L'Ile-de-France, «région la plus inégalitaire de France», selon le Secours Catholique
INEGALITES•A la veille du salon des maires d’Ile-de-France, le Secours Catholique publie une étude sur la « fracture territoriale » en Ile-de-France…Romain Lescurieux
Avec 8 départements, 1.281 communes, 12 millions d’habitants et un PIB avoisinant les 31 % de la richesse nationale, l’Ile-de-France est l’une des régions les plus riches et attractives de France. « Mais c’est aussi la plus inégalitaire », déplore Hervé Du Souich, président du Secours Catholique d’Ile-de-France. A la veille du salon des maires d’Ile-de-France, l’association publie une étude sur la « fracture territoriale » en Ile-de-France.
« La pauvreté s’accentue en intensité et en nombre de personnes »
A travers les actions de terrain des bénévoles, les chiffres de l’Insee et de l’ARS et des indicateurs de pauvreté (logement, santé, éducation) le Secours Catholique a en effet mesuré les inégalités et leur évolution. Composée du département « le plus riche », les Hauts-de-Seine et « le plus pauvre », la Seine-Saint-Denis, l’Ile-de-France souffre en effet d’un grand écart, qui ne cesse de s’aggraver, selon Hervé Du Souich, qui tire la sonnette d’alarme.
« La fracture s’aggrave. La pauvreté s’accentue en intensité et en nombre de personnes. Et ce, dans les lieux qui sont déjà les plus pauvres », poursuit-il. Selon le Secours Catholique, la Seine-Saint-Denis est la plus touchée. Vingt-deux des 36 communes communes de plus de 11.000 habitants de ce département se classent parmi les 50 communes les plus pauvres de la région (sur un total de 273). De plus, l’écart de revenu entre les différents départements de la région Ile-de-France s’est aggravé : le revenu fiscal médian de Seine-Saint-Denis qui se situait à 72 % du revenu médian de la région en 2002 n’est plus qu’à 68 % en 2012. Et rien n’est fait, pour rééquilibrer le niveau de vie entre les départements, d’après Hervé Du Souich.
« Il faut plus de solidarité de la part de l’ensemble des municipalités »
Dans le contexte de crise aiguë du logement social francilien, « les fractures géographiques sont particulièrement marquées par une concentration des logements sociaux sur des territoires défavorisés », dont la Seine-Saint-Denis, mentionne l’étude. De plus, laDRIHL (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Hébergement et du Logement) mentionne également que « chaque jour en Ile-de-France, le dispositif d’hébergement et de logement adapté financé par l’État accueille 75.000 personnes sans domicile et en situation de détresse sociale, avec une forte concentration des capacités d’hébergement en Seine-Saint-Denis ».
« SI on laisse faire, ces lieux de pauvreté, également touchés par un chômage élevé, vont continuer de s’enfoncer ces prochaines années », détaille le président régional du Secours Catholique. Pour lui, « il faut plus de solidarité de la part de l’ensemble des municipalités et un plan d’aménagement du territoire pour rééquilibrer le tissu social », ajoute-t-il. Et rapidement, selon lui, qui déplore que le projet du Grand Paris n’ait « pas pris en compte l’angle mixité social ». « C’est dommage. C’est un rendez-vous raté ».