ENTREPRISEParis : A Belleville, la dernière métallerie est en sursis

Paris : A Belleville, la dernière métallerie est en sursis

ENTREPRISEY a-t-il encore la place pour fabriquer à Paris ? Les communistes posent la question ce lundi au conseil de Paris. Avec un exemple précis en tête : la métallerie Les Grésillons menacée par un projet d'hôtel...
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Pas facile en 2015 de maintenir sa petite entreprise à flots. Encore plus peut-être lorsque celle-ci niche à Paris et doit faire face à des loyers exorbitants et à la convoitise des promoteurs immobiliers. Ivan Weiler, le patron de la métallerie Les Grésillons en sait quelque chose.

L’homme a repris l’entreprise il y a dix ans et tente depuis de la faire vivre tant bien que mal au fond d’une cour au 48 rue Ramponeau, dans le bas Belleville. « Ici, nous sommes six salariés et nous fabriquons tout ce qu’on peut imaginer en métal, raconte le chef d’entreprise. Des portes, des cintres, des fenêtres, du mobilier… »

La métallerie chassée par un hôtel ?

Mais pour combien de temps encore ? La métallerie, l’une des dernières à Paris, devra avoir quitté les locaux qu’elle occupe depuis toujours d’ici la fin de l’année. La Semaest, société d’économie mixte de la ville de Paris spécialisée dans la revitalisation commerciale, est propriétaire des 400m² d'atelier et souhaite vendre.

Si la mairie de Paris dit aujourd’hui que rien est figé sur ce dossier, une promesse de vente a été signée à un promoteur immobilier qui a d’autres projets pour la parcelle. « Un hôtel low-cost à destination des jeunes », regrette Nicolas Bonnet-Ouladj, président du groupe communiste-Front de gauche au conseil de Paris.

L’élu voit dans la métallerie Les Grésillons l’illustration parfaite de la difficulté des petites industries à se maintenir à Paris… Tout simplement de la difficulté de « fabriquer à Paris ». C’est justement le thème de la Mission d’information et d’évaluation sur laquelle les communistes parisiens ont planché les six derniers mois. Ils rendent leurs conclusions ce lundi après-midi au conseil de Paris.

Encourager le fabriquer à Paris

Tout n’est pas noir dans ce rapport de 200 pages. Après des années à perdre de l’activité industrielle, Paris aurait même endigué le phénomène d’érosion ces dernières années. « Le nombre d’entreprises artisanales a ainsi augmenté entre 2013 et 2014, passant de 36.000 à 38.000, indique Nicolas Bonnnet-Ouladj, qui s’appuie sur des chiffres de la CCI de Paris. Des métiers d’art, de luxe, de bouche, des métalleries comme Les Grésillons, mais aussi des nouvelles entreprises qui surfent sur l’impression 3D ou les secteurs porteurs de la réparation et des déchets. Mais il ne faut pas se relâcher. »

La MIE préconise ainsi de créer au plus vite un label « fabriqué à Paris », associé à des subventions bonifiées, mais aussi à mener une stratégie renforcée, sur le foncier, pour reconquérir des espaces de fabrication, de production et de réparation dans la capitale.

Pourquoi pas des logements apprentis au 48 rue Ramponeau ?

Voilà pourquoi le sort de la métallerie des Grésillons est si emblématique. Ivan Weiler a fait croix sur son atelier à Belleville. « Mais quitter Paris serait pour nous catastrophique, explique le chef d’entreprise. La grande majorité de nos clients, particuliers comme entreprises, résident à Paris. » A la mairie, on dit chercher une solution au plus vite à la métallerie et sans traverser le périphérique.

Et que fait-on du 48 rue Ramponeau ? Plutôt qu’un hôtel qui transformerait encore un peu plus Paris en ville musée, Nicolas Bonnet-Oulaj préconise de garder l’adresse en lien avec l’artisanat: « Pourquoi pas imaginer sur une partie de cette parcelle un internat pour les apprentis? Ils ont toutes les peines du monde à se loger dans la capitale. »