Une étrange affaire secoue le paisible bas du 15e arrondissement. Ce vendredi 7 août, Ana, la soixantaine, promène Hendrix, le bouledogue français de sa fille, Helena, dans « l’allée aux chiens » : une zone réservée aux canidés dans le parc Georges Brassens. Une simple sortie en début d’après-midi, comme il y en a eu tant d’autres. Mais en rentrant ce jour-là, la situation s’envenime. « A un moment, il a essayé de se lever mais avec beaucoup de mal et il a commencé à convulser. J’étais perdue, j’ai appelé un vétérinaire. Quand il est arrivé, notre chien était mort », détaille Ana.

En trois mois, Hendrix, âgé d’un an et « en excellente santé », selon ses propriétaires, est le quatrième chien à décéder quelques heures après une sortie dans cette zone, note l’association Rev Animal. Une mort rapide et brutale qui laisse Ana et Helena, sans voix, entre colère et douleur.

« ATTENTION EMPOISONNEMENT PARC GEORGES BRASSENS DANS 15 EME pic.twitter.com/Javtq2mjjx — Chris (@Chrislevoix) August 12, 2015 »

« Autant de chiens qui meurent en si peu de temps, il y a quelqu’un derrière »

Une semaine après le drame, une femme passe le portique de « l’allée aux chiens » avec son Berger Australien. A l’intérieur, Jessy, lunettes noires et tee-shirt du Paris-Saint-Germain, surveille son labrador chocolat. « Autant de chiens qui meurent en si peu de temps, ça veut vraiment dire qu’il y a quelqu’un derrière. Je vais faire attention », réagit à la volée cet habitué du parc. Car à l’entrée, Ana et Helena veulent que le message se diffuse. « Après l’incinération d’Hendrix, nous sommes venues ici pour prévenir les gens de la situation », affirme Ana. « Depuis, nous revenons chaque jour », surenchérit Helena. Car, selon elles, la liste des décès pourrait s’allonger.

Si des analyses du vomi d’Hendrix sont en cours dans un centre Antipoison et de Toxicovigilance pour confirmer l’empoisonnement, le vétérinaire en a diagnostiqué une « forte suspicion ». Et ce, « après avoir mangé quelque chose à l’intérieur de l’allée », mentionnent les propriétaires. Comme les trois autres avant lui, selon l’association Rev Animal. Celle-ci évoque un poison – sous forme de désherbant – disséminé sur des « appâts » tel que des os, et jetés dans l’allée mais aussi dans un bosquet à l’entrée. « Nous n’avons pas eu d’informations particulières sur le 15e. Mais des cas d’intoxication ou d’empoisonnement accidentel à cause de produits contre les rats par exemple, il y en a tous les jours », nuance une clinique vétérinaire d’urgence contactée par 20 Minutes.

« Je veux que justice soit faite pour ces animaux »

Du côté du parc, on ne s’étend pas sur la question. « Nous n’avons aucune information à donner. Et on ne dérange pas comme ça des cadres supérieurs qui sont en plein travail », lance une femme à la Direction des Espaces verts et de l’Environnement du parc Georges Brassens, en invitant fortement vers la sortie. Un technicien tient, lui, à préciser qu’ils n’utilisent « plus de désherbant, ni pesticide, depuis longtemps » et assure ne pas avoir entendu parler de ces mystérieux décès de chiens.

« Pour le moment, nous ne jetons le tort, ni d’accusation, sur personne. Mais nous voulons que justice soit faite pour ces animaux décédés. La personne qui fait ça doit être arrêtée avant que d’autres chiens succombent », expose Ana. Une situation qui pourrait même s’avérer « plus grave », s’énerve Helena qui compte déposer une plainte contre X. « Des enfants jouent à côté de cette zone. Si c’est un gamin qui crève il se passera quoi ? »