Restriction de circulations à Paris : « S’il le faut, nous appellerons les motards à la désobéissance civile »
CIRCULATION•15.000 motards sont attendus dimanche pour protester contre les restrictions de circulation qui seront appliquées le 1er juillet prochain aux deux-roues immatriculés avant le 1er juin 2000…Fabrice Pouliquen
Le 1er juillet arrive à grand pas et, avec, les restrictions de circulation dans Paris pour les véhicules les plus anciens [considérés comme plus polluants]. La mesure s’appliquera aux automobiles immatriculées avant le 1er janvier 1997 et aux deux-roues motorisées avant le 1er juin 2000. Ils ne pourront plus circuler dans Paris les jours de semaine entre 8h et 20h. La mesure ne fait pas plaisir à tout le monde. A commencer par la Fédération française des motards en colère (FFCM) qui attend 15.000 personnes à leur manifestation dans Paris, ce dimanche. Jean-Marc Belotti, coordinateur de l’antenne parisienne de la FFCM, répond à 20 Minutes.
Quelle devrait être l’ampleur de la manifestation ce dimanche ?
Nous attendons au moins 15.000 motards. Nous avions déjà atteint ce nombre lors de notre précédente manifestation en octobre dernier, déjà pour dénoncer ces restrictions de circulation. Dimanche, le rendez-vous est fixé devant le Château de Vincennes à 14h. Nous devrions ensuite circuler dans Paris, avec des passages sur le périphérique, place de la Nation, à l’hôtel de Ville. Le but est de se faire entendre, alors oui, il faut s’attendre à des bouchons. Il faut 1h voire 1h15 pour laisser passer un cortège de 15.000 motards.
Combien d’usagers de deux roues seront concernées par ces restrictions de circulation ?
Les restrictions s’appliqueront aux véhicules de la norme européenne Euro 1. Pour les voitures, cela concerne les véhicules immatriculés avant 1997. Mais pour les deux-roues, c’est plus pénalisant puisque cette norme Euro 1 s’applique aux véhicules immatriculés avant le 1er juin 2000. On estime à 150.000 le nombre de deux-roues motorisées immatriculées dans Paris. 230.000 si on élargit à la petite couronne et 240.000 si on inclut la grande couronne. Les deux-roues motorisées immatriculées avant le 1er juin 2001 représentent 6% de ce parc [13.800 deux-roues]. Ceux-là ne pourront plus circuler dans Paris la journée en semaine.
Pourquoi prend-on les motos immatriculées avant 2001 et seulement les voitures immatriculées avant 1997?
La mairie applique la norme européenne qui a été conçue ainsi. Cela ne veut pas dire que les motos sont plus polluantes que les voitures. Cette différence s’explique par le fait que les normes européennes antipollution ont été mises en place sur les automobiles bien avant les motos. Il fallait que les constructeurs de motos rattrapent leur retard, ce qui a été fait depuis longtemps.
Que demandez-vous à la mairie de Paris ?
Tout simplement que les restrictions de circulation ne s’appliquent pas aux deux-roues. Nous sommes bien sûr désireux d’améliorer la qualité de l’air à Paris. Mais cet enjeu nécessite selon nous de s’attaquer à des sources de pollution bien plus néfastes aujourd’hui que les motos. Nous ne nous considérons pas comme un problème, mais bien plus comme une solution. Il n’y a pas de deux-roues à rouler au diesel. Les motards entretiennent très bien leurs véhicules pour la simple et bonne raison qu’un manque de vigilance se paie très cher sur la route pour un pilote de moto. Surtout, les deux-roues ne font pas grossir les bouchons, bien au contraire, nous contribuons à fluidifier le trafic.
Avez-vous une chance d’être entendus par la mairie de Paris ?
Une réunion s’est tenue ce mardi avec Christophe Nadjovski, l’adjoint d’Anne Hidalgo en charge des transports. Il campe pour l’instant sur sa position. Il estime que chacun doit contribuer aux efforts consentis pour lutter contre la pollution. Ce qui montre bien qu’il est plus dans une posture politique que dans la volonté de lutter efficacement contre les émissions de gaz à effet de serre. La manifestation de ce dimanche fera peut-être changer les choses. Nous avons prévu sinon des recours juridiques contre la ville de Paris et, si rien ne marche, nous appellerons les deux-roues à la désobéissance civile. C’est-à-dire à continuer à rouler malgré les interdictions.