, s'est installé à Villeneuve il y a trois mois. « Tout de suite j'ai été frappé par l'état de stress et d'anxiété de mes patients. J'ai constaté aussi beaucoup de cas d'hypertension. Il y a forcément une relation avec le bruit, que les malades ne font pas toujours. Beaucoup pensent s'habituer, mais c'est faux, on ne s'habitue pas, le bruit est là, et il travaille sur vous. »
Changement de cadre quelques kilomètres plus au nord, à Soisy-sous-Montmorency (Val-d'Oise). Tout respire le calme et la tranquillité. Puis deux lumières arrivent au loin, dans le ciel. Le bruit n'est d'abord qu'un bourdonnement, puis on est obligé de hausser le ton quand l'avion passe juste au-dessus. Car ici, c'est aussi « Soisy-sous-le-couloir-aérien-de-Roissy ». François Guégan, 38 ans, habite le village depuis un an. « Il passe jusqu'à un avion toutes les deux minutes, à environ 1 000 m » raconte ce cadre supérieur, réveillé tous les matins à « 5 h-5 h 30, quand le trafic reprend de plus belle. La nuit c'est moins dense, mais ça me dérange aussi parfois. Cette situation, c'est du stress, oui, mais je souffre surtout du manque de sommeil. » François Guégan a « toujours habité ce coin de la région » et ne souhaite pas en partir. « Mais depuis dix ans, la situation se détériore, et les mouvements d'avions pourraient passer de 540 000 par an à 800 000 d'ici à 2015 », s'inquiète-t-il.
François Guégan et l'association Advocnar dont il est membre revendiquent « un couvre-feu nocturne, la limitation du nombre de mouvements annuels, et la relance du débat sur le troisième aéroport ». « Aéroports de Paris veut devenir le premier aéroport d'Europe. Mais que fait-on de l'enjeu de santé publique pour les habitants ? » Entre 2 et 2,5 millions de Franciliens sont survolés chaque jour par des avions à moins de 3 000 m.