Paris: Le Parkour a désormais sa salle dédiée aux Halles
SPORT URBAIN•Les traceurs pratiquent normalement à l’air libre en improvisant sur le mobilier urbain environnant. Mais ce Centr’Halles park devrait toutefois rendre quelques services…Fabrice Pouliquen
«On fait du Parkour à partir du moment où l’on fait face à des obstacles et qu’on choisit de les dépasser plutôt que de le contourner », explique-t-on à la Fédération de ParKour (la FPK). Au regard de cette définition, le Centr’Halles Park, qu’inaugure Anne Hidalgo ce mercredi, entre dans les clous de la discipline.
Premier équipement public du genre
Ce nouveau complexe sportif, qui surplombe la piscine Suzanne-Berlioux aux Halles, est présenté comme inédit en France. Il s’agit du premier équipement public dédié aux traceurs, les adeptes du Parkour, ce sport urbain popularisé par le film Yamakasi et qui consiste à se déplacer le plus adroitement possible sur le mobilier urbain. Raimundo Querido, cascadeur, confirme : « Ce type de salles existe un peu partout ailleurs dans le monde. En France, il a fallu l’attendre longtemps. »
Pourtant, à première vue, le Centr’Halles Park ressemble à une salle de gymnastique comme il en existe d’autres à Paris. « C’est un peu plus que ça, précise Mohamed Larbes, un autre traceur de haut niveau. Il y a toutes sortes de modules qui permettent de reproduire des situations que l’on peut trouver dans la rue. Des tapis mais aussi des blocs en bois, des barres, un mur d’escalade de plus de trois mètres. » Concrètement, la salle de 300 m² est divisée en trois espaces, chacun réservé à un niveau de pratique. Des débutants aux pratiquants expérimentés.
Contraire à la philosophie du Parkour ?
Les traceurs aguerris n’ont pas tout de suite vu l’intérêt de ce Centr’Halles Park. Il faut dire que le principe d’une salle équipée de modules amovibles ne s’inscrit pas vraiment dans l’état d’esprit du Parkour. « Le risque est de céder à la facilité et d’adapter l’environnement à ses envies, constate Samuel Govindin, alias SamUltima, lui aussi connu dans le milieu des traceurs parisiens. Le parkour, c’est l’inverse : on adapte les mouvements au mobilier urbain qui nous entoure. » « C’est l’essence même de la discipline, complète Mohamed Larbes. Être dehors, en liberté, sur des obstacles qui ne sont pas prévus initialement pour le parkour. »
Le Centr’Halles Park ne devrait pas pour autant être boudé. Cinq associations de Parkour se partageront des créneaux, mais l’équipement sera aussi ouvert à certes heures aux autres publics. « Rien que pour s’entraîner l’hiver, quand il fait nuit ou qu’il pleut, cette salle randra bien des services », lance Raimundo Querido. L’équipement devrait aussi se révéler un excellent tremplin pour les débutants. Antoine Dupré, coach de l’association Culture Parkour, entend ne pas s’en priver. « Ce genre d’équipement est parfait pour acquérir les bases de la discipline en limitant les risques de blessures. »
Mohamed Larbes et Samuel Govindin ne nient pas cette qualité. Mais ils conseillent tous deux de compléter cet entraînement en salle par une session en extérieur, dans l’excellent terrain de jeu que constitue Paris.
« Cela restera une discipline fondamentalement libre »
Mais les laissera-t-on pratiquer aussi facilement maintenant que le Centr’halles Park est ouvert ? « Le risque existe, estime David Pagnon, dans le comité directeur de la Fédération de Parkour. Après les premiers skate-parks ouverts, les gens étaient moins tolérants vis-à-vis des skateurs qui pratiquaient toujours dans la rue. Puisqu’ils avaient des structures désormais dédiées, ils n’avaient qu’à les utiliser. »
Sur ce point, Jean-François Martins, adjoint d’Anne Hidalgo en charge des sports, se veut rassurant. « Cela restera une discipline fondamentalement urbaine et libre, promet-il. Mais nous avions besoin d’un lieu pour faire des initiations sans risque. »