Assaut de Saint-Denis: Les anciens voisins des terroristes veulent obtenir le statut de victimes
ATTENTATS•Une délégation d’anciens d’habitants du 48 rue de la République de Saint-Denis, où s’était déroulé l’assaut visant des terroristes soupçonnés d’avoir participé aux attaques à Paris, s’est rendue ce vendredi devant le ministère de la Justice…Romain Lescurieux
Depuis la nuit du 17 au 18 novembre 2015 et l’assaut lancé par le RAID contre « l’appartement conspiratif » où s’étaient réfugiés Abdelhamid Abaaoud et ses complices, Tagara est toujours logé à l’hôtel. Si cette situation commence à se régulariser doucement – une quarantaine de personnes sur 83 ont été relogées - cet homme de 50 ans est ce vendredi devant le ministère de la Justice pour demander une reconnaissance.
« Je veux obtenir le statut de victime du terrorisme », lâche-t-il, aux côtés d’une dizaine d’autres anciens résidents du 48 rue de la République, accompagnés par le DAL (Droit au Logement).
« Nous sommes baladés de gauche à droite »
« Nous sommes là car depuis quatre mois nous sommes baladés de gauche à droite », s’exclame N’goran Ahoua, 32 ans, représentant des habitants victimes du 48 rue de la République. « En janvier nous avons envoyé un courrier au Procureur de la République pour lui demander d’instruire notre dossier. Il nous a répondu que le statut de victime du terrorisme ne pouvait pas nous être reconnu, parlant de nous d’avantage comme des victimes collatérales. Pourtant, il y a bien eu des tirs, l’explosion d’une ceinture. Nous avons été délogés pour ça. Nous attendons donc que le ministère de la Justice nous explique », dit celui, pour qui ce statut pourrait changer des choses.
« Ça permettrait de ne pas se sentir seul, de ne plus être oubliés, et d’avoir un suivi psychologique pour les parents et nos enfants. En fait, ça balaiera le sentiment d’être abandonné que l’on ressent ledepuis le 18 novembre. Même constat pour Tagara. « Ça permettrait d’avancer dans la vie », souffle-t-il, sous les fenêtres du ministère. D’autres déploient une banderole pour dénoncer cette situation qui traîne dans le temps, selon eux. « Ça ne peut pas durer. Ils demandent juste à être respectés », insiste Madjid Messaoudene, élu Front de gauche à Saint-Denis.
« Reçus très prochainement »
A l’issue d’un bref échange entre une conseillère du Jean-Jacques Urvoas, le garde des Sceaux, N’goran Ahoua et Jean-Baptiste Eyraud, le porte parole du DAL, l’avenir reste toutefois flou. « Nous avons développé la situation et on nous a dit que nous serons reçus par une autre conseillère du garde des Sceaux très prochainement. Nous espérons donc être appelés aujourd’hui ou demain », indique Jean-Baptiste Eyraud. « Ça change des refus. On est déjà satisfaits d’avoir un rendez-vous », commente calmement N’goran Ahoua.