SOCIETEMigrants à Paris: Entre précarité et insécurité dans les jardins d’Eole

Migrants à Paris: Entre précarité et insécurité dans les jardins d’Eole

SOCIETEUn plan visant à améliorer la prise en charge des migrants sera présenté ce mercredi en conseil des ministres…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

«Là, c’est la plus extrême précarité », déplore Catherine, membre du collectif Occupy France. Après la Chapelle, la Halle Pajol, le Bois Dormoy et la caserne Château-Landon, plus d’une centaine de migrants – en majorité des Erythréens et des Soudanais – se sont installés aux jardins d’Eole dans le 19ème arrondissement. Ce mardi, entre deux tasses de café, les personnes échangent à l’entrée de cet espace vert. « Dès la première nuit, des gens notamment très alcoolisés traînaient dans les jardins. Ils ont embrouillé les réfugiés. Il y a aussi eu des tentatives de vol », affirmait Catherine à 20 Minutes, un peu plus tôt au téléphone.

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Un plan visant à améliorer la prise en charge des migrants sera présenté ce mercredi en conseil des ministres, a appris l’AFP du ministère de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Il doit permettre « d’éviter que ne se forment des campements précaires qui sont indignes de notre pays et qui posent des problèmes sanitaires et de sécurité », a indiqué le Premier ministre, Manuel Valls. En attendant des réponses et notamment une solution d’hébergement, de nombreux bénévoles continuent de se mobiliser et ont pris les choses en main pour la sécurité des réfugiés. Et ce, principalement la nuit.

« Protéger les migrants des attaques extérieures »

« Depuis les incidents du premier soir, il y a des tours de garde chaque nuit », commente Catherine. Ceux qui le souhaitent s’inscrivent en effet sur une liste à l’entrée des jardins pour une tranche horaire de permanence de deux heures entre 23 heures et 6 heures. « L’idée c’est de protéger les migrants des attaques extérieures dans un quartier où circule le crack », explique Houssam, membre du comité de soutien des migrants de la Chapelle, à l’entrée du jardin à quelques heures d’une manifestation « pour le respect du droit d’asile » qui doit partir de la Chapelle pour rejoindre République.

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Une permanence de nuit et solidaire, donc, mise en place dans un espace qui reste connu pour des faits de trafic et de violence. Il y a quelques semaines, une employée du théâtre du Grand Parquet a perdu un œil après avoir été agressée par un toxicomane, à l’entrée de salle de spectacle qui se situe à l’extrémité du jardin. Pour les migrants, les dernières nuits ont été relativement calmes, selon des bénévoles. Notamment grâce à ce dispositif.

« Prévenir en cas d’intervention de la police »

Monica a passé la nuit dernière dans le parc, de minuit à 7 heures du matin, pour « surveiller » avec une dizaine de personnes. « Si quelque chose arrive, on essaye de gérer la situation. Car il y a beaucoup de gens pas tout le temps bien attentionnés qui passent dans les jardins. Donc nous protégeons car il y a aussi des enfants », ajoute-t-elle.

« Ils sont épuisés physiquement et psychologiquement. Certains ont d’importants problèmes de santé dont des cas de galle. Il y a aussi des femmes enceintes. Du coup il faut être présent. Deuxième but du dispositif : « prévenir en cas d’intervention de la police qui peut survenir de jour comme de nuit », rappelle Houssam.

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La principale revendication du comité de soutien est, elle, toujours la même : « Un lieu pérenne et salubre pour tous les migrants ». En attendant, Monica revient aux jardins d’Eole ce mercredi dès 5 heures avec le premier RER. « Je vais aussi les emmener prendre une douche », affirme-t-elle, derrière ses lunettes de soleil.