URBANISMEIle-de-France: Le «Central Park» de la Courneuve ne fait pas l’unanimité

Ile-de-France: Le «Central Park» de la Courneuve ne fait pas l’unanimité

URBANISMELe projet de l’urbaniste Roland Castro doit faire face à ses opposants qui redoutent une bétonisation du parc…
20 minutes avec AFP

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La construction de 24.000 habitations aux bords d'un immense parc de Seine-Saint-Denis, dont rêve depuis 30 ans l'urbaniste Roland Castro, effraie certains par son gigantisme. Intitulé «Central Park du Grand Paris», ce projet dévoilé en octobre dernier s'est accéléré en avril, lorsque le Premier ministre, Manuel Valls, a mentionné les franges du parc Georges-Valbon, où il doit être implanté, au nombre des sites privilégiés pour les travaux du Grand Paris.

Il s'agit de transformer sur 110 ha les franges du plus grand parc aménagé d'Île-de-France, un espace arboré recelant une biodiversité variée et très apprécié des habitants de Seine-Saint-Denis, mais encerclé par les autoroutes et coupé des quartiers défavorisés qui l'entourent.

Concertation

Pour l'Etat, le projet de Roland Castro ne représente cependant qu'une «potentialité» parmi d'autres, souligne Thierry Lajoie, missionné par Manuel Valls pour faire avancer le dossier: «On peut écrire le meilleur scénario du monde, sans les études, la concertation politique et l'association des habitants au projet, ça ne suffit pas», explique-t-il.

En attendant, les brochures sur papier glacé de Roland Castro font grincer des dents. A l'instar des maires communistes du pourtour du parc, la députée Marie-George Buffet redoute que le projet ne se fasse «sans concertation».

Sacrifier des espaces verts ?

Le parc Georges-Valbon au bord duquel doivent être construits des dizaines d'immeubles «est le plus grand espace de détente» de la région parisienne, «c'est le lieu de week-end et de vacances des classes laborieuses de Seine-Saint-Denis», souligne Antoine Valbon, fils du concepteur de cet espace vert, qui participe à des pique-niques d'opposants dans le parc.

Le projet nécessite par ailleurs de sacrifier 70 hectares classés Natura 2000, un déclassement d'une ampleur jamais vue en Europe pour une zone protégée par ce label. «C'est une opération mercantile sur le dos des populations !», s'emporte Georges-Valbon.

«Le projet est tellement intelligent qu'il y a un effet de sidération!», avance aujourd'hui Roland Castro. Il «va s'adapter» et «le nombre de logements sera peut-être un peu moins élevé que prévu», tout en gardant une «taille critique», ajoute-t-il.

Trouver un consensus

Marqué à gauche et habitué à jouer les poils à gratter de l'architecture, Roland Castro, qui reçoit cigarette au bec dans un éternel costume rayé, assure que les espaces naturels supprimés seraient plus que compensés par la création de nouvelles zones vertes. «On dit ″béton″, ça suffit à foutre une trouille noire» alors que le projet prévoit «d'agrandir le parc, de planter de nouvelles espèces d'arbres», assure-t-il.

Le président PS du Conseil général, Stéphane Troussel, propriétaire du terrain, salue «une solution massive à la crise du logement» et se dit confiant d'arriver à un consensus. En rayant «les objectifs démesurés de logements» et «les dizaines d'hectares (de nature) engloutis».