Salle de shoot: «Ce soir, l’idée est de se faire entendre»… Un débat houleux s’annonce
DROGUE•Un débat public a lieu ce mardi soir, en mairie du 10e arrondissement, autour de cette salle de consommation à moindre risque qui ouvrira à l’automne…Romain Lescurieux et Fabrice Pouliquen
Quelle tournure va prendre l’opération déminage ? « On aimerait déjà être écoutés », lâche, un brin désabusé, un membre duCollectif des habitants du quartier Saint-Vincent-de-Paul. Ce mardi soir à la mairie du 10e, se tient en présence du maire Rémi Féraud, le dernier débat public préalable à l’installation d’une « salle de shoot » à l’hôpital Lariboisière (lire encadré). Prévue pour l’automne, cette « salle de consommation à moindre risque » (SCMR) continue en effet de cristalliser la colère de certains riverains, associations et élus qui ne démordent pas. Et seront présents ce soir.
« Ce soir, l’idée est de se faire entendre »
« Nous n’avons jamais été concertés sur le sujet. Ce soir, l’idée est de se faire entendre », prévient le Collectif des riverains. « Car rien n’a été fait avec les gens, les familles, qui vont vivre avec ce projet et sont laissés pour compte. Pourtant, la situation se dégrade, la police intervient de moins en moins. Et notre quartier va devenir une zone de non droit », ajoute ce membre, qui rappelle la position du collectif : « Que la Mairie mette ce projet ailleurs. Là, où il n’y a pas d’habitants et d’écoles ». Même son de cloche du côté de Déborah Pawlik, conseillère de Paris, élue du 10e arrondissement (Les Républicains).
« Ce soir c’est le moment de vérité. Rémi Féraud va devoir assumer ses choix devant les riverains », détaille l’élue, avant de poursuivre : « Il y a encore beaucoup de zones d’ombre sur le sujet : sécurité, coût, le choix du lieu. Le débat de ce soir risque d’être électrique. A l’image de l’exaspération des riverains », soutient-elle. Une soirée tendue en perspective. Autant que le 14 mars dernier à la Faculté du Dauphine lors d’une réunion publique autour du projet d’un centre d’hébergement d’urgence pour SDF dans le bois de Boulogne a tourné à la foire d’empoigne ?
« Nous avons à chaque fois pu aller au bout de la réunion »
Bernard Jomier, adjoint d’Anne Hidalgo en charge de la santé, s’attend en effet à essuyer des remarques hostiles. « L’outrance et la radicalisation ne sont pas exclues, indique-t-il. Et des préjugés tenaces collent à ce sujet. J’ai entendu certain dire qu’on allait distribuer de la drogue à des consommateurs au frais de la sécurité sociale. Ce qui est bien entendu totalement faux. »
Toutefois, l’hostilité à la mairie de Paris n’est pas le même aux abords de l’hôpital Lariboisière que dans le 16e arrondissement. « La gauche portait ce projet en 2014 lors des dernières élections municipales, rappelle Bernard Jomier. Cela n’a pas empêché Rémi Féraud [candidat du PS] d’être largement réélu dans le 10e arrondissement.
Céline de Beaulieu, de Gaïa Paris, l’association qui assurera le fonctionnement de cette salle de shoot, a aussi en tête les deux réunions publiques tenues en 2016 au sujet de cette salle de consommation à moindre risque. « La salle était pleine et les débats avaient par moments été vifs, mais nous avons à chaque fois pu aller au bout de la réunion », se rappelle-t-elle.
« Les travaux devraient démarrer bientôt. Bien avant l’été »
A quoi donc servira ce nouveau débat ? Ce mardi soir, en tout cas, il ne sera plus question de remettre en cause l’ouverture de cette salle de consommation à moindre risque. Le projet a été validé par le ministère de la Santé, le conseil de Paris vient de voter une subvention de 850.000 euros pour financer l’équipement « et les travaux devraient démarrer bientôt. Bien avant l’été », assure Bernard Jomier.
Gaïa et la mairie de Paris justifient alors ce débat par le besoin d’informer. « Il y a des riverains qui, de bonne foi, se posent des questions, poursuit l’adjoint d’Anne Hidalgo. Ils ont le droit de le faire et ils ont le droit d’avoir des réponses. »