CUISINEParis: Dans le 20e, vos voisins vous font la cuisine

Paris: Dans le 20e, vos voisins vous font la cuisine

CUISINEDepuis un mois, le site La Gamelle du chef permet à des particuliers de cuisiner pour des habitants du 20e arrondissement de Paris…
Pauline Pidoux

Pauline Pidoux

Les nostalgiques des bons petits plats de grand-mère vont être servis. Lancée il y a tout juste un mois, La Gamelle du chef propose à des particuliers de cuisiner pour des particuliers. Le concept n’est pas nouveau, déjà expérimenté par Mon voisin cuisine ou encore Supermarmite. Mais ce petit dernier des sites de livraison mise sur l’aspect familial pour se démarquer. « L’idée, c’est de pouvoir offrir une nourriture différente de celle des restaurants, proposer des plats qui ont eu le temps de mijoter », souligne Benjamin Mahmoudi, un des fondateurs du projet.

L’inspiration, Benjamin Mahmoudi et ses deux associés, Mickaël Fozeu et Elisa Oudino, l’ont trouvée au centre social La 20e Chaise (20e), lors d’un repas préparé par des bénévoles. « Il y avait des plats maliens, marocains, pakistanais… C’était super bon !, se souvient le développeur web de 30 ans. A la fin, on s’est demandé comment mettre en avant les compétences de ces cuisiniers amateurs. »

A l’image du quartier

Le 23 avril dernier, La Gamelle du Chef s’est donc lancée avec cinq cuisiniers, dont trois venus de La 20e Chaise. Parmi eux, Ishfaq Rehman qui prépare des plats indo-pakistanais chez lui. « Je n’ai pas d’emploi en ce moment et je déteste rester les bras croisés à la maison », explique-t-il. Lui aussi a eu l’idée d’un site de livraison. Coup du hasard, il rencontre la future équipe du La Gamelle du Chef et adhère au projet.

Benjamin Mahmoudi, un des créateurs de La Gamelle du chef, explique son projet. - P.Pidoux/20 minutes

Pour l’instant, la Gamelle du Chef ne livre que le jeudi midi et seulement dans le 20e arrondissement de Paris. Une contrainte géographique pour un souci d’écologie d’abord. Pas de scooters ni de voitures, toutes les livraisons s’effectuent à pied ou à vélo. Même sous la pluie. Mais aussi car « cet arrondissement, c’est un peu le carrefour de nos envies », affirme Benjamin Mahmoudi. A la recherche de cuisines du monde entier, la mixité sociale du 20e est idéale pour eux.

Valoriser le talent

Si les trois associés ne se dégagent pas encore de salaires, ils tiennent à rémunérer les cuisiniers, de 12 euros de l’heure environ. En moyenne, la préparation des repas les occupent entre quatre et cinq heures par semaine. « Il se trouve que nos cinq cuisiniers sont sans emplois aujourd’hui, ça peut permettre à certains d’arrondir leurs fins de mois. Même si je trouve ça valorisant, ce n’est pas principalement pour ça qu’on le fait. On ne fait pas dans la mendicité », précise Benjamin Mahmoudi à 20 minutes.

L’objectif reste de mettre le cuisinier au cœur d’une communauté, de créer un lien social entre les particuliers. « On est une véritable équipe, reprend Ishaq Rehman, le cuisinier pakistanais. On travaille ensemble, on partage nos recettes familiales… » Mais l’enjeu, après trois journées de livraison, est de trouver une clientèle. « Ce n’est que le début, on a livré une cinquantaine de repas en comptant les entrées et les desserts », estime le créateur qui espère toucher, en plus des particuliers, quelques entreprises.

Les plats, dont les prix oscillent autour d’une dizaine d’euros, se veulent sans produits congelés et avec une touche personnelle. « On aimerait que les gens commandent non pas un tajine par exemple, mais le tajine d’Amina. Comme on va manger chez un grand chef parce qu’on veut goûter sa propre cuisine », explique Benjamin Mahmoudi.