POLITIQUEHauts-de-Seine: « Un patron comme Charles Pasqua, on n'en aura pas deux »

Hauts-de-Seine: « Un patron comme Charles Pasqua, on n'en aura pas deux »

POLITIQUEL’ancien homme fort du département, Charles Pasqua, est décédé ce lundi à l’âge de 88 ans. Son fief lui a rendu hommage…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

«Il m’avait offert une médaille », s’exclame une femme. « Moi, un cigare », réagit soudain un homme. « Il aimait les gens », poursuit-il, dans un élan verbal. A 15 minutes de l’hommage rendu à Charles Pasqua - décédé ce lundi à l’âge de 88 ans - qui s’est déroulé ce mardi dans la cour d’honneur de l’hôtel du département à Nanterre, une vingtaine d’élus et près d’une centaine d’agents de la collectivité des Hauts-de-Seine se souviennent de l’homme. De ce président des Hauts-de-Seine de 1973 à 1976 et de 1988 à 2004. Entre éloge et balayage des affaires judiciaires.

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« Le seul, l’unique, c’était Charles Pasqua »

« Il était humain et respectueux. Quand j’ai appris la nouvelle, ça m’a beaucoup attristé », raconte Laurence, 53 ans, qui travaille à la PMI (Protection maternelle et infantile) au pôle solidarité du département depuis trente ans. Les larmes aux yeux, elle dit l’avoir vu de près, notamment quand elle lui faisait ses revues de presse le samedi matin. Elle se souvient aussi de la création de l’AOS (association des œuvres sociales) en 1988, qui a beaucoup apporté au département, assure-t-elle. Les élus aussi reconnaissent un homme qui marqué son territoire.

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Production et distribution de richesse, transports ou encore logements, pour Philippe Juvin, maire (Les Républicains) de la Garenne Colombes, « il est l’homme qui a structuré, aménagé et imaginé des voies de développement pour le département », détaille-t-il. « Si le département a aujourd’hui un dynamisme et une vitalité c’est à lui que nous le devons. Il a eu une vision sans calcul avec une politique à long terme. C’est tout le contraire du gouvernement aujourd’hui », tacle l’élu.

« Un patron comme lui, on n’en aura pas deux », note de son côté Laurence, en évoquant un Patrick Devedjian « qui n’a rien à voir », dit-elle en refusant de donner plus de détails. « Le seul, l’unique, c’était Charles Pasqua ». Quelques minutes plus tard, le président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian s’avance vers la tribune pour son discours d’hommage.

« Il y a eu beaucoup de fausses vérités »

A côté d’un portrait de Charles Pasqua qui avait été disposé dans la cour d’honneur, Philippe Devedjian salue « la carrière éblouissante » et « la personnalité extraordinaire ». « Comme tous les hommes politiques, c’était une personnalité controversée. Mais au-delà, il avait des qualités personnelles qui transcendent les engagements des uns et des autres ».

Charles Pasqua et la justice

Marchés truqués, clientélisme, affairisme, cooptation, collusions politiques… Charles Pasqua est aussi associé à ces mots. Qu’importe, pour beaucoup. « Dans la vie politique française, il y a toujours eu des gens qui ont triché. Pas plus dans les Hauts-de-Seine qu’ailleurs », insiste Philippe Juvin. « On a été victime dans ce département d’une jalousie », ajoute-t-il.

A la sortie de la minute de silence, pour Daniel, 48 ans et depuis 1990 au pôle solidarité, il faut « mettre ces affaires à part ». « Il y a eu beaucoup de fausses vérités. Il a été utilisé de par son nom », explique-t-elle. « Aujourd’hui, il faut garder le côté père fondateur du conseil départemental », assène-t-elle. La cour d’honneur commence, elle, doucement à se vider. Certains prennent une photo du portrait.